Aujourd’hui, même si le nombre important de logements sociaux évite aux Marolles de disparaître sous les projets de modernisation enclenchés par la machine capitaliste, les premières pierres de la gentrification sont posées depuis un petit temps, entre galeries d’art aux oeuvres dégueulasses et logements privés aux prix élevés – le quartier du Sablon n’est pas loin.

Dans ce qu’il reste de cet îlot historique, la librairie Météores continue de faire exister l’âme militante du quartier, au 207 de la rue Blaes, au rez-de-chaussée du bâtiment auquel est accrochée une imposante enseigne en fer « Palais du PANTALON ». « La librairie est née en septembre 2020 d’un constat : les nouveaux plans d’urbanisme faisaient disparaître les lieux dans lesquels nous pouvions encore ralentir le temps et nous voir en dehors de nos disciplines et catégories quotidiennes », dit le texte de présentation sur leur site.

La sélection des frères Sanli est composée de livres qui les animent, orientée par leurs sensibilités politiques. Entre les numéros du Pavé dans les Marolles et les premières publications de leur propre catalogue en tant qu’éditeur, des gros noms côtoient ceux plus confidentiels ou émergents, comme Alèssi Dell’Umbria, Julien Talpin, Jean-Marc Rouillan, Irene ou tienstiens

Alors que le massacre perdure en Palestine, la propagande sioniste scabreuse du gouvernement israélien est toujours poussée à la télé et sur internet à coups d’investissements colossaux. Pour contrer le bourrage de crâne, ou simplement pour vous informer mieux, vos onglets ont certainement dû se multiplier ces derniers mois, à tel point qu’il y avait peut-être trop à lire sur votre navigateur, dans la hâte et sans direction claire – tout ça pour une lecture tronçonnée des faits et enjeux dont il est question. 

Je me suis moi-même pris la tête avec des gens sur les réseaux sociaux, dont les pseudo-arguments boiteux semblaient moins refléter une bêtise pure qu’une compréhension morcelée ou déviée. Dans ces cas-là, se poser hors écran pourrait peut-être constituer un cadre plus propice à l’analyse, dans une temporalité différente (c’est un conseil appuyé à qui se reconnaîtra). En tous cas, si la flemme gagne, le livre en tant qu’objet laisse au moins la possibilité physique d’y revenir plus tard.

Pour retrouver des bases saines dans ce marasme intellectuel, on a sollicité les conseils de Renaud-Selim Sanli. Il nous a dressé une liste de quelques références importantes qui permettent d’y voir plus clair. Ses commentaires personnels sont écrits entre guillemets.

« On connaît trop peu Mohamed Boudia, poète, dramaturge et écrivain algérien, mais surtout militant politique, qui fait le pont entre la cause algérienne et la cause palestinienne. »

Homme d’engagement, d’action et de théâtre, Boudia lie très tôt ces trois aspects de sa vie. Il fait notamment sauter à l’explosif un pipeline à Marseille, monte des pièces aux Baumettes pour sensibiliser à la cause du FLN et sortir ses pairs de l’emprisonnement psychologique, avant de littéralement s’évader et rejoindre le FPLP. Il en deviendra d’ailleurs l’un des membres les plus actifs en France et en Europe, si bien que son nom sera vite ajouté à la liste des cibles à abattre du Mossad. Après avoir fait exploser d’autres lieux en Europe et en Israël liés au sionisme (un dépôt de carburant israélien à Rotterdam, par exemple), il est finalement assassiné en 1973 à Paris, à l’âge de 41 ans.

« Ce qui est important dans ses écrits, c’est la place qu’il donne à des disciplines esthétiques, littéraires ou culturelles dans un projet révolutionnaire – ce qui nous montre aussi qu’a lieu en ce moment une extermination culturelle de la Palestine. Il pose la question majeure de la place de l’esthétique dans la révolution mais aussi dans les projets d’indépendance et de libération post-révolution. »

« Comme une fatalité, la BD de l’auteur palestinien Mohammad Sabaaneh est sortie en septembre 2023, soit peu de temps avant l’offensive du Hamas et l’extermination en cours opérée par l’État d’Israël. »

« Le livre raconte le caractère quasi-carcéral de la Palestine telle qu’elle existe maintenant, les déboires d’une population enfermée et, malgré tout, les beautés qui font que les habitant·es tiennent profondément à leur terre ancestrale. La BD de Sabaaneh nous montre ce refus viscéral de partir, qui concerne pourtant un peuple martyrisé sous les yeux de tous et toutes depuis 70 ans. »

Gaza (articles pour Haaretz, 2006-2009) de Gideon Lévy (La Fabrique)

Le journaliste Gideon Lévy ne se déplace plus sans garde du corps. C’est ce qui arrive quand on fait partie des voix dissidentes les plus importantes en Israël. Il fait d’ailleurs partie de la direction d’Haaretz, le plus grand quotidien de gauche là-bas.

