J’ai été élevé dans ce milieu, dans cette culture, mais ma mère insistait pour que je sois pas mieux traité que mes quatre sœurs. On peut pas vraiment dire que ma mère soit féministe, mais en tout cas, elle voulait pas que je sois mis sur un piédestal. Mon père, lui, avait plutôt le discours : « Mon fils, c’est le roi ». Disons que j’ai eu une double éducation, parce que j’étais calmé en permanence par ma mère. J’estime que c’est une chance, ça m’a permis de ne pas devenir un gros macho.
Donc durant l’été 2018, tu t’arranges pour aller à Prizren pendant le Dokufest.
Oui, parce que je cherche à me rapprocher de personnes qui me ressemblent. Les jeunes au Kosovo, pour le moment, ils ont des vies vraiment pénibles : pas de boulot, peu d’opportunités, pas de voyages car pas de visa… Mais du coup, la culture underground est en pleine explosion, avec toutes les sous-cultures de la fête, de la techno, de la drogue, etc. Là, je peux être moi-même. Dans les milieux queer et arty, il y a évidemment plus d’ouverture d’esprit, les gens sont plutôt athés ou laïcs [au Kosovo, 90% de la population est musulmane, NDLR], toutes les sexualités sont acceptées. Pour moi, c’est facile de rentrer en contact avec ces milieux.