Le texte a été mis à l’ordre du jour par le groupe Socialistes et apparentés. Auprès de Libération, le rapporteur du texte Alain David, élu de la 4e circonscription de Gironde, explique que la résolution comporte plusieurs volets.
Tout d’abord, “la reconnaissance et la condamnation du caractère génocidaire des violences systématiques et des crimes contre l’humanité” de la Chine sur cette minorité; puis assurer la protection des Ouïghours réfugiés en France et menacés par Pékin; et enfin, ne pas hésiter à prendre “les mesures nécessaires auprès de la communauté internationale et dans sa politique étrangère” vis-à-vis de la Chine pour la mettre sous pression.
Hasard du calendrier, cette résolution arrive à l’Assemblée au lendemain du réquisitoire de Yannick Jadot, candidat EELV à la présidentielle, face à Emmanuel Macron au Parlement européen. L’écologiste a reproché à Emmanuel Macron d’avoir “célébré” un accord d’investissement signé entre la Chine et l’UE, alors même que Pékin sous le feu des critiques, notamment pour sa conduite vis-à-vis des Ouïghours.
Les Ouïghours, sujet transpartisan
D’ailleurs, la proposition PS trouve un écho ailleurs. La députée LREM Élisabeth Toutut-Picard a indiqué à Libération que son groupe votera la résolution car “il faut passer à un degré supérieur. Le caractère génocidaire ne fait absolument plus débat”, explique-t-elle. Aurélien Taché, député Nouveaux Démocrates rattaché à EELV, assure que les Verts se prononceront aussi en faveur du texte. La droite se dit également pour: “Il y a des moments de mobilisation où il faut savoir dire les choses, et nous demandons que soit reconnu le caractère génocidaire du massacre des Ouïghours”, a déclaré au Monde la députée LR Constance Le Grip.
En revanche, à l’extrême gauche, rien n’est tranché. Les communistes, toujours cités par Le Monde, n’avaint rien “tranché” mardi soir, tandis que la France Insoumise a indiqué qu’elle s’absentiendrait, car “il existe toujours un débat parmi les ONG et les universitaires sur la caractérisation d’un génocide.”
Aucune poursuite pénale n’a à ce jour été entamée par la France. En juillet 2020, interpellé par des parlementaires et après la parution de témoignages poignants et très documentés, Emmanuel Macron avait “condamné avec la plus grande fermeté” les exactions commises par la Chine sur les Ouïghours. En février 2021, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a dénoncé un “système de répression institutionnalisé”. Mais depuis, plus rien. Et le mot “génocide” n’est nulle part.
“On ne peut pas laisser des peuples dans les camps et la souffrance. On parle de crimes contre l’humanité, de génocide tout de même”, plaide Alain David. “Nous sommes conscients de l’importance des échanges commerciaux entre la Chine et la France. Je sais que les intérêts économiques priment sur la morale, mais ne soyons pas dupes ni naïfs. On peut avoir un partenariat, mais en toute transparence”.
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