INTERNATIONAL – Les traditionnelles séances de questions au gouvernement en Grande-Bretagne n’ont rien à envier à celles, parfois agitées, en France. Ce mercredi 17 novembre, lors d’une session mouvementée, Boris Johnson en personne s’est fait sèchement reprendre par le président de la Chambre des communes.
“Vous êtes peut-être le Premier ministre de ce pays, mais c’est moi qui suis en charge de cette assemblée”, l’a ainsi fermement rappelé à l’ordre Lindsay Hoyle. Cette séquence est à l’image du reste de la séance. Après deux semaines de polémiques autour d’un scandale de lobbying qui a nourri des accusations de corruption contre son camp, le Premier ministre britannique a ainsi passé mercredi un mauvais moment devant le Parlement.
Accusé de lâcheté
Boris Johnson, affaibli dans les sondages, a proposé la veille de cette audition de réformer le code de conduite parlementaire pour interdire aux députés d’être payés comme consultants politiques ou lobbyistes. Il veut aussi que toute activité parallèle exercée par un député n’entrave pas ses tâches parlementaires. Espérant couper l’herbe sous le pied de l’opposition, le Premier ministre a publié sa proposition sur Twitter au moment même où le chef du parti travailliste Keir Starmer s’exprimait sur le sujet, mettant Boris Johnson au défi d’ordonner une “enquête indépendante” s’il veut véritablement “déraciner la corruption”.
Face à l’opposition le traitant de “lâche”, Boris Johnson a admis avoir fait une “erreur” en voulant “combiner un cas individuel” avec la volonté du gouvernement de modifier les règles disciplinaires pour les députés. À l’origine de cette affaire: une enquête parlementaire concluant que l’élu conservateur Owen Paterson avait fait pression à plusieurs reprises auprès de membres du gouvernement pour défendre deux entreprises pour lesquelles il agissait en tant que consultant rémunéré. Boris Johnson avait volé début novembre au secours de ce député -qui a démissionné depuis- déclenchant une tempête politique.
Il a cependant rétorqué que le Royaume-Uni était “l’une des démocraties les plus propres du monde”. “Ces attaques constantes sur les niveaux de corruption et de favoritisme du Royaume-Uni rendent un très mauvais service aux milliards de personnes dans le monde qui souffrent réellement de gouvernements corrompus”, a-t-il déclaré.
“Quand quelqu’un dans mon parti se comporte mal, je l’exclus. Quand quelqu’un dans son parti se comporte mal, il tente de le tirer d’affaire”, a de son côté dénoncé le chef du Labour Keir Starmer, réclamant des excuses.
Sommé de s’expliquer
Boris Johnson est lui-même confronté à des polémiques sur de luxueuses vacances à l’étranger, la rénovation coûteuse de son appartement de fonction ou les liaisons dangereuses de son gouvernement avec les milieux d’affaires, notamment dans l’attribution de contrats à des entreprises privées dans le cadre de la pandémie.
Une semaine après le début de l’affaire, il s’est trouvé contraint de s’expliquer sur le sujet lors d’une conférence de presse à la Cop26 à Glasgow, au point d’avoir à déclarer que le Royaume-Uni n’était “pas un pays corrompu”.
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