« C’est une voix de gauche israélienne, et qui parle de Gaza aux Israélien·nes, ainsi que des horreurs commises par Tsahal et les dirigeants ultra-nationalistes en place – des crimes de guerres, voire de crimes contre l’humanité. » 

Ce livre, publié par La Fabrique, présente des articles écrits sur Haaretz entre 2005 et 2009. « Ces articles gardent toute leur actualité et luttent contre l’indifférence des Israélien·nes mais aussi la nôtre, en miroir. C’est un rare exemple contemporain de journalisme de combat. »

Stratégie pour la libération de la Palestine du FPLP (Foreign Language Press)

L’organisation marxiste révolutionnaire occupe une place centrale dans l’histoire de la Palestine. Mais son influence s’est considérablement dégradée au fil des dernières décennies, ce qui a laissé davantage de place et de pouvoir au Fatah et au Hamas. Malgré tout, ses militant·es continuent à porter l’espoir d’une Palestine libre à travers leur lutte.

« Peu accessible en français, la maison d’édition marxiste Foreign Language Press est la seule à avoir jusqu’ici publié et réuni en français les textes du FPLP pour une stratégie de la libération de la Palestine. Ces textes sont importants historiquement, mais aussi pour le présent, pour nous rappeler qu’il a existé et existe encore des tentatives révolutionnaires internationalistes en Palestine – comme Samidoun par exemple. »

« Comment ne pas parler de la cause palestinienne sans parler de Georges Ibrahim Abdallah ? » Militant communiste libanais, Abdallah est l’une des figures historiques du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) et de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL). C’est avec ces groupes qu’il s’est engagé en faveur des causes palestinienne et libanaise. « [Au sein du FPLP,] il était le chef des opérations extérieures depuis la France, où il a mené plusieurs actions révolutionnaires contre l’impérialisme américain, au nom de la libération de la Palestine. »

Enfermé depuis bientôt quarante ans – ce qui en fait le plus ancien prisonnier politique d’Europe –, il multiplie les demandes de libération mais la France reste inflexible. « Pourtant, il est légalement libérable sous conditions, mais les nouvelles lois antiterroristes françaises donnent un “appui légal” au gouvernement pour empêcher sa sortie. »

« Le récit de la vie de Georges Ibrahim Abdallah, écrit par le militant marxiste antiraciste Saïd Bouamama, raconte non seulement l’histoire des luttes de la Palestine, de ses alliances et de la répression internationale, mais aussi du prix à payer quand on lutte pour une Palestine libre. »

La Dr. Samah Jabr est une figure majeure dans le domaine de la psychiatrie. Après avoir obtenu son diplôme de médecine générale, elle se spécialise dans différents pays du monde, avant d’être nommée responsable de l’Unité de santé mentale au ministère palestinien de la Santé. Elle pratique en Cisjordanie et articule notamment son activité autour des dommages psychologiques provoqués par l’occupation israélienne. 

« Dans la lignée de Frantz Fanon qui analysait les séquelles médicales et psychiatriques sur les personnes colonisées à partir de sa pratique en Algérie, elle montre très clairement les impacts psychiques des politiques ethnocides et coloniales de l’État d’Israël. La détresse psychique est aussi une politique délibérément contre-révolutionnaire, puisqu’elle mène à l’abattement ou à une intériorisation de la violence qui se déchaîne contre soi plutôt que dans une optique d’indépendance. »

Le livre, publié chez Premiers Matins de Novembre, compile certains textes rédigés par la Dr. Jabr depuis 2003. « Très clairement dans l’optique d’une libération et une indépendance de la Palestine, elle cherche dans ses chroniques la possibilité d’une paix avec les Israélien·nes, sans pour autant trouver un acteur crédible avec qui dialoguer. Elle rappelle notamment que la gauche laïque israélienne est une gauche qui n’a pas hésité à s’allier historiquement à la bourgeoisie impérialiste. »

