Ses lieutenants assument l’aspect “démonstration de force” que le candidat entend exploiter, dans une scénographie sur laquelle Olivier Ubéda, chargé de l’organisation des meetings du fondateur de Reconquête!, a planché de longues heures. “Je pense ça va être très bon”, savourait dans la semaine un récent rallié au polémiste. Comme pour ménager un effet de surprise, les collaborateurs du candidat la jouent volontiers modeste sur les chiffres.
Sarkozy a dépensé 500.000 euros, Zemmour prévoit un million
“On a plus de 40.000 inscrits. On a toujours rempli les événements qu’on a organisés, ça ne sert à rien de rentrer dans une bataille des chiffres. Aujourd’hui, quand on regarde l’affluence par mètres carrés, on arrive a posteriori à compter sans se tromper”, explique au HuffPost Samuel Lafont. Une référence, pour l’avoir vécu en interne, au précédent de François Fillon sur cette même place en 2017, lorsque Bruno Retailleau annonçait 300.000 personnes (ce qui était factuellement impossible). Car oui, Éric Zemmour n’est pas le premier candidat voulant séduire la droite à donner meeting avec la Tour Eiffel en arrière plan.
Remy de la Mauviniere/Associated Press
Mais pour la droite, le Trocadéro n’est pas seulement ce souvenir de cette presque-remontada sarkozyste sur fond de marée tricolore. Le 5 mars 2017, François Fillon y tentait de relancer sa campagne calamiteuse. Sous un temps aussi ombrageux que son avenir politique, François Fillon confirmait son intention de ne rien lâcher en fustigeant “ceux qui fuient le navire”. L’ambiance était tellement crépusculaire à droite que parmi ses soutiens qui avaient fait le déplacement, certains, à l’image de François Baroin, pensaient qu’il allait profiter de ce meeting pour renoncer. Un meeting façon chant du cygne qui a d’ailleurs donné une expression au sein de la droite Macron-compatible.
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Le Trocadéro, c’est le symbole des échecs de toute la droite. Ça fera jamais deux sans trois.”Robert Ménard, maire (EXD) de Béziers, dans Le Parisien.
“En choisissant d’organiser un rassemblement de ses partisans au Trocadéro, Éric Zemmour adresse un véritable clin d’œil aux anciens électeurs de François Fillon”, observe ce samedi une note de la Fondation Jean-Jaurès et de l’Ifop, soulignant que le candidat de Reconquête! n’attire pour le moment que seulement 21% des électeurs de l’ancien Premier ministre, contre 43% pour Valérie Pécresse. L’objectif de la démonstration de force prévue ce dimanche est donc de progresser dans cet électorat pour remonter la pente.
Mais les grands meetings symboliques suffisent-ils en politique? “On espère que ce sera un grand moment politique, il reste 15 jours. Tout va en réalité se jouer dans un mouchoir de poche, et la démonstration de force du Trocadéro peut nous aider à à faire la différence à la fin”, veut croire Stanislas Rigault, président de Génération Z. Auprès du Parisien, le maire de Béziers Robert Ménard, ex-proche d’Éric Zemmour ayant fait le choix de Marine Le Pen, en doute. Et dans une formule, assassine: “Le Trocadéro, c’est le symbole des échecs de toute la droite. Ça fera jamais deux sans trois”.
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