Cette séance de création poussée de personnage sonne comme un second rappel sur ce qu’est Cyberpunk 2077 : un RPG. Même si on y retrouvera des aspects d’un Grand Theft Auto pour l’open world que l’on peut parcourir librement et d’un FPS classique pour les gunfights, Cyberpunk 2077 est un jeu plutôt lent qui vous demandera d’écouter, de fouiller, de lire, d’explorer, de développer vos compétences, d’améliorer vos armes et parfois de vous battre. Il est donc bien plus complexe de le ranger dans une case, et c’est ce qui fait tout son charme.
La première chose qui saute aux yeux lorsqu’on lance Cyberpunk 2077, c’est son atmosphère. De nuit comme de jour, Night City transpire de réalisme et la ville grouille de vie. Où que vous alliez, des centaines de PNJ vaquent à leurs occupations et vous proposent quasiment tous une interaction (dialogue, missions secondaires, activités), le tout au milieu d’une circulation dense faite de voitures, de navettes volantes et de métros aériens. Là où la plupart des open world disposent d’une ville prétexte à une histoire ou d’un monde immense mais vide, Cyberpunk 2077 n’a fait ni l’un ni l’autre.
« Incroyable, avec le Ray Tracing en ultra, tu vois ton pied dans la flaque d’eau sur le sol ! »
À pied comme en bagnole, Night City hypnotise par sa grandeur. Des Badlands désertiques au centre ville tokyoïste, chaque quartier a sa propre vie, ses gangs, bars, restaurants, magasins et autres clubs louches en sous-sol où vous pouvez vous faire greffer des implants – tous ouverts bien sûr. Pour faire simple, imaginez que vous pouvez vous balader librement dans les villes des films Blade Runner, Total Recall et Los Angeles 2013 réunies. Les développeurs de CD Projekt ont réussi à donner une identité forte à une ville qui ne demande qu’à être explorée, un open world digne de ce nom où n’importe quelle ruelle sombre d’une map immense a quelque chose à vous offrir.
Si errer dans les rues jusqu’à entrer dans sex shop de cyborgs ou s’acheter un burrito dans un distributeur avant de rouler sur des passants émerveille, c’est aussi parce que cette atmosphère envoûtante est sublimée par une technique quasi parfaite. Je vais vous épargner les « Incroyable, avec le Ray Tracing en ultra, tu vois ton pied dans la flaque d’eau sur le sol ! », mais disons juste que le jeu est une claque visuelle. Que ce soient les effets de lumières des néons flashy et autres hologrammes qui habillent Night City aux détails apportés à tous les personnages ainsi qu’à l’environnement général, Cyberpunk 2077 est aujourd’hui ce qui se fait de mieux en matière de graphismes.
Pour votre information, nous l’avons testé sur un PC équipé d’un processeur Ryzen 3900x, d’une RTX 3080 et de 32Go de RAM, soit une machine de guerre. Notez aussi qu’il s’agissait de la version “avant patch day one”, ce dernier devrait apporter une meilleure stabilité et des corrections quant à quelques bugs – genre, une voiture qui tombe du ciel ou une quête qui ne se lançait pas. Au-delà de ça, le jeu tournait parfaitement. Encore heureux me direz-vous. Impossible donc pour l’instant de savoir ce que les versions next gen proposeront, puisque un patch n’arrivera qu’en janvier.
L’atmosphère est aussi sublimée par une narration brillante qui ferait passer n’importe quelle série Netflix pour un projet d’étudiants. Les personnages principaux comme secondaires sont attachants, ont une histoire, un style et aucun d’eux n’est là pour vous servir une soupe de morale. Les discussions (avec choix multiples pouvant changer le déroulement du scénario) se déclenchent très naturellement, puisqu’il suffit de s’approcher de l’un des PNJ pour que celui-ci, alors en train de fumer une clope ou au téléphone avec sa copine, commence à vous parler. Pas de trigger bouton, de plan caméras unique ou de positionnement relou pour lancer la quête. Le jeu aborde des thématiques passionnantes, comme le transhumanisme cher à Laurent Alexandre, le droit de disposer de son corps et de son âme, l’amitié, la réussite. La vie en somme.
En roulant dans Night City, vous serez en permanence alpagué par le son des publicités holographiques géantes ou des caissons de basse d’un club situé plus bas faisant vibrer les murs
La présence de Keanu Reeves dans le rôle de l’énigmatique Johnny Silverhand, mi-rockstar, mi-terroriste, donnera une saveur particulière à l’histoire tant le personnage est captivant.