Ses multiples arrestations par les services de sécurité israéliens au cours des deux dernières décennies rendent considérablement dense la page Wikipédia de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri. « Il a été détenu plus de dix ans dans les prisons israéliennes pour des faits qu’il n’aurait pas commis. En 2022, il a été inculpé par un tribunal militaire puis sous détention administrative, donc sans réel jugement, avant d’être déporté en France sans possibilité de retour. »

La révolution captive de Nahla Abdo (Blast)

« Un slogan circule actuellement concernant les otages israélien·nes : “Bring them back home”. La demande est légitime à l’égard du pouvoir sioniste en Israël, mais il faudrait aussi pouvoir rappeler tou·tes les palestinien·nes retenu·es sans procès dans les prisons israéliennes aussi – dont des mineur·es. » 

Depuis 1967, 40% d’hommes palestiniens auraient été incarcérés par Israël à un moment de leur vie. À la mi-décembre 2023, on parlait de près de 7 000 Palestinien·nes détenu·es dans les geôles israéliennes – dont plus de 2 000 sans inculpation ni procès, pour qui la détention est renouvelée tous les six mois, sur plusieurs années parfois. En ce qui concerne les mineur·es d’âge, les autorités israéliennes procèdent chaque années à l’arrestation de pas moins de 700 enfants et ados.

« Ces politiques d’incarcérations sont aussi une atteinte grave aux droits des femmes. Pourquoi exclure la cause palestinienne de la cause féministe quand tant de femmes sont incarcérées quotidiennement ? Ou encore quand les conditions mêmes de l’occupation israélienne – ou de ses politiques d’anéantissement actuelles – leur refusent tous les droits élémentaires ? »

Nahla Abo a elle aussi connu la prison. Dans son livre La révolution captive, la sociologue palestinienne montre, sur base d’enquêtes de terrain, que les femmes palestiniennes combattent depuis près d’un siècle le colonialisme et sont toujours actives dans la révolution pour la libération de la Palestine. Pour ces raisons, des milliers d’entre elles ont été emprisonnées par Israël – dans des conditions inhumaines et sans procès

« Ça va à l’encontre d’un discours dominant orientaliste et islamophobe qui les cantonneraient à être “les femmes des terroristes”. Elles sont considérées en Palestine comme des prisonnières politiques aux mêmes égards que les hommes palestiniens. Les tortures sexuelles font partie des outils de domination de l’armée israélienne qui contrôlent les prisons politiques. L’autrice revient aussi de manière salutaire et historique sur la place des femmes dans les différents moments de soulèvement et d’Intifada. »

Boycott, Désinvestissement, Sanctions d’Omar Barghouti (La Fabrique)

Originaire d’une famille palestinienne de Jordanie, Omar Barghouti est le cofondateur de la campagne BDS (le mouvement est aussi présent en Belgique, notamment à l’ULB). Dans son analyse, le militant analyse la colonisation israélienne sur le modèle de l’apartheid en Afrique du Sud. « De manière complémentaire aux luttes de libération, Barghouti propose une voie pacifique, non-violente et internationale contre les colonies israéliennes et leurs soutiens institutionnels : celui du Boycott, du Désinvestissement et des Sanctions économiques, politiques, culturelles et institutionnelles. »

Avec BDS, il s’agit d’affaiblir les acteurs israéliens qui soutiennent les colonies – des universités aux entreprises –, mais aussi de peser sur l’économie des entreprises internationales, entre autres, « pour que celles-ci se désengagent progressivement de leurs politiques de soutien au projet de colonisation en Palestine ». « Ces derniers mois, on a pu voir McDonald’s, Zara, Starbucks ou encore Carrefour subir d’importantes pertes en raison de leurs politiques économiques pro-Israël. »

Si le livre prend le ton polémique de l’essai, on a rarement vu une telle levée de boucliers, voire de campagne de dénigrement, à l’encontre de Houria Bouteldja, à gauche comme à droite. « Pourtant ce que l’autrice tente ici était tant nécessaire qu’attendu : il faut comprendre le champ politique blanc comme une pyramide d’oppressions qui se nouent l’une à l’autre à travers les questions raciales. »

