Les traces sont là, visibles à l’œil attentif : seringues, canettes découpées, aluminium calciné, demi citrons écrasés. Sous les ponts, dans les parcs, près des gares et dans les squats, on consomme héroïne, crack, alcool, médicaments anxiolytiques et enivrants. Face à la toxicomanie, le regard est dur, souvent ignorant : on ne veut pas savoir, ni même voir, ou prendre en compte. On avance dans sa bulle, et on détourne son regard.
Je suis allé au centre du Projet Lama à Anderlecht, et celui d’Artha à côté de Tour & Taxis ; à la rencontre de ces personnes qui vivent souvent en marge de la société, et des travailleur·ses qui ont décidé de les aider. À cause des situations compliquées que ces centres gèrent, la possibilité de prendre des photos était limitée. L’anonymat et le secret médical sont importants ; pas le droit, ni l’envie, de foutre ça en l’air.
Le Lama, c’est un centre de soins sans hospitalisation qui propose un accompagnement thérapeutique – consultations médicales, psychologiques, psychiatriques et sociales – aux personnes souffrant de toxicomanie qui n’ont pas d’argent, pas de mutuelle ou pas de papiers. À hauteur du numéro 47 de la Rue Gheude, un lettrage autocollant me confirme l’emplacement. La porte est ouverte. Je traverse une salle d’attente qui débouche sur un plateau où plusieurs tables de consultation sont disposées. Le sol est rose-saumon et l’éclairage au néon donne au lieu une allure clinique un peu défraîchie.
Isabelle Demoulin, l’une des coordinatrices, m’accueille. Je la suis dans un bureau qui semble être le centre névralgique : partout ça déborde de dossiers, de classeurs, de notes, de carnets. Je salue une partie de l’équipe. Iels sont une quinzaine – infirmier·es, assitant·es sociales, psychologues et médecins – à travailler ici. En fond, la musique lancinante d’une attente téléphonique. Je pose mes affaires sur un canapé et j'accepte un café. « Vous êtes 9ème dans la file », dit une voix robotisée à travers le haut-parleur du téléphone. « Ça fait partie du boulot », explique Isabelle. « On tente d’aider les patient·es à gérer les services, les temps d’attente, l’administration. Tout ce qui peut être contraignant, frustrant et cher. Quand on a peu de crédit d’appel, voire pas de téléphone, attendre 20 minutes pour parler à quelqu’un, c’est une impossibilité.»
À la porte, un homme se présente pour un rendez-vous. « Ce monsieur, c’est un routard de la rue. » Isabelle lui demande de patienter dans la salle d’attente et nous introduit. Marcel* a la cinquantaine, des yeux intensément bleus, des cheveux gris en bataille qui dépassent de sa casquette et de grosses boucles d’oreille en argent. Il explique qu’il a trouvé un nouveau squat avec des potes, une belle baraque avec l’eau et l’électricité où il pourrait potentiellement rester jusqu'en mars. « C’est où ? » demande Isabelle. « Tu vois la Grand Place ? Et bien, c’est là ». Je ne sais pas si le gars baratine, mais ça me fait sourire. Il part en consultation et je m’arrange pour pouvoir parler avec lui ensuite. Je l’interroge sur la place qu'a le Projet Lama dans sa vie. « Ce lieu, ça sauve des vies », me dit-il. « Beaucoup de gens ne seraient plus là si le centre n’existait pas. C’est grâce à la métha. La métha, ça sauve des vies. » Il fait référence à la méthadone, un traitement de substitution à l’héroïne qui peut être prescrit aux patient·es qui viennent au Lama.
