En fait, ça fait un petit moment que j’ai pas eu une grosse gueule de bois – et heureusement. Mais je crois me souvenir que j’aime pas ça du tout. Aussi, je souffre de migraines chroniques, donc si j’ai la gueule de bois, c’est en fait une gueule de bois carabinée sous stéroïdes que je me tape, vu que ces migraines agissent exactement comme un catalyseur pour une méga gueule de bois. Et comme si ça ne suffisait pas, je suis aussi difficile niveau bouffe. Oui, je suis vegan – même si ça, c’est mon choix. Il m’est donc assez difficile de trouver des repas anti-gueule de bois prêts à l’emploi. Et non, je ne ferai jamais d’exception pour un lendemain de cuite. Alors, au lieu de commander un de ces désolants et insipides burgers végé (et bien trop coûteux – 15 balles pour un burger et des frites ?) ou une pizza vegan Domino’s qui ne fait pas le taf, j’ai tenté une nouvelle expérience.
Spécialement pour tou·tes mes potes vegan (et végétarien·nes) qui en ont marre de ne pas pouvoir trouver de choses décentes à engloutir un jour de gueule de bois, je vais, avec une amie qui a aussi la gueule de bois, trouver comment rendre vegan les recettes anti-gueule de bois les plus savoureuses. Et pour bien faire les choses, je vais d’abord me bourrer la gueule pour être bien ivre. Évidemment, on n’oublie ni Bob, ni Modération.
#0 – L’apéro
Rien de mieux que de manger quelque chose avant de s’endormir. D’habitude, je vais prendre un dernier falafel chez notre bon ami King Kebab sur la Bourse, mais je me suis promis de tout cuisiner moi-même cette fois-ci – pour quelle raison encore ? Sauf que, à cause d’un certain événement survenu ce soir-là – la perte d’un smartphone contenant toutes mes cartes, oups – je n’ai mentalement pas pu aller plus loin que l’achat d’un pistolet au supermarché du métro. Mais bon, a priori, le pain est vegan, remplit l’estomac et absorbe l’alcool (ce dernier point est à prendre avec des pincettes).
#1 – Le croque-monsieur
Après un sommeil amer de 4 heures, je me réveille avec une grosse massue dans la tête, la triste idée de ne plus être joignable et une petite fringale. C’est l’heure du premier repas : les croque-monsieurs. Les croque-monsieurs, c’est la vie. À l’époque où j’étais une étudiante fauchée – maintenant je suis une freelance fauchée ; même chose, mais avec plus de responsabilités –, je mangeais souvent des croque-monsieurs dans mon kot. Avec ce faux fromage, vous savez. La machine à croque a donc été ma meilleure amie pendant très longtemps. Pour cette version, on a opté pour un peu plus de fantaisie. De nos jours, on trouve facilement toutes sortes de substituts de viande, et le jambon ne fait pas exception à la règle.
C’est donc avec des larmes de bonheur que j’avale un dafalgan, sors du lit et me dirige vers la cuisine pour manger. Mais d’abord un café. Il fait très, très chaud, alors j’opte pour un café glacé. Pour ça, j’ai combiné une dose d’expresso avec beaucoup trop de glaçons, une cuillère à café de sirop d’érable et du lait de soja. Easy.
Le croque est presque aussi simple à faire. J’ai choisi un pain brun foncé – chopez des vitamines – que j’ai coupé en tranches épaisses. Avec du beurre végétal, je tartine les deux tranches de pain d’un côté, puis je place une tranche, côté beurre, dans la poêle. Vient ensuite la garniture : une tranche de jambon et une tranche de fromage, comme dans le classique, et par-dessus, l’autre tranche de pain avec le beurre à l’extérieur.
Bilan : c’est tellement simple à faire et tellement bon. Des sandwichs gras et croustillants un dimanche tranquille. Pour moi, ce premier repas obtient une note de 7/10. Et mon associée du jour donne au café glacé un « solide 10/10 ».
#2 – L’English breakfast
Malheureusement, un seul croque ne suffit pas à remplir l’estomac. La solution facile ? En faire plusieurs. Mais aujourd’hui, je ne suis pas là pour jouer, je suis là pour l’expérience. Et l’expérience porte sur un repas classique du petit-déjeuner, le fameux « English breakfast ». C’est mon repas préféré après une soirée. J’aime bien les petits-déjeuners copieux, mais tous les éléments qui les composent ne sont pas sans souffrance animale ni impact écologique. C’est pourquoi je choisis des substituts. Pour l’œuf, on cuisine un œuf brouillé fait de tofu avec du kala namak (aussi connu sous le nom de sel de soufre). Je ne me qualifierais pas de cheffe chevronnée mais c’est un plat que je peux préparer les yeux fermés. Simple, salé et qui remplit bien l’estomac.
