“Nous assistons à une crise de l’autorité. Il faut stopper l’ensauvagement d’une certaine partie de la société. Il faut réaffirmer l’autorité de l’État, et ne rien laisser passer”, déclare le ministre à la veille d’un déplacement à Nice sur le thème de l’insécurité.
De l’extrême droite à la droite tout court
“Ma vision est celle des Français de bon sens: les policiers et les gendarmes nous protègent, et ils courent derrière les voyous. Le rôle du ministère de l’Intérieur, c’est de protéger ceux qui nous protègent, et de les aider à courir derrière les voyous”, ajoute-t-il.
Or ce faisant, Gérald Darmanin reprend un terme cher à l’extrême droite, et que la droite traditionnelle tend à s’approprier, celui “d’ensauvagement”.
Employé en son temps par le poète et homme politique martiniquais Aimé Césaire, le terme a été récemment popularisé par l’auteur Laurent Obertone, maître à penser sécuritaire et identitaire d’une frange conservatrice de l’échiquier politique. Il est utilisé depuis des années par les cadres du Rassemblement national, à commencer par sa figure de proue Marine Le Pen ou encore récemment par l’eurodéputé Jordan Bardella.
Quel niveau de barbarie faut-il atteindre pour que le peuple français dise stop à cet ensauvagement de notre société ? Combien de policiers, gendarmes, conducteurs de bus, jeune filles ou jeunes garçons massacrés faut-il ? MLPhttps://t.co/dnh8uctVV1
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) July 20, 2020
Mais comme le rappellent nos confrères de L’Opinion et comme le montre cette sortie du nouveau ministre de l’Intérieur, depuis 2013, le mot s’est répandu plus largement à droite et jusqu’à séduire dans des milieux divers. Ainsi, après la publication de l’interview, le syndicat policier Synergie s’est par exemple félicité de cette “reprise” de sa “sémantique”.
Et à voir comment Laurent Wauquiez, Éric Ciotti ou Bruno Retailleau, pour ne citer qu’eux, ont pu utiliser le vocable cher à la droite de la droite, il est aisé de comprendre que Gérald Darmanin s’inscrit dans une tendance bien plus large que son simple cas personnel.
Ce samedi 25 juillet, le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti accompagneront le Premier ministre Jean Castex à Nice, où des tirs ont récemment éclaté en plein jour devant un supermarché.
“L’islamisme, voilà l’ennemi!”
Dans cette interview au Figaro, Gérald Darmanin réaffirme également sa volonté de “combattre avec la première énergie” l’islamisme. “Ce qui est très inquiétant, c’est que nous sommes aujourd’hui face à la radicalité d’une minorité très agissante qui veut manifestement mettre à bas les valeurs fondamentales de notre État et le principe même de la nation française”, analyse-t-il.
“Chacun le sait, il ne faut pas être naïf sur une radicalité islamiste qui est un grand danger et gangrène la République. Pour paraphraser une formule célèbre: ‘L’islamisme, voilà l’ennemi!’”, insiste-t-il. “Je suis inquiet pour la République lorsque je vois des gens qui, très clairement, sur notre sol, souhaitent vivre dans une autre société que la nation française”, dit-il.
“Il faut être aveugle pour ne pas voir ce qui se passe”, estime encore Gérald Darmanin affirmant qu’“il y a un projet politique affiché de la part de ceux qui veulent mettre fin à notre nation telle qu’on la connaît. Nous devons donc combattre ce que le président de la République a qualifié de ‘volonté de séparatisme’”.
“On observe un risque très fort d’entrisme dans la vie politique et syndicale. Il y a de l’entrisme associatif et parfois même des essais d’entrisme dans la fonction publique. Donc, il faut lutter contre cette ‘taqîya’, cette dissimulation”, selon lui.
Sur l’islam, le ministre estime qu’“il faut réaffirmer un principe de laïcité avec une religion parfaitement compatible avec la République, qui souffre parfois d’une multiplicité d’interlocuteurs et d’influences étrangères”.
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