Aung San Suu Kyi, assignée à résidence depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021, a été notamment reconnue coupable d’importation illégale de talkies-walkies, d’après une source proche du dossier.
Elle avait déjà été condamnée en décembre à quatre ans de détention pour avoir enfreint les restrictions sur le coronavirus, une sentence ramenée à deux ans par les généraux au pouvoir. La lauréate du prix Nobel de la paix âgée de 76 ans purge cette première peine dans le lieu où elle est tenue au secret depuis son arrestation, il y a près d’un an.
Un porte-parole de la junte, le major général Zaw Min Tun, a confirmé à l’AFP le verdict de ce lundi, précisant que Suu Kyi resterait assignée à résidence le temps de son procès. Pour Manny Maung, chercheuse pour l’ONG Human Rights Watch, cette nouvelle condamnation “risque encore de renforcer la colère de la population birmane”.
“Tout le monde sait que ces accusations sont fausses (…) Les militaires utilisent cette tactique de la peur pour la maintenir en détention arbitraire” et définitivement l’écarter de l’arène politique, a-t-elle ajouté.
Isolée du reste du monde
Sédition, corruption, incitation aux troubles publics, fraude électorale… Aung San Suu Kyi a été inculpée à de multiples reprises ces derniers mois.
Son procès se tient à huis clos devant un tribunal mis en place spécialement dans la capitale Naypyidaw où elle est jugée aux côtés de l’un de ses fidèles, l’ex-président de la République Win Myint, également arrêté le 1er février.
Plusieurs proches de l’ex-dirigeante ont déjà été condamnés à de lourdes peines: 75 ans de prison pour un ancien ministre, 20 ans pour un de ses collaborateurs. D’autres se sont exilés ou sont entrés en clandestinité.
Le coup d’Etat a fait plonger le pays dans le chaos. Dans les faits, plus de 1.400 civils ont été tués par les forces de sécurité d’après une ONG locale, et des milices citoyennes anti-junte ont pris les armes à travers toute la Birmanie.
Le jugement prononcé lundi 10 janvier concernait notamment l’importation illégale de talkies-walkies. Selon l’accusation, ce matériel de contrebande aurait été découvert au cours de la perquisition effectuée dans la résidence officielle d’Aung San Suu Kyi lors de son interpellation.
Pourtant, certains membres de ce commando ont reconnu n’avoir été en possession d’aucun mandat pour effectuer ce raid, d’après une source proche du dossier.
Depuis son arrestation, la prix Nobel vit coupée du monde, ses seuls liens avec l’extérieur se limitant à de brèves réunions avec ses avocats, qui ont interdiction de parler à la presse et aux organisations internationales.
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