“C’est la dernière chance pour le système” libanais, a averti le président français au début de sa seconde visite à Beyrouth en un mois.
Face à la colère grandissante de la population, qui dénonce l’incurie du pouvoir et la corruption, il entend “accompagner cette pression des Libanaises et des Libanais” pour convaincre la classe politique de changer.
Il a ainsi annoncé qu’il reviendrait une nouvelle fois au Liban en décembre.
“C’est un pari risqué que je fais. J’en suis conscient. Je mets sur la table la seule chose que j’ai: mon capital politique”, a-t-il expliqué au site d’information américain Politico.
Parmi eux figure le nouveau Premier ministre, Moustapha Adib, nommé lundi quelques heures avant l’arrivée d’Emmanuel Macron. Inconnu des Libanais, cet universitaire de 48 ans, était jusqu’à présent ambassadeur en Allemagne.
Le président français a fait connaissance avec lui lundi soir, avant de le retrouver mardi au palais présidentiel de Baabda. Pour lui, la nomination de M. Adib en quelques semaines et non “en six mois” est “un premier signe” de changement.
“Aucune naïveté”
Mais “je n’ai aucune naïveté” et “je vais pousser” pour que le nouveau Premier ministre forme sans délai “un gouvernement de mission” capable de “lancer des réformes” structurelles, a-t-il ajouté dans un entretien au site Brut.
La mise en oeuvre de “véritables réformes”, pour une meilleure gouvernance et contre la corruption endémique doit permettre au Liban de bénéficier d’un soutien international de plusieurs milliards d’euros, jusqu’à présent bloqués par l’impasse politique.
Avec les responsables libanais, “ma position est toujours la même: celle de l’exigence sans ingérence”, avait martelé Emmanuel Macron dès son arrivée lundi.
Dans un signe de la volonté des autorités à endiguer la corruption, le ministre des Finances démissionnaire Ghazi Wazni a signé mardi des contrats avec les cabinets KPMG, Oliver Wyman et Alvarez & Marsal pour l’audit juricomptable de la Banque du Liban, une demande pressante du Fonds monétaire international et de la France.
Les discussions avec les responsables politiques fait partie des points les plus sensibles de la visite d’Emmanuel Macron, notamment avec le puissant Hezbollah. De nombreux pays occidentaux, dont les Etats-Unis, refusent tout contact avec le mouvement chiite en raison de ses liens avec l’Iran et de ses activités “terroristes”.
“On ne partage pas ses valeurs, mais est-ce que nous pouvons avoir un rôle utile en refusant qu’il soit autour de la table? Je pense que ce serait une erreur”, a justifié Emmanuel Macron à Brut.
Conférence en octobre
Au cours de sa visite menée au pas de course, le président français a également fait le point sur la distribution de l’aide internationale promise au lendemain de l’explosion au port de Beyrouth, qui a fait au moins 188 morts et plus de 6.500 blessés le 4 août.
Il s’est rendu à bord de deux navires français arrivés à Beyrouth avec des milliers de tonnes d’aide d’urgence.
“Il faut qu’on continue à mobiliser toute la communauté internationale”, a-t-il promis, en annonçant son intention de réunir en octobre à Paris “une conférence internationale de soutien avec les Nations unies” pour lever de nouveaux fonds.
Il a aussi assuré que la distribution de l’aide serait mieux coordonnée et contrôlée, alors que des ONG regrettent le manque de soutien.
Sa visite avait débuté dans une dimension symbolique pour montrer que les Libanais sont “comme des frères pour les Français”, comme il l’a proclamé.
Après avoir rendu visite à la diva Fairouz qui, à 85 ans, est considérée comme la plus grande chanteuse arabe vivante, Emmanuel Macron s’est rendu dans la réserve naturelle de Jaj, au nord-est de Beyrouth.
Arborant un pins offert par une fillette dont la mère est décédée dans l’explosion, il y a planté un cèdre, l’emblème du Liban, pour célébrer le centenaire de la création de l’Etat du Grand-Liban le 1er septembre 1920 par le général français Henri Gouraud.
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