Là où d’habitude se levaient quasiment toutes les mains, je me retrouve devant un tiers de la promotion (45 étudiants ) qui ne sont pas partants.
J’essaie de comprendre.
Pourquoi ce manque d’appétence?
La raison principale est «trop d’ennuis» (je reste polie), pour un retour qui leur semble sous proportionné.
Pourquoi cela?
Etant en moyenne depuis 2 ans en entreprise, ils observent leurs propres managers et ils voient des personnes fatiguées, faisant des horaires exorbitants, ayant à assurer une activité opérationnelle exigeante, prenant sur cet agenda surchargé pour le temps qui devrait être dédié au management.
Ils me décrivent des réunions chronophages, des temps administratifs ingrats, l’obligation de défendre des directives de la direction auxquelles souvent ces managers ne croient pas eux-mêmes, et … le manque de reconnaissance des collaborateurs.
Ces managers sont les interlocuteurs au quotidien de leurs équipes, comme ils sont les ambassadeurs de leurs équipes vis-à-vis de la direction, ce qui demande un beau travail d’équilibriste.
Pourquoi vivre ces affres quand on peut choisir des fonctions d’expertise: commercial grand compte, ingénieurs expert, conseil interne?
Si des étudiants ayant choisi une école de management sont dans ce rejet, comment convaincre les autres de l’intérêt de ce métier?
Le “ras le bol managérial”
Pour la majorité, on est dans un rejet du management, pour des raisons qui relèvent tant des représentations que d’expériences malheureuses : le fameux «ras le bol managérial» : celui du petit chef, du management vertical, de l’absence de reconnaissance et de bienveillance.
Les écoles de management n’y sont pas pour rien : depuis des années, elles n’en ont que pour les «leaders», figures présentées comme bien plus attractives que les managers, et, au final, elles ne proposent que très peu de formations aux compétences managériales.
Le management ne fait plus rêver. C’est certainement une très bonne chose. On évitera ainsi deux types de dérives:
- devenir manager par défaut, avec comme seul motif de progresser dans la carrière. Seuls ceux dont c’est un vrai choix se dirigeront vers ces fonctions;
- les entreprises comprendront que manager requiert des compétences spécifiques, de la formation, et du temps dans l’agenda.
Et on comprendra enfin que le management est un métier de service et non un métier de pouvoir.
Plein de bonnes raisons pour changer la donne managériale ! C’est toujours dans les crises que naissent les innovations. Le management ne fait pas exception ! A suivre …
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Cette tribune, initialement publiée sur le compte LinkedIn d’Isabelle Barth, a été reproduite sur Le HuffPost avec l’accord de son autrice.
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