Il faut dire que le prédécesseur de Jean Castex ne boude pas les projecteurs, et prend soin de faire régulièrement parler de lui. Entre un passage sur Europe1 mi-septembre pour évoquer les souvenirs de son service militaire et un débat avec la maire de Paris -présidentiable- Anne Hidalgo le 24 septembre, il sera ce vendredi 25 septembre à Angers pour ce qui est déjà perçu comme sa rentrée politique.
Rentrée politique
Le juppéiste s’exprimera devant la “République des maires” présidée par son ami Christophe Béchu, maire de la capitale de Maine-et-Loire. Un aréopage d’élus qui devrait offrir un accueil chaleureux à Édouard Philippe, qui caracole en tête des sondages au point d’avoir récemment remplacé Nicolas Hulot dans le cœur des Français comme personnalité politique préférée.
A droite, l’ancien Premier ministre est même la deuxième personnalité préférée des électeurs LR derrière Nicolas Sarlozy, selon le dernier baromètre Ipsos pour Le Point, avec 79% d’opinions favorables. De quoi donner des ailes au maire du Havre en vue de 2022? Pas à en croire son entourage, qui jure à longueur de portraits qu’il n’en sera rien… Du moins tant que Macron est encore dans la course. Mais si le Président était empêché, un destin national pourrait lui être grand ouvert.
Philippe entretient son image de présidentiable
Sans jamais rien dévoiler, Philippe entretient son image de présidentiable. Comme le 17 septembre dernier, lors d’une réunion publique pour les sénatoriales en Seine-Maritime où il prédit: “nous allons affronter une tempête” et lance un mystérieux “je crois que nous aurons bien besoin dans les semaines qui viennent de cette capacité de rassemblement, de dépassement”.
Macron lui a bien demandé quand il a quitté Matignon de rassembler la majorité en vue de 2022. Une offre de service à laquelle Philippe n’a toujours pas répondu. “Il a voulu faire comprendre au Président que c’est lui qui maîtrise l’agenda”, croit savoir un député quasiment nostalgique.
Il ne veut pas qu’on l’oublie”Le député LREM Jean-Charles Colas-Roy
“Je ne pense pas qu’il vise 2022. Il n’a jamais été pétri d’ambition présidentielle”, croit savoir -ou espère- une députée LREM influente. “Je pense qu’il restera fidèle à Emmanuel Macron, qu’il tient en haute estime. Il est très intelligent et sait que dans le contexte actuel, le président est le seul qui est apte à l’emporter et à gouverner la France”, suppute le député LREM de l’Isère, Jean-Charles Colas-Roy, qui estime que “les cartes postales” envoyées par Édouard Philippe “signifient seulement qu’il ne veut pas qu’on l’oublie, ce qui est bien normal”.
Ce qui ne risque pas d’arriver de sitôt au sein de la majorité, son ancienne collaboratrice à Matignon, Fanny Le Luel, ayant tout récemment été nommée au secrétariat général du groupe LREM à l’Assemblée nationale après l’élection de Christophe Castaner. “Il y garde d’importantes connexions”, euphémise un parlementaire investi dans le groupe, alors qu’Édouard Philippe peut également compter sur les oreilles de ses fidèles au Palais Bourbon, comme son ami le député des Hauts-de-Seine Thierry Solère ou sa suppléante Agnès Firmin-Le Bodo pour prendre la température de la majorité.
Quand Jean Castex est arrivé, il fallait distribuer des milliards, c’était cool! Mais maintenant, il rentre dans le dur…Un cadre de la majorité
Des connexions qui peuvent également lui permettre de suivre les premiers pas de son successeur auprès des marcheurs, dont plusieurs commencent à douter de la capacité de Jean Castex à conduire les troupes. “Après des débuts très enthousiastes, ça retombe un peu”, observe un élu macroniste, qui regrette les “signaux contradictoires” envoyés par Jean Castex qui, après avoir promis de s’investir au sein de LREM dès sa nomination, plaide maintenant pour “une maison commune” mêlant toutes les formations gravitant autour du mouvement présidentiel.
De quoi provoquer une “Doudou nostalgie” auprès des marcheurs? “Il y a une différence de style entre Édouard Philippe et Jean Castex, c’est clair. Mais je ne sais pas si on peut parler de nostalgie à ce stade”, souligne une marcheuse en vue, encore sceptique sur les intentions de l’ex-maire de Prades. “Quand Jean Castex est arrivé, il fallait distribuer des milliards, c’était cool! Mais maintenant, il rentre dans le dur. Pour l’instant il n’y a pas encore de ‘Doudou nostalgie’, mais si ça continue comme ça, ça va arriver, et vite”, prédit un cadre de la majorité.
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