Un déplacement pour “illustrer sur le terrain les résultats de la politique de sécurité du quotidien” qui “vise à donner aux forces de l’ordre -policiers et gendarmes- les moyens d’accomplir leur mission au service de la population”, selon les mots de l’Élysée samedi.
Une façon surtout de continuer à creuser son sillon sur ces questions, alors que la sécurité, érigée comme l’une des priorités de l’exécutif pour la fin du quinquennat, reste identifiée comme l’un des talons d’Achille du chef de l’État. Malgré une loi dite “séparatisme”, une autre sur la “sécurité globale” ou un plan de lutte contre les bandes rivales prévu pour début mai, Emmanuel Macron peine toujours à investir ce terrain face aux formations politiques qui en sont des habituées.
La droite tire à vue
Dans ce contexte, et à un an de l’élection présidentielle, la droite et l’extrême droite se sont fait une spécialité de pilonner le bilan régalien du président. Le candidat ex-LR à la présidentielle de 2022, Xavier Bertrand, a par exemple dénoncé dimanche ni plus ni moins que l’”échec total” du chef de l’État en matière de sécurité.
“C’est un constat d’échec total (…) depuis quatre ans, il n’a jamais pris la mesure que le rôle du président de la République était déjà d’assurer la sécurité de ses concitoyens”, a fustigé le président des Hauts-de-France dans l’émission “Questions politiques” de France Inter et Le Monde.
Xavier Bertrand, comme nombre de ses collègues avant lui, reproche notamment au chef de l’État un manque de cohérence et un soutien ”à géométrie variable” aux forces de l’ordre qui méritent, selon lui, plus de “moyens humains et matériels” mais aussi davantage de protection.
Macron en mode riposte
“On ne peut pas sur Brut (dans une interview en décembre à ce média) reprendre le mot de violences policières”, a-t-il accusé, ajoutant: “on ne peut pas dire qu’on soutient les forces de l’ordre et avoir le t-shirt d’un auteur de bande dessinée sur les violences policières à Angoulême”, où le président avait, en janvier 2020, posé au côté du dessinateur Jul en tenant un t-shirt qui symbolisait ces violences.
Ce n’est pas un hasard si Emmanuel Macron a accordé une interview fleuve, presque intégralement consacrée aux questions sécuritaires au Figaro, dimanche, à quelques heures de son déplacement dans l’Hérault. Le président de la République y affiche sa “détermination à faire reculer la délinquance partout” et s’attache à défendre son bilan face aux nombreuses critiques, promettant notamment de tenir son objectif de 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires d’ici la fin du quinquennat.
“Aujourd’hui, 4508 policiers et 1706 gendarmes ont déjà été recrutés, soit 6214 membres des forces de l’ordre. Nous aurons en complément, dès cette année, 2000 policiers et gendarmes de plus”, promet-il sur le plan comptable, tout en louant ses décisions en matière d’antiterrorisme, du renseignement territorial, à la création du renseignement pénitentiaire ou dans la lutte contre les trafics de stupéfiants.
Contexte de violences
Surtout, le chef de l’État redit son soutien aux forces de l’ordre, ébranlées par la recrudescence de violence à leur encontre. “J’ai dit et je répète: il n’y a pas de violence systémique de la police, c’est faux”, tient-il à marteler en réponse au débat sur le terme “violences policières”, ajoutant: “moi j’ai toujours été très clair: en soutien, non pas simplement dans les mots, mais dans les actes. Ce n’est pas moi qui ai supprimé des compagnies de CRS ou appauvri certains commissariats!”
Mais il en faudra sans doute davantage pour rassurer les premiers intéressés, après un week-end marqué par la décision de justice polémique dans l’affaire dite des “policiers brûlés” à Viry-Châtillon. Huit jeunes accusés de tentative de meurtre ont été relaxés, cinq autres condamnés, provoquant la stupeur des victimes, de leurs avocats et de plusieurs élus locaux.
“Les actes commis sont ignobles et d’une rare cruauté. Ils resteront gravés dans nos mémoires”, estime à ce sujet le chef de l’État dans Le Figaro. Il aura sans doute l’occasion d’en dire davantage ce lundi depuis Montpellier, avant que le syndicat Alliance ne descende à nouveau dans la rue le lendemain pour faire entendre les craintes des forces de l’ordre.
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