“L’esclavage est un crime contre l’humanité perpétré durant des siècles”, a-t-elle déclaré, devant un parterre de personnalités guadeloupéennes rassemblées au Fort Delgrès, érigé en lieu de mémoire de la révolution de Guadeloupe de 1802.
Louis Delgrès, officier antillais de l’armée française s’était rebellé avec des centaines d’hommes contre le rétablissement de l’esclavage dans les colonies, souhaité par le Premier Consul Napoléon Bonaparte. Le 28 mai 1802, ils avaient choisi le suicide plutôt que la reddition et un retour aux fers. Des décennies plus tard, le 27 mai 1848, l’esclavage était une nouvelle fois aboli en Guadeloupe, cette fois définitivement.
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174 ans après l’abolition de l’esclavage
Dans un communiqué, le LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon, “Collectif contre l’exploitation outrancière”) a fustigé le choix de ce lieu pour ce qu’il a appelé une “commémoration coloniale” tenue “sous la haute autorité d’un esclavagiste”, le fort abritant la tombe du général Richepanse, venu rétablir l’esclavage en Guadeloupe.
Énumérant les “blessures” endurées par les Africains, déportés dans les bateaux négriers, la ministre a déclaré: “la mémoire de leur martyre nous oblige” et “nous devons regarder ces blessures en face, en pleine conscience de leur funeste souvenir”.
“La mémoire partagée”, remède “contre les discriminations”
La “mémoire partagée” est un “remède” contre les discriminations ou le racisme, “ce remède porte un nom, la réconciliation”, a-t-elle insisté, en renouvelant la promesse de l’installation à Paris d’un mémorial dédié aux victimes de l’esclavage.
Dans un communiqué, le parti socialiste guadeloupéen a souligné que cette visite intervenait “en pleine période de réserve imposée aux ministres” pour cause de campagne des législatives et n’était possible “qu’en lien avec ce temps mémoriel”. Cela ne saurait “faire oublier que la ministre vient également en appui aux candidats de la majorité présidentielle”, a-t-il relevé.
En Guadeloupe, les élus locaux ont souvent marqué leur désaccord avec la politique du président Macron, allant jusqu’à boycotter la visite de l’ex-ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, dépêché sur place en urgence lors des émeutes urbaines qui avaient secoué l’île en novembre 2021.
“Nous devons travailler en bonne coopération”, a commenté la nouvelle ministre. “Il s’agira de prendre en compte la singularité de chaque territoire et la priorité sera de rétablir une pleine égalité républicaine”.
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