Depuis le printemps, en effet, les plus de 60 ans sont éligibles à un nouveau rappel vaccinal si leur dernière injection date de plus de six mois. Une protection dont pouvaient déjà bénéficier les plus de 79 ans depuis le début du mois de mars. Mais voilà, la campagne de vaccination n’avance que très lentement, alors que les départs en vacances d’été devraient encore ralentir -voire stopper- ce mouvement vers la vaccination facultative.
“La couverture vaccinale pour les doses de rappel reste notablement insuffisante”, alerte ainsi Santé Publique France dans son dernier rapport hebdomadaire. “Au 20 juin”, précise le rapport, “environ un tiers des 60 ans et plus éligibles à la seconde dose de rappel l’avaient effectivement reçue”. Des chiffres faibles, avec un rythme de vaccination bien timide, n’atteignant pour le moment jamais les 50.000 vaccinations quotidiennes, malgré une augmentation depuis plusieurs jours.
Les Français, en tous cas ceux concernés par ce second rappel, boudent donc le retour de l’aiguille. Mélange de lassitude devant une pandémie qui n’en finit pas et de confiance devant le faible nombre de décès depuis l’hiver 2022? Face à la maladie, la prudence en tous cas devrait être de mise.
“Aucune raison de procrastiner”
“Je ne vois aucune raison de procrastiner pour recevoir son vaccin si l’on est éligible à un rappel”, alerte ainsi l’épidémiologiste Antoine Flahault au HuffPost. D’abord pour une raison simple: le 2e rappel, ça marche. “Il y a de solides données scientifiques aujourd’hui montrant que les hospitalisations pour formes graves de Covid-19 ainsi que la mortalité par Covid-19 sont largement prévenues par les schémas vaccinaux complets (3 doses) associés à un deuxième rappel chez les personnes les plus vulnérables”, précise le spécialiste.
“La 4e dose augmente le taux d’anticorps neutralisants”, précise le vaccinologue Cecil Czerkinsky. Un renforcement de l’immunité particulièrement nécessaire chez les personnes âgées: la protection du vaccin, au bout de six mois, baisse significativement. Pour la population générale, on est plus proche de douze mois d’efficacité.
Dans quelle mesure cette nouvelle injection sera-t-elle la barrière qui contiendra la 7e vague en cours? Pour le moment, il reste difficile d’en juger. “Les effets de cette nouvelle dose ne sont pour le moment documentés qu’en laboratoire”, prévient Cecil Czerkinsky. Un certain flou demeure donc sur la durée de protection apportée par cette nouvelle dose. Car en face, il ne s’agit plus du variant Delta, mais d’Omicron, et en particulier de ses sous-variants BA.4 et BA.5.
Des études sont en cours sur le comportement de ces sous-variants, responsables de la nouvelle poussée épidémique. Mais ce que l’on sait désormais, c’est qu’ils sont extrêmement contagieux… Et nettement plus résistants aux anticorps neutralisants que BA.2. D’où l’importance de maintenir une réponse immunitaire forte, qui permettra à un individu infecté de ne pas voir sa situation empirer.
Attendre la rentrée, un calcul dangereux
L’intérêt de la vaccination est donc réel. Mais quand passer par la piqûre? Si l’on se base sur les deux années passées, l’automne 2022 a de grandes chances de correspondre à une forte remontée épidémique. On pourrait alors être tenté d’attendre la rentrée pour se faire à nouveau vacciner, et bénéficier d’une protection maximale.
D’autant qu’une nouvelle version, plus efficace, des vaccins Pfizer et Moderna, devrait être approuvée par les autorités de Santé avant la fin de l’année. Des vaccins actualisés, dits “bivalents”, avec la souche ancestrale du virus, mais également le variant Omicron, pour une réponse immunitaire améliorée. Mais attention à ce genre de calcul, alors que le Covid-19 reprend du poil de la bête.
“C’est risqué, juge Cecil Czerkinsky. On est quand même dans une vague exponentielle, avec des variants très contagieux”. Un avis partagé par Antoine Flahault. Selon lui, “pour ne pas avoir à gâcher ou même écourter ses vacances, pour ne pas risquer des formes graves”, c’est maintenant qu’il faut aller se faire à nouveau vacciner lorsqu’on est éligible. Si la populationg énérale peut se permettre d’attendre, les plus fragiles ne doivent pas prendre ce risque.
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