“Ils se sont emparés de la question de l’inceste, d’un seuil d’âge au-dessous duquel le consentement n’est pas possible, de la prescription glissante, mais il n’y a aucune réponse sur l’amnésie traumatique”, regrette Mié Kohiyama auprès du HuffPost.
Le gouvernement souhaite en effet créer un nouveau crime pour les crimes sexuels sur mineurs. Il permettra d’instaurer dans la loi un âge en dessous duquel un enfant ne peut consentir à un rapport sexuel: 15 ans en cas de crimes sexuels et 18 ans en cas d’inceste. Le gouvernement entend aussi inscrire dans la loi la prescription dite “glissante” ou “réactivée”. Mais la question de l’amnésie traumatique n’a pas encore été abordée.
La question de la prescription
”Violée à 14 ans. 20 ans d’amnésie traumatique. J’ai porté plainte. Plainte qui n’a jamais été instruite du fait de la prescription”, raconte une autre internaute.
“Violée de mes 4 à mes 8 ans. 45 ans d’amnésie traumatique. Je n’ai pas porté plainte du fait de la prescription, témoigne une autre. J’ai encore une amnésie partielle.”
“J’avais 5 ans, violée par un médecin, raconte une autre femme. Amnésie de 45 ans, une vie à se souvenir de quelque chose de très désagréable et associé à une douleur vaginale. Jamais porté plainte. Ce jour-là, cet homme a fait de moi une proie facile pour les autres, c’est fini”.
“On se bat pour que l’amnésie traumatique soit introduite dans la loi et reconnue comme un obstacle insurmontable qui suspendrait la prescription”, explique Mié Kohiyama.
Introduire l’amnésie traumatique dans la loi
“Il faudrait former les magistrats à comprendre ce qu’est l’amnésie traumatique”, plaidait Audrey Darsonville. Il est difficile d’en déterminer le début et la fin, mais on pourrait dire que la prescription reprend au moment où l’expert psychiatrique détermine que la mémoire revient”.
Double peine
Au-delà de de l’introduction de l’amnésie traumatique dans la loi, Mié Kohiyama souhaite aussi, et surtout, sensibiliser le grand public à ce phénomène. Comme le montrent les nombreux témoignages partagés sur les réseaux sociaux depuis ce dimanche midi, l’amnésie traumatique est avant tout une souffrance.
“J’avais 9ans. Amnésie des viols pendant 40 ans. Les violeurs savent que leurs victimes oublient et les laisseront tranquilles, témoigne une victime sur Twitter. Pourquoi laisser aux violeurs l’exclusivité de l’amnésie traumatique? Pourquoi la loi ne s’en empare-t-elle pas?”
“Ces témoignages sont extrêmement touchants et émouvants, confie Mié Kohiyama qui s’attendait à une telle vague de message. De nombreuses personnes sont concernées par l’amnésie traumatique qui représente une double peine: on est victime de violences sexuelles et de cette souffrance terrible de la mémoire”. “Face à cette double peine, les victimes sont laissées à l’abandon et sans protection, soupire-t-elle. Il faut reconnaitre l’amnésie traumatique dans la loi”.
Sollicité par Le HuffPost, le cabinet du secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des familles, Adrien Taquet, n’avait pas encore répondu à nos sollicitations ce dimanche 21 février à 17h30.