Dans la salle chauffée à bloc, les ombres de Nicolas Sarkozy et son soutien qui tard à venir, ainsi que des récents départs des Républicains vers Macron (comme Éric Woerth ou la maire de Calais Nathacha Bouchard) planent malgré la playlist entraînante. “Macron au Touquet, Valérie à l’Élysée”, scandent les militants LR pour se donner du courage. Pour eux, pas question de s’inquiéter maintenant.
Tout vient à point à qui sait attendre
Martine, 68 ans, son drapeau à la main et son masque bleu à l’effigie de l’Assemblée nationale sur la bouche est confiante. Au milieu de l’électro qui crache une ambiance qui se veut franche et dynamique, elle confesse sa foi dans Les Républicains: “On ne court pas si vite que certains…On attend pour choisir le bon parcours”. C’est avec ce constat que la militante de longue date qui a connu la naissance de l’UMP justifie le soutien tardif de Nicolas Sarkozy à la candidate.
Dans les arènes du Zénith, un peu plus loin de la foule, Radouane, 21 ans, n’a aucune inquiétude: “Je ne peux pas croire une seconde que Nicolas Sarkozy ne la soutiendra pas!”, insiste-il. Pour le délégué général des Jeunes LR en Bourgogne-Franche-Comté, c’est une question de temps. La dynamique est là: “On a dû ouvrir une deuxième salle tellement il y avait de monde!”, constate-il. Quelques minutes plus tôt, dans la longue file d’attente pour franchir les portes, Stéphanie expliquait sûre d’elle que c’est de toute façon “beaucoup trop tôt” pour espérer maintenant un soutien de l’ancien président. À presque deux mois du premier tour, la campagne vient à peine de commencer”, s’exclame-t-elle. La militante LR de 64 ans est secouée par un rire optimiste: “Je suis très détendue et pas inquiète du tout!”
À quelques mètres de là, Isabelle, 61 ans est, elle aussi, confiante. “Il viendra, j’en suis sûre, vous verrez!” Pour l’encartée LR depuis huit jours seulement -elle attendait un peu de voir la dynamique avant de s’engager davantage- ce soutien de taille s’il n’arrive pas pour le moment, ce n’est pas plus mal: “Comme ça c’est vraiment son meeting!” à Valérie Pécresse. Un jeune militant qui confie au HuffPost qu’il “pourrait être inquiet” tempère très vite: “Qu’il la soutienne ou pas, on est ira jusqu’au bout. La force militante est là”.
Valérie Pécresse et l’ancien président ont déjeuné ensemble vendredi 11 février. Les deux personnalités se connaissent bien. La candidate a été tour à tour ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, porte-parole et ministre du Budget de l’ère Sarkozy. “Je ne sais pas ce qu’ils se sont dit, mais on sent du Sarkozy dans son discours aujourd’hui”, constate Patrick Barranco, maire adjoint de la ville de Draveil, “il est plus musclé, plus à la hauteur des attentes de l’électorat”. Et son programme annoncé ce jour-là, est “rassembleur”, ajoute Alexis, un jeune militant de 18 ans qui s’occupe des réseaux sociaux de la candidate en Ille-et-Vilaine.
“Les rats quittent le navire”
Ce dernier ne veut pas non plus laisser l’inquiétude poindre face aux ralliements LR vers Macron. “Elle a un programme qui ne divise pas et qui englobe largement la droite, le centre et une partie de la droite un peu plus radicale”. À “radicale” ses épaules s’agitent, tandis que dans la salle des militantes du collectif identitaire “Némesis” ont très légèrement perturbé le meeting en déployant dans le fond de la salle une banderole “Pécresse islamo-droitarde”.
Un poids lourd LR comme Eric Woerth qui rejoint Macron? “J’ai envie de vous dire, les rats quittent le navire”, ironise Sabra 26 ans. La militante et étudiante en sciences politiques ne s’en inquiète pas plus que ça: “On voit la même chose au RN”. “Qu’il s’en aille!”, nous dit-on encore. “Il vaut mieux qu’il parte maintenant qu’après!”.
Radouane, tee-shirt Valérie Pécresse 2022 sans un pli et cheveux laqué impeccable déborde d’optimisme: “Il y a des départs, mais aussi des arrivées”. Il cite celle de l’avocat Charles Consigny.
À la tribune, avant l’arrivée de la candidate, ses concurrents loyaux du congrès LR se succèdent au micro. Michel Barnier, Xavier Bertrand…Pour Alexis, Valérie Pécresse peut compter sur de solides appuis compétents. Isabelle veut y croire: “Notre famille politique est unie. C’est très fort”.
À voir également sur Le HuffPost: Valérie Pécresse : “Pas de fatalité, ni au grand déclassement, ni au grand remplacement”