Les ministres français, italien, chypriote et grec en charge de l’éducation ont signé la “Déclaration conjointe des ministres européens chargés de l’éducation visant à renforcer la coopération européenne autour du latin et du grec ancien”. Un texte qui sera présenté ce mardi 16 novembre à l’occasion du colloque “Europe et langues anciennes: nouvelles questions, nouvelles pratiques”.
À ce sujet, Jean-Michel Blanquer a accordé une interview à l’hebdomadaire. À cette occasion, le journaliste lui a demandé si cette volonté de remettre en avant le latin et le grec n’est pas “aussi une façon de réaffirmer un destin commun des pays européens face aux attaques qui frappent” ces langues, “nouvelles cibles des ‘woke’, qui y voient une manière de diffuser un supposé ‘suprématisme blanc’”.
Et de poursuivre: “plaquer des catégories et une vision du monde contemporaines sur des écrits datant de deux millénaires est d’une absurdité abyssale. Il s’agit d’une révision historique et morale sordide. Ce que nous ont apporté ces civilisations, c’est précisément une ouverture et une recherche d’universel. Par leur réflexion, par leur curiosité insatiable. Par leur désir de découverte et leur ouverture à l’autre”.
Le latin et le grec ouvert aux voies technologiques
Pour ce faire, le ministre de l’Éducation nationale veut renforcer l’apprentissage du latin et du grec ancien, en l’ouvrant au lycée aux élèves de la voie technologique l’an prochain ou en développant l’enseignement optionnel en 6e, a-t-il annoncé ce lundi 15 novembre dans un entretien.
“Je suis convaincu que nous devons à la fois proposer l’apprentissage des langues anciennes à davantage d’élèves et raffermir les liens entre cet enseignement et les autres disciplines pour en montrer la richesse et les apports”, a indiqué Jean-Michel Blanquer au magazine Le Point.
Il explique ainsi que “l’enseignement optionnel en lycée sera ouvert aux élèves de la voie technologique à la rentrée scolaire prochaine: les élèves qui choisissent cette voie pourront ainsi développer leur culture mais aussi, par la découverte des langues anciennes, mieux s’approprier leurs spécialités, dont le vocabulaire technique, en santé, en ingénierie, est très largement d’origine antique”.
Mise en place d’un Conseil supérieur des langues
Parmi les autres mesures, il cite le développement de “l’enseignement optionnel de français et culture antique en classe de sixième, qui plaît beaucoup aux élèves”, et l’installation “avant la fin de l’année civile 2021″ d’un Conseil supérieur des langues, qui aura pour mission “de réfléchir aux possibilités d’améliorer l’apprentissage des langues, anciennes, vivantes étrangères et régionales, en travaillant spécifiquement leurs ‘points de contact’”.
Il dit par ailleurs vouloir ouvrir à la rentrée prochaine des sections “Mare nostrum”, qui permettront “de favoriser et d’améliorer les apprentissages des langues de la Méditerranée, qu’elles soient anciennes, étrangères ou régionales”, en rendant possible pour un élève d’“apprendre conjointement le latin, l’italien et l’occitan dans une dynamique interdisciplinaire”.
Enfin, estimant que les langues anciennes “pâtissent parfois de certains choix en établissement”, il explique que sera “installée dans chaque académie à la rentrée prochaine une mission directement sous l’autorité des recteurs pour suivre les conditions d’enseignement, garantir leur qualité et leur continuité du collège au lycée”.
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