Depuis les vignes de Menetou-Salon et Sancerre, le Premier ministre, accompagné du ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, a voulu se porter au chevet de cette “viticulture dynamique, viticulture exportatrice qui paye un lourd tribut à la situation”.
Jean Castex déguste
Ce coup de pouce “est un soulagement pour la filière viticole”, a réagi auprès de l’AFP Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA et surtout viticulteur dans l’Hérault.
“J’ai demandé à ce que ces aides puissent être distribuées le plus rapidement possible car les besoins en trésorerie (…) sont forts”, a encore plaidé le Premier ministre, qui avait commencé sa visite par une exploitation bio à Menetou-Salon, au nord-est de Bourges. Avant d’y déguster la production, il s’était fait présenter la petite chaîne d’embouteillage opérée par deux ouvriers, la cave et le chai de stockage.
Contexte international, crise sanitaire, baisse des exportations : notre filière viticole est confrontée à d’importantes difficultés.
La mobilisation de l’État doit se poursuivre et s’intensifier.
Avec @J_Denormandie, j’échange dans le Cher avec les professionnels du secteur. pic.twitter.com/G6qIEojyMw— Jean Castex (@JeanCASTEX) August 5, 2020
Jean Castex s’est ensuite rendu à la maison des vins de Sancerre, pour écouter les doléances des professionnels locaux, touchés par la fermetures des cafés, bars et restaurants pendant le confinement, une reprise de l’activité touristique encore assez aléatoire et une “contraction assez forte des échanges commerciaux”, alors que la France “exporte entre 30 et 40% de sa production”, selon Matignon.
Des sanctions américaines encore ressenties
Au total, les viticulteurs estiment que la crise sanitaire a engendré un manque à gagner d’au moins 1,5 milliard d’euros en raison de la mise à l’arrêt des bars, restaurants, rassemblement festifs et du tourisme. À la crise du nouveau coronavirus s’ajoute l’effet des sanctions américaines prononcées fin 2019 sur les vins de moins de 14 degrés (hors vins à bulles), en représailles à un différend commercial entre Airbus et Boeing.
“On s’est senti abandonné avec les taxes Trump, alors que l’on représente une bonne part des exportations”, a déploré Olivier Luneau, propriétaire du domaine Jean-Teiller à Mennetou-Salon, juste avant l’arrivée de Jean Castex. Selon les représentants du secteur, la filière viticole française nécessitait un doublement des aides accordées jusqu’à présent (européennes et nationales), soit 350 millions d’euros au total, pour faire face à la crise.
“Je regrette néanmoins que cette aide de 246 millions d’euros prenne une partie du budget européen consacré à la viticulture”, a toutefois souligné Jérôme Despey, en appelant à utiliser les fonds communautaire pour “des mesures structurantes pour les viticulteurs plutôt que pour des mesures de gestion de crise” Selonlui, 119 millions d’euros viennent de crédits d’État français, et 127 millions sont pris “sur le budget viticole européen”.
Bioéthanol, parfums et gel hydroalcoolique
Dans le détail, l’enveloppe additionnelle doit servir à renforcer les aides à la distillation (+56 millions, 211 au total) et au stockage des excédents (+20 millions, 35 millions au total). Le dispositif de distillation, permis par Bruxelles et financé sur fonds européens, subventionne la transformation des vins invendus en alcool qui servira dans la fabrication de bioéthanol, de parfums ou de gel hydroalcoolique.
Ce seront donc quelque 2,6 millions d’hectolitres qui pourraient être transformés, a précisé ensuite le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie. Les viticulteurs demandaient, eux, de quoi distiller 3 à 3,5 millions d’hectolitres pour faire de la place pour la prochaine vendange qui a débuté dans certaines régions du sud, et démarrera avec trois semaines d’avance, fin août, à Menetou-Salon.
Julien Denormandie, qui se rendait ensuite sur une exploitation céréalière frappée par la sécheresse, a également annoncé que serait prolongé d’une année le dispositif d’exonérations patronales pour les travailleurs occasionnels. Il devait s’achever au 1er janvier 2021 alors qu’il bénéficie aux secteurs ayant des besoins extensifs en main d’oeuvre, dont les fruits et légumes et la viticulture. “Une bonne surprise”, selon Jérôme Despey.
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