« Même si une personne fait le choix de continuer à consommer malgré la prise en charge, on l’accepte. On ne prône pas l’abstinence ici. » – Isabelle, coordinatrice
« Le monde des toxicos, c’est pas beau ; c’est une spirale », poursuit Marcel. « Tu te lèves le matin, t’es mal, il te faut ta dose. Tu vas faire la manche, tu fais tes combines, puis quand tu as eu ta dose, tu peux commencer à faire quelque chose de ta journée. Mais c’est souvent juste te faire de l’argent pour avoir la dose suivante et te shooter. Si tu continues comme ça, à un moment t’es trop bas pour te relever. » Il m'explique qu’en tant que toxicomane, il n’est pas considéré par la société. Il est à la rue depuis longtemps, mais il s’en sort. D’ailleurs, il me le confirme, il loge actuellement dans l’une des plus belles maisons de la ville. Et il gère sa consommation grâce à son traitement de substitution.
L’approche du Projet Lama face aux drogues est anti-prohibitionniste. Pour ce centre, c’est très important d’arrêter de pénaliser les consommateur·ices. On préfère les aider, les informer et les accompagner en soutenant leur autonomie et leur responsabilité. « On ne va pas être dans le jugement d’une consommation, mais on va prendre la personne là où elle en est dans son histoire et dans son parcours de dépendance », m’explique Isabelle. « Même si elle fait le choix de continuer à consommer malgré la prise en charge, on l’accepte. On ne prône pas l’abstinence ici. On cherche à voir comment la personne arrive à vivre avec ses consommations, si c’est problématique pour elle ou non, et si oui, à quels niveaux. »
Réduire les risques liés à la consommation est l’une des motivations du Lama. Dans le hall, du matériel est à la disposition des patient·es : seringues, vitamine C, aluminium non-traité, cups et capsules d’eau stérile. Ça, c’est pour la consommation d’héroïne. On peut aussi trouver des pipes à crack, des tampons désinfectants et des pailles pour sniffer.
Diaboliser, nier ou criminaliser la consommation de drogues ne résout rien. Les raisons qui mènent à l’addiction sont multiples, personnelles, parfois inévitables et une consommation problématique ne s’arrêtera pas sans aide. Proposer du matériel stérile, c’est agir pour réduire les risques d’infections et de propagation de maladies comme l’hépatite C ou le VIH. Travailler à informer les consommateur·ices, c’est sauver des vies. Les accompagner, c’est leur offrir un espoir, une porte de sortie.
Les consultations se succèdent. Certain·es arrivent sans rendez-vous, d’autres sont en retard ou ne viennent pas. Ce n’est pas toujours facile de s’en tenir à des horaires quand on manque de stabilité. Lors d’une légère accalmie, je discute avec Robin Cepitelli (30 ans), médecin généraliste. Il a rejoint l’équipe du Lama récemment. On parle de drogues et de la nécessité d’avoir sur celles-ci un discours clair et honnête : « Toute substance peut être une expérience extraordinaire si elle se réalise dans les bonnes conditions. Ce qu’il faut éviter à tout prix, c’est l’addiction, c’est-à-dire ce besoin incoercible de retourner vers le produit, quoi qu’il en coûte. C’est toute une histoire autour de la dopamine, de la relation désir-plaisir et du cercle du plaisir par rapport à celui du bonheur. À partir de quel moment quelque chose qui est censé te procurer du bonheur devient quelque chose qui peut détruire ta vie ? Au Lama, on est là pour prévenir et accompagner, mais au final, les personnes qui viennent ici restent seules face à leur propre conscience. »
