Organisé par sa famille ainsi que l’asbl Présence et Action Culturelles (PAC) pour laquelle travaillait Sourour, le rassemblement a réuni plus d’une centaine de personnes endeuillées.
Devant l’entrée du commissariat, des portraits d’elle sont entourés de bougies et de bouquets de fleurs. Parmi les soutiens, on note la présence d’Ayoub Bouda, grand frère de Mehdi Bouda, mortellement percuté par un véhicule de police en août 2019 à Bruxelles. Il avait 17 ans.
Les faits remontent à la soirée du 11 janvier dernier dans le quartier du Châtelain, à Ixelles. Sourour, en état d’ébriété, a été arrêtée et placée en cellule de dégrisement. Ce n’est que le lendemain, vers 7 heures du matin, que les policier·es auraient retrouvé son corps sans vie dans sa cellule. Selon les éléments transmis à la famille, Sourour se serait suicidée par auto-étranglement avec son pull.
Une version difficile à croire pour ses proches et l’avocate de la famille, Selma Benkhelifa, qui assurent que Sourour n’avait rien d’une personne suicidaire. Mère aimante d’un jeune garçon de 19 ans et travailleuse sociale très appréciée, elle était connue pour sa joie de vivre, son sens de la solidarité et son engagement politique, notamment féministe. À la fin du rassemblement, une de ses anciennes collègues de travail témoigne : « Sourour disait toujours que son prénom voulait dire “sourire”. Alors on va continuer à sourire pour elle. »
Les motifs et les circonstances de l’arrestation de Sourour au Châtelain restent encore à déterminer. Les caméras de surveillance doivent être saisies et analysées par la justice. Les images de vidéosurveillance de la cellule, qui auraient déjà été visionnées par le Comité P, doivent également être transmises au parquet de Bruxelles, après ouverture d’une information judiciaire. Une autopsie de son corps doit avoir lieu ce lundi 16 janvier.
Les doutes des proches de Sourour concernant sa mort sont d’autant plus persistants qu’elle n’est pas la première à perdre la vie dans l’enceinte du commissariat de la rue Royale. En deux ans, il s’agit de la troisième affaire de décès suspect dans les murs de ce commissariat bruxellois.
Le 18 janvier 2021 – quelques jours après le décès d’Ibrahima Barrie (23 ans) suite à un contrôle de police –, Ilyes Abbedou, un jeune homme algérien sans-papier de 29 ans est arrêté pour pour le vol présumé d’une veste. Dans la soirée, il est placé en cellule à la rue Royale et est retrouvé sans vie le lendemain après-midi. D’après l’autopsie réalisée, il serait mort plus de 9 heures avant que la police ne le constate officiellement. Pourtant, les caméras de surveillance sont censées être contrôlées en permanence pour que l’alerte puisse être donnée au moindre souci. Le médecin légiste affirme qu’aucune trace de violence n’a été décelée et que la mort est intervenue sans intervention d’un tiers. Jusqu’à ce jour, aucune clarification n’a été apportée quant à ce décès inexpliqué.
Il en va de même pour, Mohamed Amine Berkane, également algérien sans-papiers, retrouvé mort dans une cellule du même bâtiment le 13 décembre de la même année. Il avait été arrêté place de la Bourse pour le vol présumé d’un téléphone portable. Il aurait été examiné par un médecin avant d’être écroué, celui-ci ayant signé un document « Vu et soigné », témoignant de la bonne santé de la personne en question. Le décès du jeune homme est annoncé le lendemain aux alentours de 15 heures, après intervention du SMUR. Ici aussi, l’autopsie révèle qu’il n’y aurait pas eu d’intervention d’un tiers dans ce décès.
Quelles que soient les circonstances, mourir dans une cellule de commissariat reste anormal. Une lutte pour la justice s’entame alors pour les proches de Sourour, bien déterminé·es à faire la lumière sur ces évènements tragiques et comprendre comment on peut mourir entre les mains de la police. L’entourage de la victime appelle à rester mobilisé·es pour de prochains évènements, à suivre sur la page Facebook de l’asbl PAC.
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