CORONAVIRUS – Plus on grandit, plus le danger est élevé, avec ou sans masque: les chiffres rendus publics vendredi 2 octobre par Santé Publique France sur les infections dans le milieu scolaire nous les confirment. Si l’on savait déjà que le Covid-19 dans sa forme symptomatique se déclarait bien plus chez les adultes que les enfants, la répartition des clusters dans les écoles, les lycées et les universités confirme cette analyse…et laisse un certain nombre de questions en suspens.
Le point épidémiologique ne laisse ainsi guère de place à l’ambiguïté: dans les écoles primaires, à la fin du mois de septembre, on comptait 72 clusters sur l’ensemble du territoire, avec en moyenne 6 cas par foyer épidémique. Dans les collèges et les lycées, on passe à 231 clusters, pour 7 cas en moyenne.
“L’essentiel des clusters dans le secondaire et le supérieur”
Des chiffres qui montrent à eux seuls l’impact de l’âge dans la vulnérabilité à Sars-Cov-2: les enfants de 11 à 18 ans sont bien plus touchés que leurs benjamins, alors même que ces derniers ne portent pas de masque. Du côté de la maternelle, les chiffres de contamination sont encore plus bas, avec 34 foyers épidémiques dans toute la France.
Il faut néanmoins rappeler que les plus petits sont bien moins testés que les aînés. Mais ce biais, s’il influence forcément les chiffres rapportés par les autorités de santé, s’appuie justement sur les études menées depuis des mois: les jeunes enfants sont bien davantage asymptomatiques que les plus grands.
Au total, la maternelle et le primaire concentrent 21% des foyers épidémiques, contre 45% pour le collège et le lycée. Il y a pourtant 6,6 millions d’élèves dans le premier degré contre 5,6 millions dans le second. “L’essentiel des clusters se trouve dans le secondaire et le supérieur”, résument les autorités de Santé.
Les cas critiques et la taille des clusters, indicateurs clefs
Dans les universités, dont la rentrée s’est opérée elle aussi au début du mois de septembre, on compte 168 clusters, soit 33% des cas. Mais la taille de ces foyers, chez les jeunes adultes, explose, avec en moyenne 24 personnes infectées: c’est quatre fois plus que chez les élèves du primaire.
Résultat, le “taux de criticité”, un indicateur complexe qui prend en compte le risque de transmission en dehors du foyer et la proportion de cas grave par clusters, suit une courbe exponentielle avec l’âge, ce qui confirme les études déjà parues sur la dangerosité du Covid chez les enfants. Là où en primaire, le taux de criticité est estimé à 11,1%, et 15% dans le secondaire il atteint 42,9% dans l’enseignement supérieur.
Pour le dire autrement, cet indicateur montre la gravité des foyers épidémiques, et c’est à l’université et dans les établissements post-bac qu’il devient significatif. Mais si cela confirme que les adultes sont plus vulnérables que les enfants au Covid-19, il reste une inconnue de taille sur le rôle des établissements scolaires dans ces clusters.
Les établissements scolaires, à l’origine des foyers ou simples réceptacles?
Impossible en effet de savoir si les élèves malades ont été contaminés dans ou en dehors de leur établissement, en particulier dans l’enseignement supérieur. À la fin du mois d’août, une étude menée par le gouvernement britannique tirait ainsi des conclusions globalement très positives de la réouverture anticipée de certains collèges pour des cours d’été. Les étudiants, expliquent les auteurs de l’étude, se sont très peu transmis le coronavirus, et le nombre de cas totaux détectés est resté proche de la moyenne régionale.
“La plupart des enfants infectés”, décrit ainsi le rapport, “ont été identifiés comme cas contacts après que l’un de leurs parents, travaillant souvent dans le secteur de la santé, soit tombé malade. Ces enfants, qui ont donc importé la maladie, ont à leur tour infecté leurs professeurs. Un éventuel cluster dans une école provient donc…d’un autre cluster, formé le plus souvent dans le milieu familial.
Santé Publique France considère qu’un foyer s’est créé dans une classe lorsque trois cas se déclarent simultanément. Impossible alors d’exclure que les enfants se soient vus ailleurs, le soir ou le week-end et se soient alors transmis le virus.
Dans le cas des élèves du supérieur dont la vie sociale est plus diverse que les enfants, la question se pose de façon encore bien plus forte, comme le reconnaît Patrick Rolland, coordinateur interrégional de SPF: “On ne peut bien sûr pas exclure que les étudiants se soient vus hors du campus ou de l’amphi, par exemple à l’occasion d’une soirée étudiante”. On le sait, ces soirées, organisées souvent en intérieur dans des lieux mal ventilés, sont particulièrement propices aux contaminations.
À voir également sur Le HuffPost: Covid: la mise au point Covid d’Olivier Véran du 1er octobre