La France ? Un coupe-gorge, si l’on en croit le programme du RN pour les législatives. « Les Français subissent une dégradation continue de leur sécurité. Les agressions physiques se multiplient. L’ultraviolence gratuite devient un phénomène banal. Des pans entiers du territoire échappent à l’autorité de l’Etat. De véritables trafics mafieux de drogues et d’armes se sont désormais installés en France », assure la brochure.

Fidèle à sa ligne outrancière, le parti d’extrême droite dénonce le « laxisme » de la justice et annonce qu’elle y remédiera par davantage de « fermeté » : réforme de la justice des mineurs, augmentation des places de prison, limitation des aménagements de peine, présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre…

On ne trouve nulle part trace d’une « explosion » des actes violents ou délinquants

Hélas pour le Rassemblement national, ce diagnostic, par quelque bout qu’on le prenne, est totalement fantaisiste. On ne trouve nulle part trace, ni dans les statistiques de police, ni dans les enquêtes de victimation en population générale, d’une « explosion » des actes violents ou délinquants.

Concernant les agressions, « aucun indicateur crédible ne plaide en faveur d’une croissance de violences physiques, en tout cas depuis le milieu des années 1990 », assure l’Observatoire scientifique du crime et de la justice. Au plus haut, 3 % de la population aurait subi une agression sur une année.

Les agressions caractérisées, c’est-à-dire ayant entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours sont, elles, à peine repérables statistiquement. Quant aux homicides, ils sont au plus bas, « loin de l’ordre de grandeur des années 1980 ». Autant pour la banalisation de « l’ultraviolence gratuite » !

Pas de hausse de la délinquance des jeunes

De plus, ces agressions ne sont pas réparties uniformément dans la population : les jeunes (moins de 30 ans) urbains, en particulier ceux vivant à Paris et en Ile-de-France, sont les plus touchés.

Les chercheurs notent également qu’une petite minorité de la population semble subir des victimations répétées, confirmant qu’aucun élément n’atteste d’une augmentation généralisée de la violence.

Le constat est du même ordre concernant la délinquance des jeunes. Après avoir fortement augmenté dans les années 1990 et s’être stabilisé dans les années 2000, le nombre de mineurs mis en cause par la police ou la gendarmerie diminue depuis dix ans. Leur part dans l’ensemble des mis en cause a même tendance à se réduire. Aucun élément statistique ne montre non plus que ces délinquants seraient de plus en plus jeunes.

Concernant les atteintes aux biens que sont les vols et les cambriolages, enfin, la tendance est à la baisse sur les trente dernières années.

Ceux-ci restent cependant à un niveau élevé si on se replace dans une perspective de longue durée. Le taux de vols et cambriolages a en effet fortement augmenté entre le début des années 1960 et le milieu des années 1980.

Comme l’explique le Centre d’observation de la société, « on entre alors dans la société de consommation, il y a davantage d’objets à voler, on s’assure plus souvent et on les déclare davantage à la police ».

La baisse récente relativise cette hausse spectaculaire, qui a vu les taux de vols et cambriolages être multipliés par huit en trente ans, sans l’annuler complètement.

Une certaine conflictualité dans les interactions

La France n’est donc pas le pays des Bisounours. Certains délits, tels que les débits frauduleux, sont en forte hausse. De même, signalent les chercheurs Philippe Robert et Renée Zauberman, « les agressions sans coups ni blessures – telles les injures, les menaces… – se situent à des niveaux élevés – là encore sans évolution nette – (sur deux ans, entre 14 et 16 % de la population) ce qui semble témoigner de la relative fréquence de frictions sociales, du relief d’une certaine conflictualité dans les interactions quotidiennes ». Mais cela n’intéresse pas le RN, qui tient à dramatiser la situation.

Le « monde sauvage » et l’impunité qu’entend combattre le RN ne sont que des chimères

Ajoutons que l’éventail des crimes et délits n’a cessé de s’élargir et la sévérité des peines de s’accroître notamment en raison de l’ajout de nombreuses circonstances aggravantes aux incriminations déjà existantes.

En conséquence, mois après mois, la France bat son record du nombre de personnes incarcérées (77 647 personnes étaient détenues au 1er mai 2024). En conclusion, le « monde sauvage » et l’impunité qu’entend combattre le RN ne sont que des chimères.

Retrouvez notre série « Les 10 principales contre-vérités du Rassemblement national »

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