Elles sont une centaine et viennent de chez Chanel, Dior, Saint Laurent, Jean-Paul Gauliter, Schiaparelli ou encore l’Opéra de Paris. Après avoir confectionné des masques pour le personnel soignant et les travailleurs en première ligne tout au long du confinement, elles ont élaboré et mis en accès libre, ce mois-ci, le patron d’une robe “aussi verte que possible”.
“Nous avons dessiné un modèle qui se construit à partir de pièces s’emboîtant comme un puzzle pour minimiser les déchets de tissu”, indique la fondatrice de Tissuni, Marie-Béatrice Boyer, au HuffPost. La petite robe verte nécessite moins d’un mètre de tissu. Seuls 94 centimètres pour la taille 36 sont utilisés, “ce qui est bien en dessous des standards du secteur qui utilise entre deux et trois mètres en moyenne”, précise la professionnelle.
Un vêtement responsable
Du croquis à la technique, en passant par l’esthétique, la production et la communication: tout a été pensé de manière responsable. Le patron utilise peu d’encre. Le site internet, lui, a été conçu sur un fond noir pour limiter la consommation d’énergie.
Libre à chacun d’imprimer le patron chez soi, après l’avoir téléchargé gratuitement à cette adresse, ou de commander directement ladite robe au collectif. Tissuni réalise à la demande le vêtement à partir d’un lin biologique cultivé dans le nord de la France. Elle est naturellement teintée en blanc, “l’une des couleurs les moins toxiques”, souffle la créatrice.
Mettre en accès libre le prototype n’est pas anodin. Il vise à faire prendre conscience aux uns et aux autres de “la valeur de l’habillement qui s’est profondément dégradée au cours de ces dernières années, explique Marie-Béatrice Boyer. Les vêtements coûtent moins cher, ils sont de moins bonne qualité. Alors, on doit en produire plus et ce n’est pas sans conséquence pour la planète et les hommes.”
Aiguilles, ciseaux et fils à coudre
Depuis le début du confinement, la couture s’est invitée dans les foyers, en France comme à l’étranger. Alors que plusieurs marques de luxe commercialisent leurs masques moyennant une centaine d’euros, les Français ont sorti les aiguilles, les fils et les ciseaux pour confectionner les leurs.
Sur les réseaux sociaux, d’autres vont plus loin. Comme en témoignent les clichés qui accompagnent les hashtags #SewingChallenge et #CraftCore, les utilisateurs donnent une nouvelle vie à d’anciens vêtements. “C’est passionnant ce qui se passe en ce moment”, confie la couturière de chez Chanel.
Sur TikTok, un gilet de la marque JW Anderson porté par le chanteur Harry Styles a inspiré les créateurs en herbe. Au lieu de dépenser 1365 dollars, chacun y est allé de son petit tutoriel pour reproduire un tricot similaire fait de patchwork de pièces de couleurs. “Qui sait, espère Marie-Béatrice Boyer, peut-être que les grandes maisons de couture de demain seront nos propres maisons.”
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