Les délégations russe et ukrainienne ont quitté la table des négociations, organisées alors que la Russie se heurte à une vive résistance de l’armée ukrainienne et que les sanctions d’une ampleur inédite adoptées par les Occidentaux. Elles rentrent pour “consultations dans leurs capitales” respectives, après avoir convenu vouloir un “deuxième round” de pourparlers, ont annoncé les deux parties.
Alors que les délégations des deux pays étaient réunies, de violents affrontements se sont déroulés dans la deuxième ville d’Ukraine, Kharkiv, où les autorités locales ont fait état d’au moins 11 civils tués dans des bombardements russes.
BELTA via via REUTERS
Le président Zelensky, qui n’a pas participé aux négociations et dont la délégation est conduite par le ministre de la Défense Oleksiï Reznikov, a appelé les soldats russes à “déposer les armes”. Il a également demandé à l’UE une intégration “sans délai” de l’Ukraine. “Je suis sûr que c’est juste. Je suis sûr que c’est possible”, a-t-il lancé.
⚡️??????In Belarus, everything is ready to host Russia-Ukraine negotiations. Waiting for delegations to arrive pic.twitter.com/WSnPMyChwg
— Belarus MFA ?? (@BelarusMFA) February 28, 2022
Appel entre Macron et Poutine
En parallèle de la réunion, le ministre de l’Intérieur ukrainien s’est inquiété de possibles “dizaines de morts” et de centaines de blessés dans la ville de Kharkiv pendant des bombardements survenus en pleins pourparlers. Au moins 11 personnes ont été tuées selon un premier bilan des autorités locales.
Emmanuel Macron a lui échangé ce lundi pendant 1H30 avec Vladimir Poutine, en lui demandant l’arrêt des frappes contre les civils et la sécurisation des axes routiers en Ukraine, des points sur lesquels le président russe “a confirmé sa volonté de s’engager”, selon l’Elysée. Le président français s’est également entretenu avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky ”à plusieurs reprises ces dernières heures”, a ajouté la présidence.
D’après l’Elysée, Vladimir Poutine s’est engagé à :
• “arrêter toutes les frappes et attaques contre les civils et lieux de résidence”
• “préserver toutes les infrastructures civiles”
• “sécuriser des axes routiers, en particulier la route du sud de Kiev”#UkraineRussiaWarpic.twitter.com/1VocbSE86q— Nicolas Berrod (@nicolasberrod) February 28, 2022
De son côté, le président russe a demandé à Emmanuel Macron la reconnaissance de la Crimée, territoire ukrainien annexé par Moscou en 2014, comme territoire russe. Il exige aussi la “dénazification” du gouvernement ukrainien et un “statut neutre” de Kiev comme préalable à la fin de l’invasion de l’Ukraine, selon le Kremlin.
Dans le même temps se tenait à l’Assemblée générale de l’Onu une “session extraordinaire d’urgence” de ses 193 membres qui ont multiplié les appels à arrêter la guerre, jugée “insensée”. Elle a débuté par une “minute de silence, de prière et de méditation”, à l’initiative de son président, l’ex-ministre des Affaires étrangères des Maldives Abdulla Shahid.
La Russie est aussi sur la sellette à l’Onu à Genève où un débat urgent au Conseil des droits de l’homme de l’Onu doit être organisé cette semaine.
Pas de victoire majeure pour la Russie
Sur le terrain, l’armée ukrainienne semblait résister aux forces russes, qui malgré sa puissance de feu n’a annoncé encore aucune victoire majeure.
Lundi, Kiev a indiqué que l’armée russe avait tenté ”à plusieurs reprises” dans la nuit de prendre d’assaut la capitale – où le couvre-feu en place une grande partie du week-end a été levé lundi à 10h (heure de Paris)- mais que toutes les attaques avaient été repoussées.
La ville est désormais hérissée de barricades de fortune, pneus, mobilier, vieille Lada en travers de la route, gardées par des volontaires armés, bandeaux jaunes aux bras. Dans la ville, de longues queues comptant des dizaines de personnes aux visages fermées se sont formées devant les supermarchés.
L’armée russe a assuré que les civils pouvaient quitter “librement” Kiev et accusé le pouvoir ukrainien de l’utiliser comme “bouclier humain”, laissant planer le spectre d’un assaut de grande envergure.
Selon l’état-major ukrainien, Moscou a “ralenti le rythme de l’offensive”, même s’ils “tentent toujours d’engranger les succès dans certaines zones”.
L’armée ukrainienne a indiqué que les forces russes avaient subi de lourdes pertes au nord-ouest de l’Ukraine, et avaient été arrêtées, au sud-est de Kiev, dans la localité de Slobojanski. Mais elles poursuivaient leur offensive sur Marioupol, important port du sud-est, selon Kiev.
L’armée russe a de son côté revendiqué la “suprématie aérienne” sur toute l’Ukraine après la destruction des systèmes ukrainiens Buk M-1, S-300 et de cinq avions de combat. Elle a également affirmé avoir encerclé la ville de Kherson (sud, 290.000 habitants) et pris le contrôle de la ville de Berdiansk, sur la mer d’Azov, (110.000 habitants).
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