Une vidéo qui, au-delà de la musique, fait parler d’elle parce qu’elle rappelle fortement un fait divers survenu quelques jours plus tôt. Le 26 août dernier, l’apparition sur les réseaux sociaux d’images censées montrer des dealers sur-armés avait effectivement fait scandale.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et le préfet de l’Isère Lionel Beffre s’étaient immédiatement emparés du sujet pour déclencher une vaste opération de police dans le quartier du Mistral, où se déroulait la scène. Rien de plus qu’une manœuvre de communication, à en croire le maire de la ville, l’écologiste Éric Piolle.
Billes en plastique
À la fin du clip, un texte s’affiche et parachève la démonstration: “Les armes sont factices, les produits n’étaient que du CBD, seules les friandises sont vraies.” D’ailleurs, sur l’un des derniers plans, on peut apercevoir l’un des hommes “lourdement armés” se saisir du chargeur de ce qui ressemble à un fusil d’assaut et le vider: seules des billets de plastique en tombent, signe que l’arme est un jouet.
Capture d’écran YouTube
La vidéo se termine par des remerciements à tous ceux qui ont permis de susciter autant d’événement autour de la sortie du clip… et notamment à plusieurs médias qui ont évoqué l’affaire.
Un moyen de se dédouaner pour les dealers?
Au moment de la descente de police dans le quartier du Mistral, déjà, des habitants avaient interpellé le préfet pour lui expliquer qu’il faisait fausse route et que les armes exhibées étaient des jouets, mais aucunement la démonstration de force d’une milice comme il aimait à le croire. “C’est pour un clip de rap”, pouvait-on notamment entendre au loin dans plusieurs reportages.
Reste que cet argumentaire, comme le souligne le Dauphiné Libéré, quotidien régional qui siège à Grenoble, pourrait servir aux dealers à se dédouaner, d’autant que Corbak Hood ne vient même pas du fameux quartier du Mistral. Citant des connaisseurs du milieu local, le journal avance l’hypothèse d’un clip ironique improvisé au vu de l’ampleur prise par l’affaire et servant à “faire baisser la pression tout en ridiculisant l’institution” policière.
Pour l’heure néanmoins, l’opération de police n’a donné aucun résultat et aucune arme n’a été retrouvée sur place. La préfecture de l’Isère a annoncé lundi avoir “amplifié” ses contrôles contre le trafic de drogue dans l’agglomération après la diffusion de ces vidéos et fait état de cinq placements en garde à vue, pour possession de “fortes sommes d’argent en espèces à proximité des lieux de trafic”, ainsi que pour des “faits d’escroquerie” et de “vol”.
Provocation à l’usage illicite ou au trafic de stupéfiants
Le rappeur devrait être interrogé par les forces de l’ordre dans les jours prochains.
Selon le procureur Éric Vaillant, “l’enquête pour association de malfaiteurs (…) est toujours en cours”, mais après la diffusion du clip “les policiers vont rechercher et entendre les auteurs (…) sur les faits de provocation à l’usage illicite ou au trafic de stupéfiants (5 ans d’emprisonnement encourus), port d’armes prohibé (7 ans d’emprisonnement encourus) susceptibles, entre autres, de leur être reprochés”.
“Il s’agit en effet de savoir qui a fabriqué ces vidéos, ce qu’il en est de la nature exacte des armes et de la drogue exposées et des liens entre les vidéastes et les trafiquants de stupéfiants du quartier”, a-t-il ajouté.
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