Décembre 2021, deux ans après l’avoir promis, le gouvernement a acté la reconnaissance du cancer de la prostate comme maladie professionnelle, car provoquée par l’utilisation du chlordécone.
Ce pesticide interdit en France en 1990 a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu’en 1993. Il a provoqué une pollution importante et durable des deux îles. Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
Toutefois, le décret assortit cette reconnaissance à deux conditions: avoir travaillé pendant au moins dix ans au contact du chlordécone et que le diagnostic du cancer de la prostate ait été fait moins de 40 ans avant la dernière exposition au chlordécone. Ces deux critères ont considérablement refroidi les Antillais concernés, mais aussi les syndicats et élus locaux. Le député LREM de la Guadeloupe Olivier Serva a lui-même déploré que ces critères ne permettent la reconnaissance que d’un “spectre réduit” de personnes. Il a salué une “petite avancée, mais insatisfaisante.”
Hidalgo veut mieux faire
Pour Anne Hidalgo donc, tout l’enjeu est de faire plus et mieux sur ce sujet très sensible et potentiellement porteur de voix. En déplacement en Guadeloupe le 12 février, elle a donc promis la prise en charge intégrale par la sécurité sociale de tous les frais médicaux liés à l’empoisonnement au chlordécone.
En visite sur l’exploitation agricole Assofwi, j’ai réaffirmé mon soutien aux victimes du chlordécone. Cette situation est scandaleuse, j’y mettrai un terme avec un plan de dépollution des sols et par la prise en charge intégrale des soins des personnes malades. pic.twitter.com/cSMnwMlbzH
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) February 12, 2022
“La question du chlordécone est un véritable scandale sanitaire et l’État français a mis beaucoup trop de temps à le reconnaître”, a déclaré la candidate, en visite dans une association d’agriculteurs et exploitation agro-écologique à Vieux-habitants. “Une des mesures immédiates à prendre est la prise en charge intégrale de tous les frais médicaux liés au chlordécone”, a-t-elle déclaré, sans davantage de précisions.
La prise en charge du test de dépistage est -entre autres- réclamée par les Ultramarins concernés. À ce jour, une liste de personnes prioritaires a été établie pour être testées gratuitement. In fine, la gratuité est prévue pour tous, mais par étapes.
Anne Hidalgo a aussi estimé qu’il fallait “un accompagnement financier de l’État pour la dépollution des sols”. “Il faudra une dépollution sur la terre mais aussi en mer”, a-t-elle insisté, puisque le pesticide a contaminé les rivières et la mer, et toute la chaîne alimentaire qui en découle, entraînant des interdictions de pêche dans certaines zones.
PS recherche ses électeurs guadeloupéens
Terre longtemps acquise au PS (72% des Guadeloupéens avaient voté Hollande en 2012), la Guadeloupe ne compte désormais que cinq communes socialistes sur 32 (mais aussi des communes alliées divers gauche), et le parti a perdu récemment le département, après la région. “On reste le principal parti, mais on est affaibli. C’est une vraie crise, il n’y a pas suffisamment de conviction forte, il y a eu beaucoup de défections”, analyse le sénateur Victorin Lurel, membre de la campagne Hidalgo pour les Outre-mer.
“Mais le socialisme n’est pas un gros mot”, insiste-t-il. “Nous ferons campagne”, a-t-il promis. “Je l’ai fait pour Benoit Hamon, même si je savais que c’était désespéré”. En 2017, Benoit Hamon, qui pâtissait d’un gros déficit de notoriété aux Antilles, avait obtenu 9,95% des voix au premier tour, où Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon étaient arrivés en tête.
Anne Hidalgo, en grande difficulté dans les sondages, a appelé dans son discours les militants à “ne pas se laisser laver le cerveau par ceux qui disent que les jeux sont faits” dans cette élection. “La politique, ce n’est pas que du clic, c’est de la rencontre, c’est de l’échange, du regard”, a-t-elle insisté. “Tant qu’on est debout, tant qu’il y a des femmes et des hommes qui vont combattre pour nos valeurs, tant qu’il y a cette énergie-là, il y a là une base d’espérance extraordinaire”, a-t-elle assuré.
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