Brice nous raconte qu’il y a une douzaine d’années, alors qu’il était à Bombay pour un autre projet, il tombe sur des touristes anglais. Ces derniers l’invitent à les rejoindre à Goa dès qu’il ressent le besoin de se changer les idées face la dureté de la vie dans la mégalopole indienne. Intrigué de voir à quoi pouvait ressembler au XXIème siècle le paradis balnéaire hippie des années 1960 et 1970, Brice prend son billet. Et débarque pile pendant la période de Noël.
Il y est immédiatement frappé par le mélange des cultures qui y cohabitent et n’a désormais qu’un but : y retourner pendant les fêtes, pour continuer à prendre des photos. Il finira par y retourner en 2018 et 2019.
Petit point historique : après avoir obtenu son indépendance en 1947, l’Inde, ancienne colonie britannique a réclamé que les colonies portugaises sur le territoire indien – comme Goa depuis 1510 – soient rattachés au pays. Après une annexion militaire en 1961, ce n’est qu’en 1987 que Goa acquière son statut officiel d’état.
Après 450 années de domination portugaise et après avoir été l’Eldorado de la jeunesse sixties sur le chemin de quêtes initiatiques et mystiques avec Pink Floyd en fond sonore, Goa est devenu dans les année 1980 la Mecque de la musique Trance « Goa » au moment où les synthés sont devenus la norme de l’exploration musicale psychédélique. Cette musique aujourd’hui encore très prisée par la jeunesse indienne qui se l’est rapidement appropriée. C’est aussi l’une des destinations préférées des touristes anglais et russes qui viennent chaque mois participer à des Full Moon Party.
Son histoire mouvementée et son climat exceptionnel font de Goa un carrefour de civilisations bigarré, qui devient encore plus coloré en décembre, sachant que plus de 25% de la population locale est catholique.
Quand il ne photographiait pas le joyeux bordel de ce paradis indien, Brice Dossin s’est aussi intéressé au milieu des culturistes ou s’est promené dans un parc d’attraction sur le thème de Jesus qu’il a photographié avec le même oeil malicieux. Il nous confie que même si ces photos sont souvent emplies d’humour, il a pour principe de ne jamais se moquer de ses sujets. Il cherche l’humour dans les situation qu’il observe mais jamais au détriment de personnages immortalisés, autant dire que c’est une belle prouesse en 2020.