Son histoire, c’est celle d’un fait divers qui a entouré la célèbre maison de mode italienne au tournant des années 1990. Inspiré du livre de Sara Gay Forden The House of Gucci: A Sensational Story of Murder, Madness, Glamour, and Greed (2000), le film dresse le récit de l’assassinat de Maurizio Gucci en 1995, l’héritier du fondateur de la prestigieuse griffe italienne. Un meurtre commandité par son ex-femme, Patrizia Reggiani, désireuse de percevoir l’héritage et les dernières parts de son ex-mari avant qu’il n’épouse Paola Franchi.
Qui dit superproduction dit casting cinq étoiles. Le rôle-titre a été attribué à Lady Gaga, star de la pop saluée par le passé pour son interprétation dans A Star Is Born. Adam Driver, Al Pacino et Jared Leto sont, eux, respectivement Maurizio Gucci, Aldo Gucci et Paolo Gucci. Une actrice française s’est également glissée dans les rangs en la personne de Camille Cottin. Elle incarne, ici, la nouvelle partenaire de l’ancien dirigeant de l’entreprise de vêtements.
Découvrez ci-dessous la bande-annonce du film.
Depuis la divulgation de certaines photos prises lors du tournage en Italie, les véritables héritiers s’en sont pris au film, inquiets devant l’apparence de ses protagonistes, trop éloignée, selon eux, de la réalité de leurs ancêtres. Le HuffPost a vu House of Gucci et ces remarques ne sont peut-être pas toutes si infondées. On vous l’explique ci-dessous.
Lady Gaga – Patrizia Reggiani
Montage Le HuffPost avec Universal/AP
Le rôle qu’elle tient est charismatique: celui d’une femme issue d’un milieu populaire qui, après sa rencontre avec Maurizio Gucci, va rapidement prendre la place de première conseillère. Ce, jusqu’au jour où son époux, devenu cynique et plus assuré, demande le divorce. Patrizia Reggiani ne digère pas et fait appel à deux tueurs à gages pour organiser son assassinat. Un meurtre dont elle a été reconnue coupable et dont elle a été condamnée, en 1997, à 26 ans de prison.
Libérée en 2013, après avoir finalement passé 18 années derrière les barreaux, Patrizia Reggiani a regretté ne jamais avoir été contactée par Lady Gaga. La star, elle, l’a justifié, expliquant vouloir aborder ce rôle “avec l’œil d’une femme curieuse, à la manière d’une journaliste, afin de pouvoir lire entre les lignes des scènes du film”.
Ce parti pris, l’actrice a souhaité le tenir pendant plus d’un an. Elle s’est teint les cheveux en brun et a parlé avec un accent italien, en plateau comme dans la vraie vie. C’est là que le bât blesse. “J’ai envoyé la bande-annonce à mes collègues du département d’italien, qui sont tous -sauf un- italiens. Et la réaction générale a été la même que la mienne, à savoir: ‘Ce n’est pas un authentique accent italien’”, explique une linguiste au magazine The Cut. Ça ressemble “plus à un dialecte russe qu’autre chose”, ajoute un autre spécialiste dans les colonnes du Daily Beast.
Al Pacino – Aldo Gucci
Dans le film, son personnage est rusé et stratège. Doué pour les affaires, il est entré dans l’entreprise familiale en 1925, date à partir de laquelle il a commencé à étendre l’influence de la marque à l’étranger, notamment aux États-Unis et en Asie où il a ouvert des boutiques. Au mois de janvier 1986, il est condamné à un an et un jour de prison pour fraude fiscale après avoir détourné sept millions de dollars outre-Atlantique. C’est son fils qui l’a dénoncé.
Comme le souligne le scénariste du film, “ils ne cessaient de se déchirer sans se rendre compte que leurs guerres intestines fragilisaient l’édifice de ce qu’ils avaient construit. Et je trouve que, du point de vue littéraire et cinématographique, l’histoire se prête à une fiction. Parce qu’elle parle de trahison. Et des coups que, dans l’ombre, les gens se portent, et de la manière dont ils se manipulent les uns les autres.” Une liberté narrative qui, comme l’a relevé la petite fille d’Aldo Gucci, se manifeste aussi peut-être dans le choix d’Al Pacino?
Jared Leto – Paolo Gucci
L’histoire raconte que celui-ci a tenté, au tournant des années 1980, de lancer sa propre marque de vêtements sous le nom Gucci. Cependant, sans l’accord de son père ni de son oncle, alors propriétaires de la marque. Furieux, ils l’ont licencié du poste qu’il occupait dans la maison. Son père l’a même poursuivi en justice et a menacé de couper les vivres à tous les fournisseurs de la marque qui oseraient s’associer à son fils.
Dans le film, cette manœuvre n’est pas éludée. Elle aurait nourri la soif de vengeance de Paolo. Toutefois, cette volonté de s’affranchir de l’autorité de son père est mise à mal par le caractère fantaisiste, si ce n’est comique, donné à son personnage.
Ses tenues sont moins conservatrices, mais semblent aussi nettement moins bien taillées que celles des autres héros. Elles sont trop courtes et moquées par les autres. Sa manière de danser, de parler ou de même de réfléchir, aussi, le décrédibilisent, faisant de Paolo Gucci, disparu à l’âge de 64 ans dans la pauvreté d’une hépatite chronique à Londres, l’un des ressorts satiriques de cette saga dramatique. Le tout renforcé quelque peu par l’imposante transformation et les heures de maquillage de Jared Leto. De quoi donner raison à sa fille?
Adam Driver – Maurizio Gucci
“Son interprétation de Maurizio est un modèle de retenue. On venait de tourner Le dernier duel avec lui et c’était formidable de voir comment il a abordé ces deux rôles radicalement différents, précise le producteur. Maurizio peut s’avérer très calculateur d’une certaine façon, mais aussi discret et réservé. Il ne dévoile jamais ses intentions.”
Fils de Rodolfo Gucci et petit-fils de Guccio Gucci, fondateur de l’empire Gucci, Maurizio a vendu toutes ses parts à la société Investcorp en 1993 pour 170 millions de dollars sous la pression des autres investisseurs. Les clichés qu’on garde de lui le présentent souvent avec une imposante paire de lunettes, les cheveux soigneusement peignés et des costumes somme tout bien taillés et élégants. Une image respectable qu’on retrouve chez son interprète au gabarit similaire. Suffisant pour rattraper les autres libertés stylistiques? Les prochaines réactions nous le diront.
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