« Depuis tout petit, j’ai toujours eu une fascination pour les illustrés ‘pour filles’, avec des histoires de princesses et de contes de fées. La plupart de mes scénarios en sont inspirés tout en contenant une touche de perversité », confesse Nazario en préambule de cette nouvelle anthologie. Contrairement aux allégories des frères Grimm ou de Perrault qui encouragent le lecteur à adopter un comportement conforme à la morale, les récits de Nazario baignent dans la luxure.
Ici, Cendrillon est une jeune princesse aveugle qui ne cherche pas chaussure à son pied mais le membre babylonien qui l’a un jour comblée en forêt. Une autre comtesse se désole de la mort sur le bûcher d’une sorcière – seule capable de lui fournir une potion contraceptive – mettant fin aux ballets de prétendants dans son lit. Nazario s’inspire autant d’un poème chinois du XVIIe siècle de Pu Songling que de récits mythologiques antiques. Sous sa plume (© Brandauer), Fébronie ou Salomé prennent les traits de jeunes filles martyres volontaires, qu’il décrit comme « deux enfants capricieuses victimes d’une même éducation religieuse déformées ».
Les mœurs de l’Espagne post-franquiste qui tente de s’émanciper de son douloureux passé forment le fil rouge de l’œuvre de Nazario. Outre ses contes revisités, on trouve dans ce nouvel ouvrage des planches plus intimes, scènes post-coïtum de chambre à coucher où les ébats cèdent à la torpeur (les langoureux Siesta et Helena), ainsi qu’un riche Abecedario para mariquitas, littéralement « Abécédaire pour pédés », documentant argot et icônes gays. Pour vous faire une idée, on vous file les premières pages ci-dessous :