« Pour Bouteldja, historiquement, les Juif·ves ne sont pas blanc·hes, mais à travers l’instrumentalisation blanche de la guerre entre Israël et la Palestine, un écart politique risque de se creuser entre indigènes issu·es des colonies et les groupes politiques juifs. Par cette instrumentalisation blanche, les pouvoirs en place tentent de faire régner l’idée selon laquelle l’antisémitisme serait le fait principalement des populations arabo-musulmanes. Cette instrumentalisation permet en retour d’opprimer davantage les populations arabo-musulmanes, sans pour autant s’attaquer aux racines de l’antisémitisme profondément occidentales.* »

« À la suite d’autres militant·es pro-palestinien·ne, elle rappelle l’importance de la libération palestinienne pour les peuples du Sud global. La question de la libération de la Palestine reste une question politique structurant le champ blanc ou du Nord global, c’est ce qu’elle appelle : “la preuve par la Palestine”. Il suffit de voir les pays en faveur de la plainte de l’Afrique du Sud à la Cour internationale de justice qui condamne Israël de génocide. Pas un seul pays du Nord global ne soutient la résolution. »

« On connaît le célèbre théoricien palestinien Edward Saïd pour L’orientalisme, dont le sous-titre explicite donne le contenu : L’Orient créé par l’Occident. Ce qu’on sait parfois moins, c’est que cet intellectuel “en exil” était aussi un fervent défenseur de la cause de sa terre et de son pays. Très influencé par la proposition de Walter Benjamin selon laquelle “il n’existe aucune preuve de civilisation qui ne soit en même temps une preuve de barbarie”, Saïd va combattre sans relâche les fantasmes culturels coloniaux et leurs impacts politiques concrets. »

En 1979, un an après avoir publié L’Orientalisme – qui est d’ailleurs encore considéré comme l’un des textes majeurs des études postcoloniales –, Saïd écrit un autre ouvrage important, The question of Palestine. En 1995, il écrit Peace and its Discontents: Essays on Palestine in the Middle East Peace Process

« Y’a encore trop peu de ses livres qui sont disponibles en français. L’ouvrage publié par La Fabrique reprend les articles de presse de Saïd en faveur de la cause palestinienne et ses liens avec les réseaux palestiniens – notamment des textes écrits à la suite des accords d’Oslo. C’est l’un des premiers livres sur la Palestine publié par La Fabrique, qui est l’un des éditeurs en France qui a le plus déblayé la voie pour une critique radicale des politiques israéliennes et de ses soutiens. »

« Dans la lignée de travaux qui nous montrent que l’architecture est un art de la guerre coloniale, ce livre explique comment l’armée d’occupation israélienne à pu repenser ses stratégies militaires à partir d’une expertise architecturale des territoires occupés de Palestine. »

En gros, la quatrième de couverture explique qu’en 2002, l’armée israélienne a adopté une tactique inédite pour son offensive militaire : passer à travers les murs et les planchers, à l’intérieur des immeubles, au lieu d’arpenter les rues, en extérieur. On parle de  « géométrie inversée » ou même de « tournant postmoderne » dans la guerre en milieu urbain. « Ce qu’il y a d’autant plus étonnant, c’est l’utilisation très libre et détachée de philosophies contemporaines – comme Debord, Deleuze et Guattari – par Tsahal pour penser leurs nouvelles politiques de d’occupation et d’interventions militaires criminelles en Palestine. »

L’architecte israélien Eyal Weizman est l’un des fondateurs de Forensic Architecture, un groupe de recherche multidisciplinaire qui enquête sur des cas de violence d’État et de violations de droits humains. Le laboratoire utilise des techniques et des technologies architecturales comme des logiciels de reconstruction, d’outils statistiques, d’analyses météorologiques ou acoustiques, entre autres, pour recouper une variété de sources de preuves. « Ils et elles ont notamment pu travailler sur les homicides volontaires de Frontex en Méditerranée – qui laisse littéralement mourir des centaines de personnes quotidiennement, en les laissant couler. »

Léopold Lambert est aussi architecte, en plus d’être le fondateur et rédacteur-en-chef de The Funambulist, une revue critique et décoloniale d’architecture.

