ÉVACUATION – La rave-party avait débuté la veille. L’évacuation de l’évènement qui se tenait à Redon, en Ile-et-Vilaine, s’est “terminée” ce samedi 19 juin aux alentours de 18h, a annoncé le préfet Emmanuel Berthier, se félicitant qu’elle se soit déroulée “sans anicroche”.
L’intervention avait été lancée peu après 17h pour “faire cesser la musique”, a-t-il dit, indiquant qu’il y avait eu “une dizaine d’interpellations”, six blessés légers parmi les forces de l’ordre et un blessé léger côté participant, en plus de ceux de la nuit.
Les forces de l’ordre ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour faire partir les participants, a constaté un journaliste de l’AFP. Les autorités ont décidé de mettre fin au rassemblement qui se poursuivait avec de la musique après les affrontements de la nuit et malgré l’appel du préfet Emmanuel Berthier à quitter les lieux.
Par petits groupes, à pied ou en voiture, les teufeurs quittaient le site, selon un journaliste de l’AFP et les scènes musicales commençaient à être démontées. La gendarmerie a indiqué que du matériel avait été saisi.
“On a recours à l’illégalité parce qu’on n’a pas le choix”, a dit Choé, commerciale de 22 ans, venue de Bordeaux, en quittant les lieux.
Plusieurs blessés
Au cours des heurts qui ont duré “sept heures”, cinq gendarmes ont été blessés, dont deux ont été évacués à l’hôpital de Redon, et au moins deux participants ont également été touchés. Un jeune de 22 ans a “perdu une main”, a précisé le préfet d’Ille-et-Vilaine.
Une enquête a été “immédiatement diligentée par le parquet de Rennes” sur les circonstances de “ce dramatique accident”, a-t-il dit.
Le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc a indiqué que le jeune homme demeurait à Rennes et était “inconnu de la justice”.
A la suite des événements de la nuit, cinq hommes se trouvaient samedi en garde à vu. Nés en 2001, 2002, 1998, 1999 et 1984, ils sont “sans antécédents judiciaires à l’exception du dernier”, a précisé M. Astruc dans un communiqué.
Malgré un arrêté du préfet interdisant tout rassemblement festif à caractère musical, “1500 personnes” avaient convergé vers Redon vendredi soir, a expliqué le préfet et la gendarmerie est intervenue pour empêcher le rassemblement. Les heurts ont commencé vers 22H30.
Selon lui, “des affrontements d’une extrême violence ont duré une très grande partie de la nuit, plus de sept heures”. Il a évoqué “des jets de cocktail Molotov, boules de pétanque, morceaux de parpaings”.
Selon Emmanuel Berthier, la gendarmerie avait face à elle “des gens qui avaient un objectif: en découdre avec la force publique”. “On ne vient pas à un teknival avec une boule de pétanque”, a relevé un gendarme.
“Acharnement” des gendarmes
Des appels à rendre hommage à Steve Maia Caniço, jeune Nantais tombé dans la Loire lors d’une intervention controversée des forces de police il y a deux ans, avaient été lancés ces jours derniers.
“Encore une fois, les autorités ont choisi la violence en lieu et place du dialogue. Des pluies de lacrymos et de grenades se sont abattues sur une foule qui ne désirait que faire la fête…”, a réagi de son côté le collectif Teknival des musiques interdites.
“A la mémoire de Steve Maia Caniço, en soutien aux inculpés de la Maskarade de Lieuron (une rave party avait rassemblé au Nouvel an 2.400 personnes dans cette commune d’Ille-et-Vilaine, NDLR) et pour toutes les victimes de la répression, notre seule volonté était de brandir haut et fort la musique comme étendard”, a ajouté le collectif.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a suivi “de très près la situation”, faisant “des points réguliers avec les autorités”, a-t-on indiqué dans son entourage. Le ministre a demandé de donner la priorité aux interpellations, selon la même source.
Ce rassemblement intervient aussi après de nouveaux éléments concernant l’enquête sur la disparition de Steve.
Vendredi 18 juin, le procureur Philippe Astruc avait annoncé que, selon l’enquête, le jeune homme était tombé dans la Loire “dans le temps de l’intervention de la police” pour disperser le rassemblement auquel il participait.
Le corps de Steve avait été retrouvé plus d’un mois plus tard et l’émotion reste vive à Nantes.