“Une enquête a été ouverte pour des faits de harcèlement dénoncés par la maman” de la jeune fille, a ajouté la procureure Edwige Roux-Morizot. “C’est important que nous allions vérifier tous ces éléments-là”, a précisé la procureure.
Lors d’une marche blanche qui a réuni plus d’un millier de personnes à Mulhouse dimanche, la mère de Dinah, Samira, avait mis en cause devant les journalistes plusieurs de ses camarades ainsi que l’inaction du corps enseignant.
Insultes racistes et homophobes
Selon ses parents, Dinah était victime d’un harcèlement opéré par des jeunes filles côtoyées au collège et auxquelles elle avait confié son homosexualité. Sa mère a aussi reproché au corps enseignant d’avoir “fermé les yeux” sur le drame vécu par sa fille.
Celle-ci avait reçu des messages comme “ne t’inquiète pas tu vas bientôt mourir”, ou “on va t’envoyer des liens sur internet pour que tu puisses crever”, après une première tentative de suicide en mars.
Dinah, dont la mère est d’origine marocaine, subissait des insultes “racistes ou à caractère homophobe”, a précisé à l’AFP son père, d’origine réunionnaise. “Dans sa classe, il y avait deux élèves qui la soutenaient, les autres la descendaient”, selon lui.
“Les autres élèves ne la supportaient plus parce qu’elle posait des questions, parce qu’elle avait des très bonnes notes”, a encore expliqué sa mère ce lundi 25 octobre sur le plateau de “Touche pas à mon Poste”. “Elle recevait des messages du style ‘Ta maman aurait dû avorter’, ‘sale intello’, ‘sale lesbienne’”, a rapporté la maman, assurant que des élèves lui avaient confié après le suicide que sa fille recevaient “bien pire”.
Sa mère dénonce l’inaction du personnel enseignant
Au cours de sa déclaration dans l’émission de C8, la mère de Dinah a de nouveau réitéré son récit d’inaction de l’établissement. “Ils m’ont demandé si Dinah n’en faisait pas trop”, a-t-elle par exemple relaté, racontant une adolescente qui partait “la boule au ventre” sans jamais être soutenue par le corps enseignant.
Elle a également déploré que le personnel de l’établissement ait assuré n’avoir jamais été mis au courant du sort de l’adolescente, alors même qu’elle explique avoir tenté de les informer. “Même la CPE, je n’ose plus passer à côté d’elle car elle me regardait de travers et rigolait avec les autres”, aurait notamment confié la lycéenne à sa mère face à cette inaction du personnel. “Je trouve que les harceleurs doivent être condamnés et l’établissement aussi”, a ainsi demandé Samira, toujours sur le plateau de TPMP.
L’adolescente, scolarisée en classe de seconde, avait été retrouvée pendue au domicile familial de Kingersheim, dans le Haut-Rhin, dans la nuit du 4 au 5 octobre. Elle était la dernière et la seule fille d’une fratrie de trois enfants.
L’enquête a été confiée au commissariat de Wittehnheim, dans le Haut-Rhin également, a précisé le parquet, qui a également saisi l’office centrale de lutte contre la haine en ligne afin de “rechercher un certain nombre d’éléments dans le téléphone et dans l’ordinateur” de l’adolescente.
Aucune plainte n’a pour le moment été déposée, a ajouté la procureure. Mais la mère de Dinah avait annoncé dimanche son intention d’en déposer une après la période de deuil de 40 jours observée par la religion musulmane. Dans un premier temps, le parquet avait ouvert une enquête pour “recherche des causes de la mort”.
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