RUSSIE – En prison depuis le 17 janvier, privé de téléphone depuis le 22, on pourrait penser qu’Alexeï Navalny n’a plus voix au chapitre en Russie. Pourtant, il n’a jamais été aussi audible, notamment grâce aux réseaux sociaux. L’opposant russe de 44 ans a soigneusement préparé son retour en Russie, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
Après cinq mois de convalescence passés en Allemagne suite à un empoisonnement présumé (affaire dans laquelle il accuse directement le Kremlin), Alexeï Navalny a pris le chemin de la Russie, car pour lui, il ne peut lutter efficacement depuis l’étranger. Le 17 janvier, il est accueilli dès sa sortie de l’avion par la police, qui l’emmène immédiatement en détention pour avoir violé son contrôle judiciaire en se faisant soigner à l’étranger.
Toujours muni de son téléphone, l’opposant communique sur Instagram depuis la salle d’audience où il est entendu par la justice russe, appelant à résister et à manifester. Quelques jours plus tard, il met le feu aux poudres avec une enquête accablante dans laquelle il accuse Vladimir Poutine d’avoir acquis un immense palais grâce à de l’argent détourné pour plus d’un milliard d’euros, au bord de la mer Noire. La vidéo anti-corruption fait le tour des réseaux sociaux et récolte, en une semaine seulement, près de 100 millions de vues.
La jeunesse fortement mobilisée
Mais le tour de force de Navalny et son équipe, c’est l’organisation de manifestations contre le régime russe dans 65 villes du pays. Des dizaines de milliers de Russes y ont participé et ce, malgré les températures glaciales et l’interdiction des autorités.
La jeunesse s’est fortement mobilisée, notamment sur les réseaux sociaux VKontakte (le Facebook russe) et Tik Tok. De nombreux mèmes ainsi que des symboles anti-Poutine ou des ruses en cas d’arrestation y ont été partagés et massivement relayés pour appeler à se rassembler.
Au final, plus de 2000 arrestations ont eu lieu dans les rangs de l’opposition mais les équipes de Navalny ont d’ores et déjà appelé à manifester à nouveau dimanche 31 janvier, devant la Loubianka, le siège des services secrets russes à Moscou.
Moscou sévit
De leur côté, les polices de Moscou et de sa région ont lancé des avertissements aux Russes. Dans un communiqué, la branche du ministère de l’Intérieur dans la capitale russe a indiqué que “les tentatives” de rassemblements non-autorisés et “toutes provocations” seront “interrompues immédiatement”. Elle a également menacé de poursuites judiciaires ceux qui répondront à ces appels.
Les autorités russes ont également annoncé qu’elles sanctionneront les principaux réseaux sociaux pour avoir incité des mineurs à manifester en faveur de l’opposant Alexeï Navalny.
“Facebook, Instagram, Twitter, TikTok, VKontakte, Odnoklassniki, ainsi que (…) YouTube, seront condamnés à une amende pour non-respect des exigences visant à supprimer la diffusion aux mineurs d’appels à participer à des rassemblements non autorisés du 23 janvier”, a indiqué dans un communiqué le gendarme des télécoms russes Roskomnadzor.
Jeudi 28 janvier, plusieurs proches de l’opposant ont subi des perquisitions voire des arrestations, alors que la date de nouveaux rassemblements approche.
À voir également sur Le HuffPost: En Russie, heurts et arrestations massives pour les manifestants pro-Navalny