En parlant avec Robin, je découvre que le public du Lama est varié : SDF, travailleur·ses du sexe, migrant·es, chemsexeur·ses, teuffeur·ses,… Tou·tes ne sont pas démuni·es, mais entretiennent un rapport problématique à un produit. Robin m’explique être récemment confronté à de nouvelles substances disponibles sur le dark web notamment. « Il y a de plus en plus de produits de synthèse. Ce sont des pilules d’ecsta ultra dosées ou la kétamine par exemple. La kétamine n’est pas une nouvelle substance, mais elle commence à être consommée par un nouveau public, souvent super jeune. » On discute de la nécessité de donner aux gens la possibilité de savoir ce qu’ils prennent, de les informer sur les effets négatifs, mais également positifs des produits. Le but est d’arrêter la langue de bois et que la personne qui décide de consommer puisse le faire de manière éclairée et maîtrisée. « Croire que parler des drogues de manière décomplexée, ça implique nécessairement qu’on légalise ou que tout le monde devienne des gros tox’, aujourd’hui on sait très bien que ce n’est pas vrai. Ce n’est pas parce que tu interdis quelque chose, que les gens vont moins vouloir le faire. C’est même l’inverse et en plus dans de mauvaises conditions. »
« Si on avait toutes les substances à disposition et qu’on connaissait tous les tenants et les aboutissants de chacune d’entre elles, elle serait bien conne la personne qui prendrait l’alcool en premier. » – Robin, médecin
Isabelle frappe à la porte pour demander des informations complémentaires à Robin sur le traitement de substitution d’un patient. Je sors dans le hall où je rencontre Jean-Baptiste*, longues dreads jusqu’aux fesses, prêt à enfourcher son vélo électrique. Quand je lui demande ce que le Lama représente pour lui, la première chose qu’il me dit, c’est que ce lieu lui a sauvé la vie, à lui aussi. Il enchaîne : « Aujourd’hui, je consomme moins, mais ça m’a mis quinze ans. C’est grâce au suivi psychologique que j’ai reçu ici. Je viens toutes les semaines. Les gens perçoivent l’addiction comme quelque chose d’obscur, mais sans aide, ça le devient de plus en plus. » Je l’interroge sur sa consommation. « J’ai surtout souffert de l’alcool et l’alcool, c’est en vente libre. » Il me dit qu’il étudie la psycho et qu’il doit filer à son cours. Il monte sur son vélo et s’en va. Cette hypocrisie qui autorise l’alcool, mais diabolise les autres drogues, j’en discute avec Robin. « Si on avait toutes les substances qu’on connaît sur la terre à disposition et qu’on connaissait tous les tenants et les aboutissants, les effets positifs, les effets négatifs, à court et à long terme, elle serait bien conne la personne qui prendrait l’alcool en premier. »
La journée se termine, la cadence des rendez-vous diminue et tout le monde se retrouve dans le bureau. Ça discute des patient·es, partage des anecdotes pour relâcher un peu la pression et de garder une distance nécessaire face à l’intensité des situations rencontrées. Pour tenir dans ces métiers, il faut savoir se protéger. À 18h, le centre ferme ses portes. Si le vendredi est un jour chargé au Lama, c’est parce que les patient·es savent que durant le week-end, iels devront se débrouiller seul·es. Les travailleur·ses coupent leurs téléphones pros, le week-end peut commencer.
La semaine suivante, je continue mon immersion avec le projet Artha, une équipe mobile qui s’occupe elle aussi des consommateur·ices de drogues, mais en situation irrégulière. Depuis quelques années, un profil est apparu dans la sphère de la toxicomanie : celui des migrant·es shooté·es aux médicaments. Ce jour-là, c’est avec Sabri Ben Abdelhafidh (25 ans) que j’ai rendez-vous. Sabri est psychologue, il travaille au Projet Lama, mais il fait également partie de l’équipe Artha. Le vendredi, le projet tient une permanence au Hub Humanitaire, juste à côté de Tour & Taxis. C’est là que je le rejoins.
