Après une période d’attente, les Français ont découvert, le lundi 23 décembre, “un nouveau gouvernement sous le sapin”, comme l’indique La Libre Belgique. Cependant, son avenir semble incertain, alors qu’il n’a pas encore eu l’occasion de se manifester, note El País.
L’Élysée a présenté, en fin d’après-midi, l’équipe gouvernementale qui inclut des figures politiques notables, telles que les anciens Premiers ministres Élisabeth Borne, maintenant ministre de l’Éducation, et Manuel Valls, chargé du portefeuille de l’Outre-mer. La continuité est également de mise, avec 19 ministres reconduits, parmi lesquels Bruno Retailleau (Intérieur), Jean-Noël Barrot (Europe et Affaires étrangères), Sébastien Lecornu (Armées) et Rachida Dati (Culture).
Parmi les nouveaux membres, Éric Lombard, ancien directeur général de la Caisse des dépôts et décrit par François Bayrou comme un homme de gauche, se voit confier le ministère de l’Économie. François Rebsamen, ex-ministre de François Hollande, qui a soutenu Emmanuel Macron de manière critique depuis 2022, devient ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Gérald Darmanin fait également un retour inattendu au ministère de la Justice.
Le nouveau Premier ministre, François Bayrou, a exprimé sa “fierté” d’avoir constitué “un collectif d’expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français”, seulement dix jours après son arrivée à Matignon. “Je suis convaincu que notre action permettra d’éviter toute censure”, a-t-il déclaré sur BFMTV, peu après la présentation de son gouvernement.
Une nouvelle “alliance macronistes-LR”
En revanche, la presse internationale demeure moins positive. “Bayrou semble avoir échoué dans sa première mission : construire une base plus large que Barnier pour éviter l’effondrement du gouvernement”, analyse Politico.
“Le nouvel exécutif, bien qu’inclus de personnalités issues du PS comme Élisabeth Borne, Manuel Valls et François Rebsamen, n’est plus considéré comme véritablement de gauche. Il ressemble plutôt à l’alliance macronistes-LR de son prédécesseur, renforcée par des figures politiques de droite”, note Le Soir. Loin de la large coalition pluraliste qu’espérait le président du Mouvement démocrate (MoDem), cette composition ne semble pas répondre aux attentes de dépassement des clivages traditionnels.
Les “quatre partis de gauche n’ont aucune raison d’être satisfaits du casting du gouvernement Bayrou”, souligne La Libre Belgique, ajoutant que “l’arrivée de Manuel Valls et de François Rebsamen, perçus comme des traîtres, est un affront pour la gauche”.
Pour ce qui est de la droite, “maintenant que les Républicains ne sont plus représentés par un Premier ministre de leur bord, ils ne se sentiront plus aussi liés au gouvernement qu’auparavant”, estime Süddeutsche Zeitung. Bayrou dispose au mieux de 215 parlementaires, dont seulement 168 issus du camp centriste de Macron, alors qu’il lui faudrait 289 voix pour obtenir la majorité absolue. Ce nouveau gouvernement est donc perçu comme “une sorte de Barnier II, mais moins stable”.
L’extrême droite va “continuer à faire la pluie et le beau temps”
Selon La Libre Belgique, l’extrême droite devrait “continuer à jouer les arbitres et à faire la pluie et le beau temps, comme elle l’a fait avec le gouvernement Barnier”. Elle a déjà réussi à écarter du nouvel exécutif Xavier Bertrand, ancien ministre de droite, président de la région des Hauts-de-France, et adversaire de Marine Le Pen.
Face aux fragilités du gouvernement, de nombreux journaux étrangers s’interrogent sur la durabilité de l’équipe de Bayrou. “À son arrivée à Matignon, Barnier jouissait d’un certain crédit auprès d’une partie de l’opposition, ce qui semble de moins en moins le cas de son successeur, qui a multiplié les faux pas depuis son entrée en fonction”, remarque Le Soir.
“Après avoir rencontré des difficultés lors de ses deux premières semaines à l’hôtel de Matignon, François Bayrou devra faire preuve d’écoute, de diplomatie et de dialogue pour tenir jusqu’en juillet, date à laquelle le président de la République pourra dissoudre l’Assemblée”, prédit Le Temps. D’ici là, il devra également établir de bonnes relations avec Emmanuel Macron et gérer les ambitions des quatre poids lourds de son équipe. En attendant, le constat demeure : après les jours heureux des Jeux olympiques et la réouverture de Notre-Dame de Paris, les Français se montrent désabusés, face à une dette en forte augmentation et un pays en panne.
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