Connu pour son style flamboyant (parfois même exubérant), le réalisateur de Moulin Rouge et The Great Gatsby a fait son retour sur la Croisette pour nous plonger dans une histoire que beaucoup d’Américains connaissent déjà par cœur, celle du King, celle du roi du rock’n roll: Elvis Presley.
Et c’est sous le prisme de son imprésario, le terrible Colonel Parker (Tom Hanks), que nous la découvrons, dans le film qui sortira le 22 juin en France. De son enfance à Memphis à ses premiers tubes, en passant par sa résidence à Las Vegas, sa dépendance aux médicaments et l’effondrement de son mariage…. Le film ne laisse rien au hasard, surtout pas l’une des facettes de l’homme aux costumes moulants: son déhanché suggestif.
Un sujet à fantasmes
Ce déhanché, il a fait l’objet de fantasmes. C’est ce qu’on découvre dès les premières minutes du film. Elvis, interprété ici par Austin Butler, donne un de ses premiers concerts. Il joue devant un parterre de soldats accompagnés de leurs copines. Les cheveux gominés et le contour des yeux maquillés: son look lui vaut d’abord une flopée d’insultes homophobes. Elles s’arrêtent net dès lors qu’il se met à jouer et… danser.
Les petits va-et-vient frénétiques de son bassin ne laissent personne indifférent. Les hommes sont sidérés. Les femmes, déboussolées. Elles ont beau tout faire pour résister, rien n’y fait. Un cri, presque orgasmique, s’échappe de chacune d’entre elles, tour à tour. La scène est risible. Elle est sans doute caricaturale, mais pas si éloignée de la réalité. Les hurlements dans l’archive ci-dessous d’un concert d’Elvis Presley donné en 1956 peuvent en témoigner.
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Était-ce vraiment dû à son déhanché? On ne sait pas, mais cela a attiré l’attention de la presse conservatrice de l’époque. Obscène, vulgaire et répugnante, l’attitude d’Elvis sur scène a été comparée à celle d’un strip-teaseur. Les journalistes n’ont jamais caché leur mépris à son égard. Ils l’ont surnommé “Elvis the Pelvis” [en français, “Elvis le bassin”].
Les “mauvaises mœurs” du chanteur sont arrivées jusqu’aux oreilles de la justice. D’après le film, mais aussi un livre du journaliste américain Thomas Fensch intitulé The FBI Files on Elvis Presley, des plaintes contre le musicien auraient été déposées pour atteinte à la pudeur. En 1956, un courrier adressé à un haut fonctionnaire du nom de J. Edgar Hoover prétend, par exemple, qu’Elvis Presley représentait un danger pour la sécurité du pays car il avait rendu complètement fous les filles et les garçons.
“Ces gens de New York ne vont pas me changer”
À ce moment, Elvis est en haut des charts. Il disait ne pas comprendre les critiques. “Je n’ai pas l’impression de faire quelque chose de mal, soufflait-il. Je ne vois pas comment un genre de musique pourrait avoir une mauvaise influence sur les gens. Ce n’est que de la musique.”
Warner Bros Pictures
Sur scène, il n’esquisse pas un seul pas de danse. Elvis a l’air coincé. Était-ce le deal entre les producteurs de l’émission et son agent pour qu’il revienne sur les écrans? C’est ce que veut nous faire croire le biopic. Elvis, lui, a raconté dans la presse qu’il n’avait jamais vécu une aussi mauvaise expérience.
On ne l’y reprendrait plus. “Vous savez, ces gens de New York ne vont pas me changer pour un sou. Je vais vous montrer ce que c’est que le vrai Elvis”, a-t-il lancé avant un spectacle au cours duquel il n’a presque pas bougé, sauf pour remuer son petit doigt de manière suggestive et provoquer l’ordre établi. Baz Luhrmann n’a rien éludé de cette scène, ni d’aucun des déhanchements du King.
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