La cerise sur le gâteau de cette atmosphère : l’ambiance sonore. Elle est de haute volée et participe à donner une âme à cette ville. En roulant dans Night City, vous serez en permanence alpagué par le son des publicités holographiques géantes ou des caissons de basse d’un club situé plus bas faisant vibrer les murs. Rien n’est laissé au hasard. Nous ne pouvons que vous conseiller de jouer au casque. Les doublages français comme les radios sont d’ailleurs d’une excellente facture. Je n’ai pas souvenir d’un tel boulot dans les jeux vidéo.
Concernant les mécaniques du jeu, elles sont classiques et efficaces. Vous avez accès à toute la map presque dès le départ et libre à vous de vous déplacer à pied, en voiture, à moto ou en métro. La conduite est très proche d’un Grand Theft Auto. Ensuite, il vous faudra choisir entre missions principales, missions secondaires types contrats, évènements aléatoires dans la rue (arrestations, aider quelqu’un, gang rival etc). Vous pouvez ajouter à cela beaucoup d’activités comme se bourrer la gueule, manger des sushis, acheter des armes, vendre des armes, vous payer une prestation auprès d’une travailleuse du sexe (qui sera peut-être un robot, ou un hologramme, qui sait) des free fight clandestines sur les toits… Tout ce qu’une ville d’un univers cyberpunk peut vous offrir.
Que les fans de Call of Duty se rassurent : ils pourront même glisser par terre pour esquiver
Si les missions suivent bien sûr un scénario, à vous de voir comment vous voulez agir. En bon RPG, la liberté sera laissée au joueur. Vous pourrez la jouer bourrin et tirer dans le tas. Les gunfights, cible première des inquiétudes des joueurs, sont bons sans être transcendant. Le côté lourd et un peu pataud de notre personnage est compensé par un large choix d’armes qui réagissent bien dans l’ensemble ainsi que de gadgets que vous pourrez modifier : balles autoguidées, balles ricochantes et j’en passe. Que les fans de Call of Duty se rassurent : ils pourront même glisser par terre pour esquiver et faire pew pew pan !
Si vous préférez la jouer infiltration, c’est aussi possible. L’action se déroule en 2077, il est donc possible de hacker pas mal de trucs puisque tous les habitants de Night City sont des humains augmentés grâce à des nanotechnologies. Il vous suffira de sortir un câble USB de votre poignet et de vous brancher sur un terminal. Toutefois, ce n’est pas quelque chose de fondamentalement central dans le jeu. Oui, il est possible de distraire des gardes, prendre le contrôle de caméras, pirater des voitures ou faire exploser les implants d’un ennemi, mais ça n’ira pas beaucoup plus loin. Et c’est tant mieux. Les phases de hacking dans les jeux vidéos sont bien souvent plus pénibles qu’agréables, et on se retrouve toujours bloqué 40 minutes avec une énigme idiote qui n’a, au final, rien à voir avec du hacking.
Cyberpunk 2077 est un titre qui réussi à tous les niveaux et peut se payer le luxe de dire « Maintenant la référence, c’est moi »
Vos actions définiront ensuite votre réputation auprès des PNJ et pourront ouvrir (ou fermer) certains dialogues et quêtes. Ces dernières vous feront gagner des Eddies (la monnaie locale), des points d’XP et autres objets rares, tout cela vous permettant de les dépenser en vue d’augmenter votre personnage par des nanotechnologies en tous genres, d’acheter ou fabriquer de nouvelles armes, de nouvelles fringues et bien d’autres. L’arbre de compétence est conséquent et fabriquer de nouvelles nanotechnologies vous demandera beaucoup de temps. Là encore, vos choix et vos priorités influeront sur le parcours de V.
Maintenant, on est en droit de se dire que ce jeu doit bien avoir des défauts, non ? Oui. Sa mini-map déjà. Celle-ci est beaucoup trop “zoomée”. Lors des déplacements en voiture (si comme moi vous roulez pied au plancher à contresens), elle nous indique trop tard le virage à prendre. C’est un peu agaçant. Et sinon ? Le titre demande une grosse machine pour en profiter, et pas sûr que les millions de propriétaires de Playstation 4 et autres vieilles Xbox puissent en profiter pleinement. Enfin, certains trouveront Cyberpunk 2077 sans doute trop scripté à leur goût, trop dur, trop court, trop mou, trop beau, juste trop.
Enfin, Cyberpunk 2077 est un titre qui réussi à tous les niveaux et peut se payer le luxe de dire « Maintenant la référence, c’est moi ». Les heures qui vous attendent vous feront très vite oublier que vous mourrez d’envie d’aller dehors boire des verres avec vos amis. Après tout, pourquoi sortir quand on peut être pote avec une clé USB et vivre ses fantasmes de meurtres grâce à des nanotechnologies intégrées à votre cerveau ?
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