INCESTE – La Commission “Inceste” recommande de suspendre l’exercice de l’
autorité parentale et les droits de
visite d’un
parent poursuivi pour inceste pour “mieux protéger les enfants”, dans
son premier avis rendu ce mercredi 27 octobre.
Après avoir reçu des centaines de
témoignages de mères d’enfants victimes d’abus, la Commission indépendante sur l’inceste et les
violences sexuelles faites aux
enfants (Ciivise) formule trois
recommandations.
Retirer l’excercice de l’autorité parentale et “sécuriser” l’enfant
Dès qu’une
enquête est ouverte pour
inceste, la commission recommande de “suspendre” les poursuites pénales pour “non-représentation d’enfant” contre un
parent qui refuserait de laisser
son enfant au
parent soupçonné.
Beaucoup de
femmes sont devant ce dilemme: respecter la
loi et laisser
son enfant passer du
temps chez
son père ou bien protéger
son enfant et risquer d’être poursuivie.
La mère qui veut
protéger son enfant du père incestueux doit être protégée, pour la Ciivise.
Ensuite, si des poursuites pénales sont engagées contre un parent pour inceste, le droit de visite et d’hébergement doit être suspendu “de plein droit”, de même que “l’exercice de l’autorité parentale”. “On sécurise l’enfant”, explique à l’AFP le juge Édouard Durand, coprésident de la Ciivise.
Enfin, en cas de condamnation d’un parent pour viol ou agression sexuelle incestueux, l’exercice de l’autorité parentale doit lui être retiré automatiquement, selon la Ciivise.
“Proscrire le recours au pseudo ‘syndrome d’aliénation parentale’”
Depuis le début de ses
travaux en
mars, la Ciivise a reçu les “appels à l’aide” de centaines de mères dont l’enfant a révélé des
violences sexuelles de la part de
son père. Au lieu d’être entendues par les
institutions, elles sont suspectées de manipuler leur
enfant pour nuire à leur conjoint, le plus souvent dans le contexte d’une
séparation.
Ainsi cette mère, citée dans l’avis, qui a quitté
son mari après des
violences conjugales. À quatre ans, sa fille révèle à des professionnels de santé et de l’
Éducation nationale les
violences sexuelles qui lui inflige
son père.
La mère dépose une
plainte, classée sans suite. Un an après, la fillette refait les mêmes
révélations à sa maîtresse. À sa mère elle confie “J’ai
envie de mourir parce que c’est trop”. À la question “pourquoi?”, elle répond ”à cause de papa”. Le
juge pour
enfants confie la fillette à l’aide sociale à l’enfance. Le père a obtenu trois heures de
visite tous les quinze jours,
la mère ne peut la voir que 45 minutes, avec un médiateur.
“Une immense majorité des témoignages qui nous ont été transmis font état de ce même mécanisme: en dépit des révélations de l’enfant, ce n’est pas le père qui est mis en cause, mais la mère, accusée de manipuler son enfant”, observe la Commission.
Selon le témoignage d’une autre mère, un garçon de cinq ans dit à une psychologue: “papa m’a fait des chatouilles dans les fesses le soir, je suis triste, très très triste”. La psychologue lui répond: “c’est ta maman qui t’a dit de dire ça?”
La “suspicion systématique” des professionnels à l’égard des mères est un “obstacle majeur” à la protection des enfants victimes, selon la Commission “Inceste”. Elle “appelle l’ensemble des professionnels à proscrire le recours au pseudo ‘syndrome d’aliénation parentale’”, un concept non scientifique et controversé, qui prétend que la mère manipule l’enfant pour qu’il refuse de voir l’autre parent.
“Il faut trouver ces enfants”
Le risque n’est pas d’inventer des
violences mais de ne pas protéger des victimes, note la Ciivise, qui appelle à “croire l’enfant” et relève que “les
études scientifiques montrent que les fausses dénonciations de
maltraitance sont marginales dans un contexte de
séparation parentale”.
Chaque année, 22.000
enfants subissent des
violences sexuelles de la part de leur père, selon la Ciivise. Pourtant en
2020, seules 1697 personnes ont
été poursuivies pour
viol incestueux sur mineur ou
agressions sexuelles sur mineur.
“Il faut trouver ces enfants. On ne peut pas savoir que 22.000 enfants sont concernés et, quand on en a un sous les yeux, dire: ‘c’est pas le bon’”, commente le juge Durand. “Nous écoutons des adultes qui, à 40 ou 70 ans, expriment les souffrances que leur a causées l’inceste. Les enfants victimes, on doit les croire aujourd’hui, pas attendre qu’ils aient 40 ans”.
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