“Jusqu’à présent, nous parlions d’un crime de guerre présumé. Maintenant, nous pouvons clairement dire que c’en était un, commis par les forces armées russes”, a affirmé à l’AFP Oksana Pokaltchouk, la directrice d’AI en Ukraine, lors d’un entretien à Paris.
Nous avons enquêté sur l’attaque du théâtre de Marioupol, en Ukraine.
Les conclusions ? Les frappes aériennes sur le bâtiment par les forces russes constituent CLAIREMENT un crime de guerre.@CourPenaleInt : une enquête doit être menée.https://t.co/vdEEO0mxDp
— Amnesty International France (@amnestyfrance) June 30, 2022
Deux explosions ont détruit une grande partie du théâtre, causées par “quelque chose de très gros: deux bombes de 500 kilos” issues d’une “frappe aérienne”, a-t-elle poursuivi, la nature des dégâts invalidant selon des experts consultés par l’ONG l’hypothèse avancée par Moscou d’une explosion à l’intérieur du site provoquée les forces ukrainiennes.
Pas de présence militaire ukrainienne lors de l’attaque
Or à ce moment, le ciel de Marioupol était “sous contrôle russe” et il n’y avait “pas d’avions ukrainiens”, a expliqué Oksana Pokaltchouk.
Des images satellite prises avant et après l’attaque montrent qu’il n’y avait “pas de présence militaire ukrainienne autour du théâtre”, a-t-elle souligné. “Alors qu’il y avait tellement de cibles militaires, (les Russes) en ont choisi une civile”, a-t-elle déploré.
Amnesty dénonce une attaque “délibérée” contre un site accueillant des centaines d’innocents, devant lequel le mot “enfant” était écrit en grandes lettres blanches, ce qui en fait “clairement un crime de guerre”.
Une douzaine de personnes décédées et sûrement bien davantage
Seule bonne nouvelle du rapport, le nombre de tués serait bien moins important qu’estimé, quand la municipalité de Marioupol avait fait état d’environ 300 morts.
“Amnesty international pense qu’au moins une douzaine de personnes sont mortes dans l’attaque, et sûrement bien davantage, et que beaucoup d’autres ont été sérieusement blessées”, peut-on lire dans ce rapport, élaboré à partir des témoignages d’une cinquantaine de témoins et de nombreux experts.
“Cette estimation est inférieure aux précédents décomptes”, reconnaît l’ONG. Elle est basée sur le fait que de nombreux réfugiés du théâtre avaient réussi à fuir Marioupol ” les deux jours précédant l’attaque”, et que “la plupart de ceux qui y étaient restés se trouvaient dans les sous-sols et dans d’autres zones protégées de l’explosion”, détaille-t-elle.
“C’est une bonne nouvelle que moins de personnes aient été tuées. Mais ça ne change rien” sur le fond, souligne Oksana Pokaltchouk. Et d’insister: peu importe le nombre de victimes, l’attaque du théâtre de Marioupol est “clairement un crime de guerre”.
À voir également sur Le HuffPost: À Odessa en Ukraine, des plages minées et interdites aux touristes