J’avance sur l’avenue du Port et m’arrête devant un bâtiment en brique où une file de migrant·es patientent pour entrer. On est juste à côté des bureaux clinquants du gouvernement flamand et à quelques mètres d’affiches pour des nouvelles tours d’appartements de standing. On est aussi tout proche du parc Maximilien. C’est la collision des mondes, le melting-pot raté, loin de l’image multiculturelle constructive dont Bruxelles se vante. L’entrée se fait à travers une grille, un homme assure la sécurité. À l’intérieur, je retrouve Sabri. Il m’explique que celles et ceux qui veulent un rendez-vous doivent venir le matin pour recevoir un numéro et revenir l’après-midi. Il m’avoue ensuite un peu embêté que ma présence ici provoque quelques craintes, surtout pour les photos. Il me dit de voir ça avec David Leclercq, le coordinateur du lieu. Celui-ci me briefe sans ménagement : « Pour certain·es, ici, c’est une question de vie ou de mort. S’il te voit sortir un appareil, ça ne va pas bien se passer. »
La consigne est claire et je m’en doutais bien. J’en profite pour l’interroger sur le lieu : « Le hub regroupe différentes ONG qui aident les gens qui n’ont droit à rien, qui n’entrent pas dans le système. Il s’agit principalement de migrant·es en transit en Belgique qui ne planifient pas d’y faire une demande d’asile, la plupart voulant continuer leur route vers l’Angleterre. Ces personnes-là, parce qu’elles n’ont pas l’intention de rester ici, peu de gens sont prêts à les prendre en considération. » En l’interrogeant sur la manière dont les politiques perçoivent le Hub, je comprends que nos institutions étatiques sont paumées face à la crise des réfugié·es. C'est pour ça que le Hub reçoit tout de même de l'argent des institutions ; en laissant le Hub gérer sur le terrain, les institutions n’ont pas à se mouiller. « L’un des objectifs du Hub est aussi de pouvoir proposer un modèle pour l’accueil et l’orientation de ces publics hors-radars ».
Le local d’Artha est situé au deuxième étage. Au premier, des bénévoles distribuent des vêtements chauds, de bonnes chaussures, des sacs de couchage.
En montant, j’observe des filets bleus tendus entre les balustrades et bouchant l’intérieur de la cage d’escalier. « Ce sont des filets de protection », m’explique Sabri. « Il y avait trop de gens qui se jetaient par-dessus la balustrade. C’est souvent lié à des tensions, de la frustration ou de l’incompréhension. »
Sabri me laisse dans une pièce nue et blanche où Artha tient ses consultations, pendant qu’il s’éclipse en réunion pour être briefé sur l’après-midi qui s’annonce. En l’attendant, je fais la connaissance de son collègue, Sultan Hassan (26 ans). Switchant entre l’anglais et le français, il m’explique qu’il est arrivé en Belgique comme réfugié il y a deux ans et qu’il a vécu dans la rue. Sultan a un humour piquant, il me demande de deviner son âge et quand je lui donne cinq ans de trop, il rigole : « Je travaille trop, c’est pour ça ! » Sous la blague, je devine que le travail est de fait intense et conséquent. Chaque matin, il fait des maraudes, c’est-à-dire qu’il parcourt la ville à la recherche de personnes qui viennent d’arriver pour leur expliquer les dispositifs d’aide en place. « J’ai suivi le même parcours que les migrant·es. Mon expérience m’aide à faire le lien avec ces nouvelles personnes qui arrivent. » Il parle amharique, tigrigna, anglais et apprend le français. « C’est très important de pouvoir communiquer dans leur langue. »
« La consommation des migrant·es n’est pas récréative, elle agit comme un dopage, une manière de supporter le froid, l’attente et la faim. À cela s’ajoutent les violences policières. » – Sabri, psychologue
Sabri nous rejoint et s’insère dans la conversation. On discute de l’arrivée en Belgique des migrant·es et en quoi les vingt premiers jours sont les plus difficiles. « C’est comme s’il y avait une mafia, une bande organisée. Quand de nouvelles personnes débarquent, iels se font racketter. Iels ne connaissent pas le terrain, ne savent pas où dormir, alors d’autres en profitent pour les voler. » Je demande à Sabri comment la drogue vient s’immiscer dans tout ça. « La nuit est longue dans la rue, tu attends que le soleil se lève et pour casser cette interminable attente, il y a l’alcool, les médicaments, les drogues. Quand tu es shooté, le temps passe plus vite, mais le vol devient plus facile aussi. Ou il peut apparaître comme une nécessité pour obtenir plus d’alcool et de drogue. » C’est un cercle vicieux. « La consommation des migrant·es n’est pas récréative, elle agit comme un dopage, une manière de supporter le froid, l’attente et la faim. À cela s’ajoutent les violences policières. » Combien de fois le parc Maximilien a-t-il été vidé sans considération pour les êtres humains qui s’y réfugient ? Comme s’il suffisait de faire usage de la force pour faire disparaître ce qu’on ne veut pas voir.
