“Nous savons que nos chauffeurs peuvent avoir et ont des problèmes pour trouver des toilettes à cause de la circulation ou parfois de routes rurales, et cela a particulièrement été le cas avec le Covid, lorsque de nombreuses toilettes publiques ont été fermées”, a déclaré l’entreprise dans un communiqué.
La polémique a démarré la semaine dernière, par un tweet d’un élu démocrate à la Chambre des représentants, Mark Pocan. “Le fait que vous payiez vos employés 15 dollars de l’heure ne fait pas de vous un ‘lieu de travail progressiste’”, accusait-il, “quand vous faites uriner vos employés dans des bouteilles en plastique”.
Un compte officiel d’Amazon avait alors directement répondu à l’élu sur ce même réseau social: “Vous ne croyez pas vraiment à cette histoire de pipi dans des bouteilles, quand même? Si c’était vrai, personne ne travaillerait pour nous.”
Mais plusieurs médias avaient par la suite rapporté de nombreux propos d’employés témoignant de l’existence de cette pratique, par ailleurs pas nouvelle. Fin mars, le média The Intercept avait également affirmé s’être procuré des documents internes attestant qu’elle était bien connue des responsables de l’entreprise.
Les témoignages pointent notamment le manque de temps pour aller aux toilettes à cause du rythme de travail imposé par Amazon.
“Nous devons des excuses au représentant Pocan”, a déclaré l’entreprise dans son communiqué. “Le tweet était incorrect. Il ne prenait pas en compte notre grand groupe de chauffeurs, et se concentrait à tort sur nos centres de distribution”, où les employés peuvent “s’éloigner de leur poste de travail à tout moment” pour se rendre dans “les dizaines de toilettes” à leur disposition.
Le problème concernant les chauffeurs d’Amazon est “ancien” et “généralisé à toute l’industrie”, a poursuivi l’entreprise. “Nous aimerions le résoudre. Nous ne savons pas comment mais nous allons chercher des solutions”, a-t-elle promis.
Les chauffeurs, seuls concernés?
Ces excuses n’ont cependant pas satisfait la plupart de leurs interlocuteurs. Car si Amazon a reconnu les faits dénoncés pour les chauffeurs, elle a exclu que les salariés travaillant en entrepôt soient concernés.
Ce qui est pourtant le cas, comme le soulignait déjà une enquête réalisée en 2018 au Royaume-Uni, et qui perdure, à en croire les témoignages récents recueillis par des journalistes: “Les excuses d’Amazon à Mark Pocan prennent soin de souligner que les chauffeurs sont les seuls à souffrir d’un manque d’accès aux toilettes; apparemment les employés en entrepôt sont dans de bonnes conditions. J’ai interrogé beaucoup de ces employés sur ces problèmes de toilettes; ils ne sont absolument pas dans de bonnes conditions”, a ainsi tweeté Kim Kelly, journaliste d’un média spécialisé sur les conditions de travail aux États-Unis.
L’élu Mark Pocan est lui aussi resté de marbre face aux excuses qui lui étaient adressées: “Soupir”, a-t-il tweeté. “Il ne s’agit pas de moi mais de vos employés — que vous ne traitez pas avec assez de respect et de dignité. Commencez par reconnaître les conditions de travail inappropriées que vous avez créées pour TOUS vos employés.”
Derrière la polémique, la création du 1er syndicat
Amazon est sous le feu des projecteurs aux États-Unis avec le vote, achevé cette semaine, sur la création d’un syndicat dans un entrepôt dans l’Alabama, qui serait le premier dans le pays. Les résultats n’ont pas encore été annoncés.
Les salariés pro-syndicats se plaignent de cadences infernales, du manque de temps pour aller aux toilettes ou pour manger, du manque de protections en matière de sécurité (notamment contre le Covid) et de salaires insuffisants par rapport au travail demandé.
Amazon insiste de son côté sur des revenus qui démarrent à 15 dollars de l’heure (plus du double du salaire minimum dans l’Alabama) et sur les avantages sociaux comme la couverture santé. Le groupe assure que ses employés disposent des pauses nécessaires.
La campagne a été marquée par une communication tendue, des rumeurs sur les tactiques de part et d’autre et des attaques de plus en plus directes sur Twitter la semaine dernière. “Nous nous attendons à ce qu’Amazon fasse tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher ses travailleurs d’avoir une voix au chapitre. Ils ont montré qu’ils étaient capables de tout”, a déclaré Joshua Brewer, le président local du RWDSU (le syndicat national de la distribution, NDLR) à l’AFP lundi.
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