« Son premier ouvrage traite, de manière complémentaire au livre de Weizman, des politiques de destruction architecturale d’Israël en Palestine occupée. Par un aller-retour entre architecture sioniste et destruction de la Palestine, il nous montre aussi que la politique de bombardements et de destruction n’est pas gratuite ou non-réfléchie, en témoigne les arguments répétés d’Israël selon lesquels les Palestinien·nes utilisent leurs bâtiments civils et maisons comme des bases militaires, comme des boucliers pour les forces armées. Ces arguments permettraient de créer des “bases légales” à la destruction massive de Gaza. »

Dans ce court essai – 72 pages –, Lambert revient sur l’histoire des destructions répétées dans l’histoire de la Palestine occupée. Le « bulldozer » du titre fait référence à Ariel Sharon, dont c’était l’un des surnoms – au hasard, « Roi d’Israël » en était un autre. « Lambert analyse la destruction de la Palestine comme le cœur d’une politique architecturale contre-insurrectionnelle, qui laisse la population face à des territoires dévastés, parfois toxiques, qu’elle doit à chaque fois tenter de reconstruire. Cette politique des débris participe aussi d’une impossibilité d’une politique palestinienne sur le long cours. »

En fouillant dans des documents personnels quand son père meurt, Ariella Azoulay découvre que sa grand-mère portait le prénom Aïcha. La théoricienne et essayiste franco-israélienne met alors tout en œuvre pour retracer l’histoire fragmentée de sa famille et la déployer à travers des catalogues de bijoux et des archives. En résulte son livre, un format hybride entre autobiographie et théorie politique

« C’est un livre publié par les excellentes nouvelles Éditions Ròt-Bò-Krik [fondées en 2021, NDLR]. Il nous fait circuler entre différentes matérialités politiques, historiques et esthétiques coloniales. C’est à partir de sa propre histoire, et plus particulièrement des bijoux de sa mère, que Arielle Aïsha Azoulay défait les nœuds coloniaux intriqués entre l’intime et le familial, entre l’intime et le colonial – qui fera l’intersection entre deux histoires encore trop refoulées : celle de l’Algérie colonisée par la France et celle de la Palestine colonisée par Israël. »

« Elle nous montre, grâce aux bijoux laissés par sa mère, que les histoires d’un monde juif-musulman peuvent encore avoir une force, loin d’une volonté de pure séparation ethnique. Elle évoque aussi une séparation entre les objets traditionnels – on pense aussi aux musées – et les personnes qui les vivent ou qui en vivent, puisque l’autrice a aussi pour volonté de réveiller une mémoire musculaire recouverte par l’impérialisme : celle de sa famille juive joaillère. »

Sumud, La portée internationale de la résistance palestinienne (Antidote)

« On est toujours heureux quand des ouvrages internationalistes paraissent depuis la Belgique. Antidote fait ici un travail en deux ouvrages : le premier, Une philosophie palestinienne de la confrontation dans les prisons coloniales, rappelle les politiques de confrontations des prisonnier·es politiques palestinien·nes en milieu carcéral israélien. Le deuxième, La portée internationale de la résistance palestinienne, rappelle l’importance de la cause palestinienne dans les luttes internationalistes et anti-impérialistes. On y retrouve des témoignages et textes de militant·es à travers le monde, dont par exemple l’importance de la Palestine pour l’extrême gauche japonaise. »


« Dans cet article, on a fait le choix de ne proposer que certains ouvrages sur et pour la cause palestinienne, étant donné l’urgence dans laquelle on se trouve. Aussi, il nous faudra rappeler l’importante production littéraire palestinienne : il n’y pas de génocide sans génocide culturel. À ce titre, on doit saluer la récente Anthologies de la poésie palestinienne, dirigée par Abdellatif Laâbi, qui nous rappelle sa vivacité et les espoirs de libération qu’elle porte en elle. Palestine vivra. »


*« En renforçant l’idée que la critique du sionisme est un acte d’antisémitisme, les pouvoirs occidentaux, dont la France, forcent une identité du peuple juif à l’État d’Israël. Or, il existe des multiplicités de traditions juives, dont certaines ont toujours été antisionistes. Voir, à ce sujet, Antisionisme, une histoire juive (Syllepse, 2023) ou encore Histoire générale du Bund (L’échapppée, 2022). »

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