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Une jeune Libanaise étreint le président Emmanuel Macron lors d’une visite dans le quartier de Gemmayzeh, qui a subi d’importants dégâts suite à l’explosion massive qui a détruit une partie de Beyrouth, au Liban, le 6 août 2020.

La chaleur harassante qui surplombait la capitale libanaise ce jeudi 6 août n’aura pas eu raison du message que le Président de la République française voulait délivrer aux Libanaises et Libanais mais surtout à toute la classe politique du pays: une nouvelle ère doit voir le jour au pays du Cèdre. 

Premier chef d’État étranger à se rendre au Liban depuis la tragique double explosion du port de la capitale le 4 août dernier, Emmanuel Macron était venu pour apporter son soutien aux familles endeuillées et aux sauveteurs engagés, il a en fait ouvert une nouvelle page de la relation bilatérale franco-libanaise. 

Quelques minutes seulement après avoir été accueilli par son homologue Michel Aoun, c’est seul qu’il se présente face à la presse avec un discours particulièrement acerbe à l’endroit des autorités: la classe politique dans son ensemble doit assumer les responsabilités qui sont les siennes face à la crise morale, économique et sociale inédite que traverse le pays. C’est aussi sans les autorités libanaises qu’il se rendra sur le port en ruines, saluer et parler aux sauveteurs en détresse. Déjà l’émotion est palpable, “n’oublie pas, le Liban est ton fils” répétera au chef de l’État l’un d’entre eux. Si déjà se dessinent dans les esprits les nouveaux contours de la relation bilatérale franco-libanaise, c’est bien dans l’amitié ininterrompue et infaillible qu’elle s’inscrit. 

À tous ceux qui seraient tentés de lire cette visite via le prisme du post-colonialisme, il faut rappeler que la force du lien entre les deux pays est telle que beaucoup au pays du Cèdre, nostalgiques parfois, se sentent français dans leur âme.

Parce que c’est la France, parce que c’est le Liban. Le Président de la République est ensuite allé à la rencontre des habitants de la ville, de qui il a reçu un accueil à la hauteur de la peine et de l’espoir que ressent ce peuple continuellement meurtri depuis plus de cinquante ans. Le pays porte les stigmates économiques et sociaux d’une guerre qui n’est jamais bien loin, et le Président Macron y est attendu comme le dernier espoir. Devant la foule libanaise la mutation du Président est visible à vue d’œil: manches retroussées et à gorge déployée c’est une promesse qu’il a faite à tout un pays, au vu et au su de toute la classe politique qui le regarde et qu’il pointe du doigt, encore, pour la responsabilité immense qu’elle porte dans le développement de la corruption, d’une justice inopérante ou encore d’un système bancaire dont l’opacité est inégalée dans le monde

Confiance mais exigence. Jamais un allié n’avait aussi clairement adressé aux autorités libanaises un tel ultimatum. À la différence de Jacques Chirac, grand ami du Liban et dont Emmanuel Macron a emprunté la verve et la passion incarnée des Orients, cette fois-ci c’est l’ensemble du réseau de la classe politique qui est pointée du doigt. À toutes celles et tous ceux qui depuis la France seraient tentés de lire cette visite via le prisme rétrécissant du post-colonialisme, il faut rappeler que la force du lien entre les deux pays est telle que beaucoup au pays du Cèdre, nostalgiques parfois, se sentent français dans leur âme. En ce sens, aux yeux des Libanais, qui ont d’ailleurs immédiatement placé en top tweet les mots ”#LePèreDeTous” à propos du Président Macron, ce dernier n’a fait qu’incarner ce que lui seul au monde pouvait: une amitié indispensable et ferme.

Enfin, il faut rappeler que c’est avant tout au versement d’aides financières internationales que la France et ses alliés ont répondu par la conditionnalité de réformes majeures: pour recevoir les 10 milliards d’euros de la conférence CEDRE et les 11 milliards du FMI, outre la corruption à éliminer c’est la transformation du système d’énergie et l’électricité qui doit être menée, pour faire de l’eau chaude et de l’électricité publique une réalité au Liban.

Emmanuel Macron n’a fait qu’incarner ce que lui seul au monde pouvait: une amitié indispensable et ferme pour les Libanais.

La présence du chef de l’État français à Beyrouth, dans le contexte évoqué, est absolument majeure: par ces images c’est à tous ceux qui seraient tentés de déstabiliser le pays, c’est-à-dire ces puissances régionales comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Iran ou même la Chine que la France parle. Dans un pays où le confessionnalisme prend en otage depuis trop longtemps les intérêts publics, la visite présidentielle coïncide avec l’émergence d’une aspiration inédite au pays du cèdre: si depuis toujours la socialisation passe par le tryptique “ma famille, mon Église, mon parti”, cette catastrophe humaine a réveillé l’élan démocratique qui s’était emparé du pays lors des manifestations de l’automne dernier et semble dessiner les contours d’une citoyenneté libanaise forte, ancrée dans la solidarité d’un peuple qui souffre, dans l’irrémédiable croyance en un avenir meilleur, mais surtout débarrassée de la mainmise des intérêts politiques et religieux domestiques qui ont pillé le pays

Aux paroles devront naturellement succéder les actes. La “Suisse du Moyen-Orient” du vingtième siècle, devenue aujourd’hui l’un des pays économiquement les plus fragiles au monde, est au bord du précipice. La France, en prenant un leadership assumé, dans l’amitié, la fraternité mais l’exigence, pourrait rendre aux Libanais le plus beau service qui soit: la maîtrise de leurs destins et la restauration de leur souveraineté.

À voir également sur Le HuffPost: À Beyrouth, Macron appelé au secours par la foule pour évincer les dirigeants libanais

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