Un tel nombre de détenus marque une première depuis la création du bilan annuel de Reporters sans frontières en 1995, souligne l’ONG.
Cette hausse exceptionnelle, de l’ordre de 20% en un an (du 1er janvier au 1er décembre 2021), “est principalement le fait de trois pays”: la Birmanie, le Bélarus et la Chine, dont la loi de sécurité nationale imposée en 2020 à Hong Kong a provoqué une augmentation en flèche des détentions de journalistes dans ce territoire, pointe RSF.
“Le monde ne peut plus regarder sans rien faire.” RSF dénonce la mort de Soe Naing, 1er journaliste tué par les militaires en #Birmanie ??, tandis qu’au moins 57 de ses confrères sont actuellement derrière les barreaux. https://t.co/RHRR4SeWrR
— RSF (@RSF_inter) December 15, 2021
Un tiers de femmes détenues
Les cinq pays où le plus grand nombre de journalistes étaient détenus au 1er décembre sont la Chine (127), la Birmanie (53), le Vietnam (43), le Bélarus (32) et l’Arabie Saoudite (31). “Jamais non plus RSF n’avait recensé autant de femmes journalistes détenues”, au total 60, soit un tiers de plus qu’en 2020, déplore l’association.
Si les hommes représentent toujours l’essentiel des journalistes emprisonnés dans le monde (87,7%), le Bélarus est le pays qui a mis sous les verrous plus de femmes journalistes (17) que de confrères masculins (15).
Le régime du président bélarusse Alexandre Loukachenko, qui mène sans relâche une répression visant tout opposant, avait provoqué un tollé international fin mai avec l’arrestation du journaliste d’opposition en exil, Roman Protassevitch, en déroutant un avion de ligne à bord duquel il se trouvait.
RSF affiche en revanche une tendance positive: le nombre de journalistes et de professionnels des médias tués a atteint son niveau le plus bas en 20 ans “Cette tendance à la baisse, qui s’est accentuée depuis 2016, s’explique notamment par l’évolution des conflits régionaux (Syrie, Irak et Yémen) et la stabilisation des fronts après les années 2012 et 2016, particulièrement meurtrières”, analyse l’organisme.
Moins de tués, plus d’otages
Pour Christophe Deloire, le Covid a aussi limité “les sorties des journalistes et donc les moments où ils sont en risques”. D’autre part, “peut-être une forme d’autocensure” a conduit les journalistes à “moins aller sur des territoires dangereux”.
Néanmoins, “65% des tués sont sciemment ciblés et éliminés”, dénonce RSF. Mexique et Afghanistan demeurent encore cette année les deux pays les plus dangereux pour les journalistes, avec respectivement 7 et 6 tués, suivis du Yémen et de l’Inde en troisième place, avec 4 journalistes tués chacun.
La proportion de femmes journalistes a elle aussi augmenté, avec 4 tuées en 2021 contre 2 l’an passé. Parmi celles-ci, trois collaboratrices de médias afghans dans deux attaques revendiquées par l’organisation terroriste État islamique (EI) et une journaliste yéménite, morte dans l’explosion de sa voiture piégée.
RSF indique que “trois journalistes tués sur cinq l’ont été dans des pays qui ne sont officiellement pas en guerre”, comme l’assassinat en Grèce au printemps d’un reporter qui enquêtait sur la corruption au sein de la police ou d’un journaliste néerlandais cet été.
RSF comptabilise également au moins 65 journalistes et collaborateurs de médias retenus en otage dans le monde, soit deux de plus que l’an passé. “Tous sont otages dans trois pays du Moyen-Orient: Syrie (44 journalistes), Irak (11) et Yémen (9)”, sauf le journaliste français Olivier Dubois, retenu depuis avril au Mali, détaille RSF.
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