JEUX VIDEOS – Plusieurs dizaines d’employés américains d’Activision Blizzard se sont rassemblés mercredi 28 juillet devant le siège de l’éditeur américain de jeux vidéo, accusé d’avoir laissé s’installer discrimination et harcèlement.
Environ 200 personnes se sont massées dans le calme devant le siège de Blizzard Entertainment, filiale d’Activision Blizzard, à Irvine (Californie). “Toutes les voix méritent d’être entendues”, disait la pancarte brandie par l’une d’elles.
“Combattons les méchants dans les jeux, combattons les méchants dans la vraie vie”, disait une autre, tenue par une jeune femme.
Culture misogyne
Plusieurs employés de l’éditeur ont tweeté leur soutien au mouvement de grève organisé mercredi 28 juillet. En cause, le comportement de certains cadres du groupe et, plus généralement, une culture misogyne au sein de laquelle les femmes sont en moyenne moins bien payées, moins souvent promues, mais aussi harcelées, parfois sexuellement.
Le tout aurait été facilité par des employés des ressources humaines d’Activision Blizzard, créateur du blockbuster “Call of Duty”, dont le siège social se trouve à Santa Monica en Californie.
Une lettre écrite par des employés de la société et signée par plus de 2.000 personnes avait qualifié d’“odieuse et insultante” la réponse initiale de la direction à l’action en justice de l’État de Californie, intentée le 20 juillet.
Le groupe avait en effet dans un premier temps affirmé que les accusations “ne représent(aient) pas l’environnement de travail d’Activision Blizzard aujourd’hui”.
Ce n’est pas le premier scandale touchant l’industrie du jeu vidéo, ce secteur étant souvent considéré comme un milieu dominé par une culture d’entreprise masculine, où les dérives sexistes et comportements déplacés sont fréquents.
Ubisoft et Riot Games ont également été éclaboussés par des accusations.
“Pas de place pour la discrimination”
“Nous allons immédiatement évaluer les managers et dirigeants de l’entreprise”, a écrit Bobby Kotick, directeur général de la société, dans une lettre envoyée mardi 27 juillet à ses salariés et dont l’AFP a obtenu copie.
“Toute personne ayant entravé l’intégrité de notre processus d’évaluation des plaintes et de sanctions sera licenciée” car, assure-t-il, “il n’y a de place nulle part dans notre entreprise pour la discrimination, le harcèlement ou le traitement inégal de quelque sorte que ce soit”.
Parmi les demandes des grévistes: la fin des clauses d’arbitrage obligatoire, qui empêchent de porter plainte contre le groupe, faisant de l’arbitrage l’unique voie de règlement des contentieux.
Les salariés impliqués dans le mouvement réclament aussi des politiques de recrutement et de promotion plus inclusives, et la publication de statistiques sur la diversité et les salaires.
Des “listes de candidats diversifiés”
Le patron d’Activision Blizzard indique aussi, dans sa lettre aux salariés, avoir mandaté le cabinet d’avocats WilmerHale afin d’évaluer la politique de l’entreprise en matière d’inclusion.
Le géant des jeux vidéo prévoit par ailleurs de répondre à l’une des accusations principales portées dans la plainte: une politique machiste et discriminatoire en matière de recrutement et de salaires.
Bobby Kotick écrit ainsi avoir déjà “envoyé un courriel demandant à tous les responsables du recrutement de s’assurer qu’ils disposent de listes de candidats diversifiés pour l’ensemble des postes ouverts. Nous allons ajouter des ressources pour s’assurer que nos responsables respectent cette consigne”.
Boys Club
L’action en justice a été intentée devant la Cour supérieure de Los Angeles par le Department of Fair Employment and Housing (DFEH), une agence de l’État de Californie chargée d’enquêter sur les affaires en matière de droit civil.
Elle fait état de harcèlement sexuel, discriminations ethniques et machisme à l’encontre des femmes qui représentent environ 20% des employés du groupe.
“Les femmes employées ont presque toutes confirmé que travailler pour (Activision) équivalait à évoluer dans un “club de garçons” – boys club-, impliquant “invariablement des hommes buvant de l’alcool et soumettant les femmes à du harcèlement sexuel sans conséquences pour eux”, y est-il décrit.
“Des employés masculins arrivent fièrement saouls au travail, jouent aux jeux vidéo durant de longues périodes pendant leurs heures de bureau et délèguent leur travail à des femmes”, détaille le document.
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