VICE a demandé aux habitué·es du Charlatan et à son staff de partager les moments les plus mémorables qu’iels ont vécu dans ce club.
Wim/DJ Licious, 36 (resident DJ)
« Je ne connais pas un seul DJ qui ne vendrait pas sa couille gauche pour pouvoir y jouer. Moi y compris. Tout est possible au Charlatan, c’est ce qui en fait un endroit si unique. À part au Fuse, j’ai joué dans tous les clubs belges, mais il n’y a qu’au Charlatan qu’on est encouragé·es à faire ses propres trucs. Dans d’autres clubs, tout est à peu près défini : il y a un style de musique qui est fixé, une section VIP et la cabine DJ est protégée. Au Charlatan, les gens viennent se mettre derrière la cabine, les autres DJs viennent mixer avec toi et il n’y a pas de limite de temps pour un set. C’est juste un grand et fantastique terrain de jeu. Le Charlatan est l’un des rares clubs où ça arrive de voir des DJs se battre pour prendre le relais et commencer leur set.
« Je ne connais pas un seul DJ qui ne vendrait pas sa couille gauche pour pouvoir y jouer. Moi y compris. »
Tout le monde est le ou la bienvenu·e. Il n’y a pas de dress code au Charlatan. La première fois que j’y ai joué, j’ai pris la relève d’un groupe de rock. J’ai demandé dans quel style je devais jouer. La réponse ? “Peu importe, ce que t’aimes”. Ce soir-là, avant que mon set ne commence, le matos s’est pété. Les gens ont attendu tranquille, avant de devenir dingues pendant le set.
Mon expérience la plus folle au Charlatan, c’était quand femme a posé ses seins sur le DJ booth et m’a demandé direct si je voulais rentrer avec elle après le set. Elle a aussi proposé qu’on explore le backstage ensemble. Le Charlatan c’est la quintessence du Sex, Love & Rock’n’roll, et de la bonne musique. Il n’y a pas de place pour la négativité ici. Les propriétaires ne se prennent pas au sérieux non plus. Gerald est toujours assis au bar et aide à l’entrée. »
« Je pourrais écrire un livre sur toutes les demandes de musique que j’ai reçues en tant que DJ au Charlatan. C’est un club où tout est permis, et où les gens se sentent libres de s’adresser au DJ. Je me souviens d’un groupe de touristes croates qui a demandé trois fois Depeche Mode dans les 15 minutes qui ont suivi l’ouverture des portes, alors que la salle était quasi vide. Après la troisième demande, ils ont menacé de quitter le Charlatan si je ne mettais pas immédiatement leur chanson. Je leur ai bien sûr poliment montré où se trouvait la porte. Ce qu’il y a de bien avec le Charlatan, c’est que les gens acceptent les réponses du genre et y voient souvent une plaisanterie.
Un jour, un groupe de célibataires néerlandais m’a demandé si je pouvais jouer Mama de Heintje alors que toute la salle s’ambiançait sur du hip-hop et de la house. Je m’étonne toujours de devoir demander à ces gens s’ils trouvent ça logique de mettre un truc pareil. Quand ils y réfléchissent, ils rigolent et réalisent l’absurdité de leur demande. Ça donne souvent lieu à des conversations uniques et très agréables. C’est une des raisons pour lesquelles j’adore jouer au Charlatan. »
Fiorella Di Benedetto, 25 (membre du staff)
« J’ai travaillé au bar du Charlatan pendant deux ans. L’atmosphère était tout aussi agréable pour les client·es qui s’y rendaient que pour le personnel qui y travaillait. L’un de mes meilleurs souvenirs concerne Myagi, l’un de mes collègues avec qui je m’entendais très bien, et qui était connu pour être un gros dragueur. Un soir, il m’a fait une blague : j’étais à la caisse et il a fermé le tiroir de ma caisse avec du gros ruban adhésif ; puis il m’a jeté des citrons verts à la gueule et a menacé de me renverser un récipient plein de pailles sur ma tête. Je lui ai dit que s’il faisait ça, je lui ferais un truc qu’il n’oublierait jamais. Il a renversé le pot sur ma tête.
Une fois chez moi, j’ai imprimé des photos de Myagi et je les ai collées sur des sous verres avec son numéro de téléphone dessus. Je les ai distribués à la caisse le week-end suivant et je les ai aussi collés à hauteur de vue sur le comptoir. J’ai supposé que les client·es se rendraient compte que c’était une blague, et tout le monde est toujours ivre de toute façon ; mais ça s’est passé différemment. Myagi a été inondé de SMS et des gens lui téléphonaient H24 pendant des jours et des jours. Les SMS demandaient combien ça coûtait de passer la nuit avec lui et s’il pouvait prendre rendez-vous. La blague a tellement dégénéré qu’il a dû bloquer son numéro et en demander un nouveau. Il a ensuite tenté de se venger avec l’aide de nos collègues mais ça n’a pas marché. C’était une blague très réussie que je n’oublierai jamais. »
Thang, 40 ans (client régulier)
« Quand c’était encore possible, je venais souvent au Charlatan et j’y restais longtemps en général. Ça a été le cas lors de la soirée avec Dixon, organisée par le DJ Red D. Pour moi, Dixon est un héros ; il a un son qui lui est propre, un son très unique. C’était très agréable de l’entendre jouer à nouveau à Gand et de discuter avec lui. Je pense que c’est un gars méga sympa.
Au fur et à mesure que la soirée avançait, la salle Belgica se remplissait de plus en plus ; les habitué·es arrivaient, tout le monde s’embrassait, le premier verre était consommé… Mais tout d’un coup, un pote s’est approché de moi avec beaucoup d’enthousiasme et a volé dans mes bras. Son doigt, à cause de sa spontanéité, a fini dans mon œil. Et il faut viser très haut pour toucher mon œil. À ce moment-là, j’étais vraiment prêt pour une nuit de ouf à danser sur la musique de Dixon, mais l’état de mon œil a maintenu toute mon attention. Je devais avoir l’air drôle : debout, les yeux à moitié pleins de larmes, essayant d’exécuter mes meilleurs moves. Malheureusement, mon œil n’a pas tenu ce soir-là et j’ai dû quitter la soirée plus tôt que prévu, mais la semaine suivante, j’étais prêt à me montrer à nouveau sous mon meilleur jour au Charlatan. »
Niels Verhaege, 23 ans (promoteur)
« Le 26 février 2020, notre dernière édition du Kelderkot a eu lieu au Charlatan. Pour cette édition, on avait invité le collectif bruxellois Brikabrak. Comme le collectif devait jouer avec quatre DJ différents (et que la cabine est trop petite pour ça), on s’était arrangés pour jouer depuis la scène au fond de la salle.
La salle était pleine et l’ambiance si bonne qu’au cours de la soirée, le public est aussi monté sur scène. Ça a créé une atmosphère sans précédent à Charlatan. Au bout d’un moment, c’est même devenu un peu incontrôlable. Il y avait tellement de monde que j’ai cru dix fois que la scène allait s’effondrer. Lors de notre set de clôture, on a même dû arrêter la musique pendant un moment pour faire descendre les gens de la scène ! C’est un souvenir fantastique qui ne pouvait avoir lieu qu’au Charlatan. »