Dans son jugement, la juge Mélanie Hébert a estimé que le procès, qui a opposé deux versions contradictoires, n’avait pas permis de conclure à la culpabilité de Rozon “hors de tout doute raisonnable”.
“Ce mardi 15 décembre va rester un jour sombre pour toutes les victimes d’agressions sexuelles au Québec”, a immédiatement réagi Annick Charette, qui a décidé de divulguer son identité jusqu’alors protégée par la justice. “Je pense que je suis un autre exemple des limites du système de justice en matière de violence sexuelle”, a-t-elle ajouté devant les médias.
“Trous de mémoire”
À l’issue de son procès le 6 novembre, le représentant du ministère public avait réclamé la condamnation de Rozon, jugeant que la version des faits qu’il a livrée lors des audiences “défie la logique”. La défense de Rozon avait au contraire estimé que son client devait être acquitté au bénéfice du doute, en raison des “incohérences” et des “trous de mémoire” de la plaignante dans son récit des faits, survenus en 1980 alors qu’elle n’avait que 20 ans.
Charette avait affirmé que Rozon avait tenté de l’embrasser et de lui enlever ses sous-vêtements alors qu’ils étaient seuls dans une maison au nord de Montréal. Elle avait résisté, il n’avait pas insisté et ils avaient dormi chacun dans une chambre séparée. Ce qui s’est passé le lendemain matin a fait l’objet de versions radicalement opposées.
La plaignante a dit s’être réveillée parce que l’ancien magnat de l’humour était sur elle, pour avoir une relation sexuelle. Bien que non consentante, elle avait finalement cédé pour “pouvoir passer à autre chose”. Rozon, 25 ans à l’époque, a dit avoir été réveillé parce que la jeune femme était ”à califourchon” sur lui en train de “se faire l’amour”. Il a reconnu avoir été “consentant” tout en affirmant que la relation sexuelle lui avait été imposée.
Le fondateur du groupe “Juste pour rire” avait été éclaboussé par des accusations d’agression sexuelle en octobre 2017, qui l’ont forcé à quitter ses fonctions en plein mouvement #MeToo. Seule la plainte d’une femme avait finalement été retenue par la justice.
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