C’est le grand frère d’Augustin qui a rendu cette agression publique sur les réseaux sociaux vendredi 21 août. Utilisant un vocabulaire conforme au lexique de l’extrême droite, l’aîné décrit comment le jeune homme a été roué de coups par “un groupe de cinq racailles colorées” après avoir porté secours à des filles subissant une agression.
“Voyant cela, mon petit frère Augustin de 17 ans, a pris leur défense en retenant ces individus le temps qu’elles rentrent à l’abri dans le Monoprix. À cinq contre lui avec tout l’honneur d’un homme, ils l’ont fracassé gratuitement sans que personne n’intervienne, ni pour les filles, ni pour lui. Bilan de l’intervention de sauvetage contre ces cinq citoyens modèles détestant notre pays: Augustin a plusieurs dents cassées, une fracture de la mâchoire et doit se faire opérer des cervicales”.
Les amis et la famille d’Augustin, contactés par CheckNews, ont expliqué que, selon le frère et la sœur du jeune homme, “il y a eu un coup et ensuite un tabassage en règle par plusieurs garçons”. Aussi, sur CNews sa mère explique:
“Les jeunes filles sont parties au Monoprix et les autres ont encerclé mon fils pour l’emmener plus loin vers l’office de tourisme. Et là il y en a un qui l’a assommé par-derrière, il est tombé. Il se souvient plus de tout, il a été roué de coups, il a la mâchoire cassée, les dents cassées. Quand il s’est réveillé, ils n’étaient plus là”.
Des individus “lourds, insistants”, mais pas d’agression
Une version qui diffère de celle présentée par deux des quatre jeunes filles impliquées. Auprès de CheckNews, ces dernières ont expliqué qu’elles avaient bel et bien été abordées par un groupe de jeunes, mais qu’ils ne les avaient pas agressées. “Ils étaient lourds et insistants mais ils ne nous ont pas touchées du tout”. Et de dénoncer: “Tout ce que les médias ont écrit est faux”.
Les deux jeunes femmes relatent une situation de harcèlement de rue:
“On était quatre copines en tout, on sortait du Monoprix, on était en train de rentrer chez nous. Là, sept garçons sont arrivés, ils nous suivaient, ils nous demandaient nos snaps. Ils étaient lourds et ils insistaient. Avec une copine (les deux autres sont restées à l’écart, Ndlr), on est allées les voir, on leur a dit qu’on était en couple et qu’on n’était pas intéressées. C’est à ce moment-là qu’Augustin et son copain interviennent. Ils parlent avec les garçons, ils leur font remarquer qu’on n’a pas l’air intéressées.”
CheckNews évoque alors une vidéo que l’une des filles a diffusé sur Snapchat et dans laquelle on peut entendre Augustin dire calmement: “Juste, on vous a vus, elles avaient pas l’air très réceptives, on voulait juste s’assurer…”. La suite de l’enregistrement n’est pas audible.
“Un coup de poing” par surprise
Là aussi, les versions de l’histoire diffèrent. Selon l’une des filles “le ton monte, ils commencent à mal se parler et disent qu’ils vont se battre à un contre un. Je me suis interposée, avec ma copine on disait que ça ne servait à rien de se battre. On pensait que ça allait se régler et là un des garçons a mis un coup de poing à Augustin par-derrière, dans la mâchoire. Augustin ne l’a pas vu venir. Il a perdu une dent.”
CheckNews confirme qu’à l’écoute de l’extrait vidéo, dans lequel on ne voit pas le coup, on entend en effet Augustin crier: “Tu m’as enlevé une dent, fils de pute!”.
“Après le coup, Augustin est tombé, il s’est relevé directement, il n’a pas perdu connaissance. Je suis allée parler au garçon qui lui avait mis un coup, pour lui faire remarquer qu’Augustin lui parlait calmement et que ça ne se faisait pas de lever la main sur lui. Il s’est énervé contre moi, le ton est encore monté, puis enfin ils sont partis. Augustin a voulu leur courir après pour se venger, des garçons qui s’étaient arrêtés devant la scène le retenaient. Les autres, je ne sais pas où ils sont partis, je ne les ai pas revus. Avec mes copines, nous sommes restées une bonne vingtaine de minutes avec Augustin, son copain et les témoins. On a remercié Augustin, on lui a dit qu’on était désolées et on voulait s’assurer qu’il irait bien à l’hôpital”.
Confrontés à cette version des faits, les amis d’Augustin arguent: “Il faut qu’on nous explique comment un seul coup peut avoir cassé une dent, la mâchoire et blessé aux cervicales”.
Un appel à témoins lancé
Le parquet de Lyon a confirmé qu’Augustin a bel et bien déposé une plainte, le dimanche 23 août, auprès de la brigade de gendarmerie de Fontaines-sur-Saône pour des faits de violences volontaires commises en réunion, place Bellecour à Lyon, le 21 août à 23 heures. Selon CheckNews, Augustin a été opéré de la mâchoire lundi. Il devrait sortir de l’hôpital ce mardi et son ITT est en cours d’évaluation, toujours selon le parquet.
Une enquête a été confiée par le parquet au commissariat du IIe arrondissement, qui a lancé un appel à témoins. Selon la police, aucun appel n’a été passé aux pompiers ni à la police vendredi soir, ni de la part d’éventuels témoins, ni de la victime. Selon le site d’information LyonMag, qui a révélé l’affaire lundi, l’adolescent s’est rendu à l’hôpital accompagné d’un proche.
Interrogé lundi par l’AFP, un responsable de la supérette présent vendredi soir a répondu n’avoir appris les faits que ce lundi, faute d’avoir vu quoi que ce soit vendredi. La police compte exploiter notamment la vidéosurveillance de la place Bellecour et de ses abords
Menaces de mort envers l’une des filles impliquées
À noter que l’une des filles qui a relayé sa version des faits via Snapchat, et qui contredit donc celle d’Augustin et sa famille, est depuis victime de menaces de mort.
“Tout le monde pense que je crache sur Augustin et qu’en plus on est contre les droits des femmes, mais en fait je trouve ça super qu’il soit intervenu comme ça, rétorque-t-elle. Juste, à la base, je tiens à dire qu’on n’a pas été agressées comme ce qui est écrit”, se défend-elle.
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