Depuis sa première édition en 2017, le Food Trucks Festival de Saint-Maur-des-Fossés se targue d’être le plus grand événement français dédié aux camions-restaus, titre un temps revendiqué par l’esplanade devant le MK2 Bibliothèque, lieu de pèlerinage pour les fans hardcore du Camion Qui Fume, et mollement disputé depuis par d’autres festivals comme Omnivore et ses (8) food trucks éphémères tenus certes par des chefs de renom.
Samedi 10 septembre, une cinquantaine de camtars sont installés place des marronniers, autour de l’église Notre-Dame-du-Rosaire. En hommage à leur ancêtre, le chuckwagon de Charles Goodnight, utilisé pour le transport des vivres pendant la guerre de Sécession, les food trucks forment un cercle que n’auraient pas renié les pionniers partis à la conquête de l’Ouest américain au moment d’établir un bivouac avec leur diligence (sans la playlist RTL2 crachée par des enceintes).
De l’eau a depuis coulé sous les ponts mais le camion-restau, lui, n’a pas tellement bougé. Malgré l’évolution du parc automobile et des techniques de cuisine, il reste l’avatar d’une gastronomie « décontractée » qui repose sur une économie de geste et de produits – 10 % de la flotte présente à Saint-Maur proposait des burgers 100 % faits maison. Le festival se rachète de cette redondance en offrant un généreux panorama de la bouffe de rue à travers le monde ; du Maroc à la Corée, en passant par le Pays basque ou le Sénégal.
Au-delà des jeux de mots faciles – Wok & Roll et son menu thaï ou SO’6 dont la wurst a perdu un peu de sa saveur depuis la sortie en 2009 du film du même nom – les gourmets ont pu découvrir quelques spécialités comme la faluche du Faluch’truck, pain blanc des Hauts-de-France qui sert de canevas à n’importe quel ingrédient, et des classiques chez Chicken Run, son vendeur déguisé en poulet, sa farandole de condiments et ses wings à la panure maîtrisée.
Plusieurs chefs, dont les étoilés Nicolas Sale, habitué des palaces, et Davy Tissot, Bocuse d’Or 2021, étaient chargés de remettre des prix à certains camions mais l’enjeu était ailleurs. Peut-être dans une des six meules de fromage à raclette de Du lard ou du cochon ou sous les cevapci (rouleaux de viande de bœuf et d’agneau hachée et grillée) servis avec du chou et des légumes marinés par Chez Mil’s qui avait revêtu les couleurs du Monténégro et eu la bonne idée de vendre ses bouteilles de Niksicko moins cher que la pinte des stands officiels.