J’interroge Sabri sur les produits consommés. « L’alcool et le cannabis sont ce qu’on retrouve le plus. Viennent ensuite toute une liste de médicaments que l’on peut obtenir sur ordonnance, mais qui, à forte dose, agissent comme des opiacés : Tramadol, Lyrica, Rivotril. L’addiction, quand elle ne commence pas ici, naît sur le trajet ou même déjà au pays. » Des antidouleurs, des calmants, des antidépresseurs avalés en masse pour tenter de soulager un quotidien brutal.
Dans l’après-midi, Sabri aura plusieurs rendez-vous auxquels je n’assisterai pas, secret médical oblige. Dans le hall, j’observe des affiches explicatives traduites en plusieurs langues. Je reconnais l’arabe, mais il y en a d’autres écrites dans un alphabet que je ne connais pas. « C’est de l’amharique », me dit une voix féminine. Moudane Madieh (28 ans) se présente.
Moudane travaille aussi pour le projet Artha en tant que fixeuse. À la base, un fixeur est une personne qui, dans une région ou situation à risque, sert de guide et d’interprète à un·e journaliste étranger·e. « C’est un peu ça, sauf que moi, je suis là pour faire le lien entre les migrant·es et les différentes aides qu’on peut leur proposer. » La Belgique comme terre hostile et Moudane comme guide. « J’essaie de créer du lien, de répondre aux questions, d’orienter. » Elle aussi parle plusieurs langues dont l’arabe et le somali. « Certain·es arrivent ici hyper défoncé·es, mais je sais comment m’y prendre. J’essaie de discuter, de leur expliquer que je suis là pour les aider. Je sais que j’ai intérêt à assurer si je veux gagner leur confiance. »
Sabri sort précipitamment de la salle de consultation et me dit qu’il va peut-être devoir s’éclipser. On lui demande s’il peut apporter des vêtements dans un autre centre pour un homme polonais qui a tout perdu. « Ce type s’est fait mettre le feu deux fois depuis que je le connais. Je ne sais pas ce qui se passe, mais il y a des bandes polonaises super violentes qui s’amusent à flamber d’autres Polonais·es sans-abris quand iels dorment. Ce sont souvent des histoires de règlements de comptes pour lesquelles les gens n’hésitent pas à se taper dessus, voire à se buter. » Je n’ai jamais nié la part d’ombre inhérente à toute grande ville, mais j’avoue que je ne concevais pas celle de Bruxelles si sombre.
La journée se termine, les rendez-vous s’espacent et je prends congé de l’équipe Artha. J’ai besoin de prendre l’air, alors en sortant du Hub Humanitaire, je marche le long du canal. Au niveau de la station Yser, dans un escalier descendant vers les quais, le sol est jonché de seringues, de cups, d’excréments. C’est là que certain·es, à peine caché·es, viennent prendre leur dose.
En face, au niveau de la berge, une porte en métal est défoncée. Elle mène sur des galeries souterraines transformées en salle de shoot clandestines. Le lieu est régulièrement fermé, mais ce ne sont pas les moyens d’ouvrir une porte scellée qui manquent. Je vois une silhouette de femme entrer. Quelques minutes plus tard, c’est un homme qui sort. Le va-et-vient est continu.
Dans la ville, on partage un territoire commun. Vivre sur ce territoire, c’est accepter de côtoyer d’innombrables réalités différentes. Mais c’est se sentir concerné·e qui nous rend humain et fait de nous des citoyen·nes.
Lorsque je vois la considération quotidienne dont font preuve les personnes que j’ai rencontrées, je suis impressionné. Pour moi, elles sont à l’avant-garde d’un changement nécessaire qui fait face à la réalité et accueille l’autre dans sa complexité, sans le juger. Elles ont compris qu’une ville ne peut pas évoluer si toutes les personnes qui y trouvent refuge ne progressent pas ensemble. Elles travaillent à une société plus juste, où tout le monde a le droit de vivre avec dignité.
*Noms d’emprunt.
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