La préparation d’un œuf de tofu est très simple. Il suffit d’émietter le tofu dans une poêle avec de l’huile chaude et d’y ajouter du sel, du poivre, du kala namak, du curcuma et de l’ail. On fait frire le tout pendant un certain temps et, à la fin, on ajoute quelques cuillerées de lait de soja non sucré, ce qui ramollit un peu le tofu. J’ai aussi fait frire des champignons dans la poêle, des chipolatas vegan de Greenway et des galettes de chez Ikea. Pour finir, j’ai ajouté des haricots blancs à la sauce tomate. Terminez par un morceau de pain grillé et le tour est joué.
Bilan : c’est pas pour rien que je fais ce plat si souvent. Il contient tout ce qu’il faut pour un estomac de gueule de bois (du moins, si on n’a pas la nausée) : des protéines, des glucides, des pommes de terre croustillantes et cette saveur caractéristique des œufs avec la sauce tomate crémeuse. C’est le genre de repas après lequel vous vous enfoncez dans le canapé pour une belle sieste. Juste, le nettoyage qui suit n’est peut-être pas une très bonne surprise. J’attribue donc une note de 9/10. Mon assistante cuisinière, elle, a commenté : « C’est un succès à 100%. » Pas besoin d’en dire plus.
#3 – Le Spicy ramen
Je vais être honnête, à ce stade, je n’ai vraiment plus faim. Je me demande pourquoi j’ai voulu faire autant de plats. L’émission Hotel Hell de Gordon Ramsay ne m’a pas vraiment aidée à avoir plus faim non plus. Mais après avoir passé environ trois heures à regarder des chambres d’hôtel crades pendant que la sous-cheffe faisait la sieste, j’ai commencé à m’ennuyer. Il était donc temps de faire des ramens. Qui n’aime pas ingurgiter une bonne soupe pour calmer son estomac ? Si ça marche pour la grippe, pourquoi pas pour la gueule de bois ? Quelqu’un m’a dit un jour qu’il mangeait des ramen épicés quand il avait la gueule de bois, pour les « vitamines des nouilles » (???). À tester donc. Heureusement, mon niveau de sensibilité à la nourriture épicée va au-delà du « Ouch, ce tabasco est trop piquant » et je peux laisser le titre de white girl spicy à quelqu’un d’autre, ouf.
Suis-je du genre à être trop enthousiaste à chaque fois que je vais dans un supermarché asiatique ? Pire, mon copain doit me traîner dehors pour s’assurer que je ne vais pas y passer deux heures. C’est donc avec un garde-manger rempli de trucs dont j’ignore tout que je me suis mise au boulot. Les ramens classiques sont souvent préparés avec un bouillon, mais comme le bouillon de légumes me rappelle trop le goût d’un potage de légumes, j’ai préféré éviter.
Commencez par faire cuire environ 6 shiitakes séchés pendant 30 minutes dans 750 ml d’eau. Retirez les champignons et ajoutez de l’eau jusqu’à ce que vous obteniez à nouveau 750 ml. Vous pouvez maintenant ajouter de la pâte de miso selon votre goût. Pour donner plus de saveur au bouillon, je l’agrémente d’une cuillerée d’huile de sésame grillé, de sauce soja et des algues aussi. Pour relever le tout, quelques cuillères de gochujang sont également ajoutées. Magnifique. Après 10 minutes, vous pouvez choisir vos propres garnitures. Ajoutez vos nouilles, en fonction du temps de cuisson. Puis, du maïs en boîte, les shiitakes en lamelles, un peu de nori et quelques cubes de tofu.
Bilan : par ennui, j’ai passé pas mal de temps là-dessus, mais on peut en fait préparer un bol de ramen assez rapidement avec de la pâte miso et des champignons frais. Même s’il fait bien trop chaud pour des ramen épicés en ce jour. Malgré tout, ce bol nous a fait énormément de bien. Mon estomac est rempli et je ne sais pas comment je vais pouvoir survivre à deux autres repas. Certes mon mal de tête a disparu, mais je risque d’avoir à nouveau la nausée en mangeant trop. 8 sur 10.
#4 – Macaroni bacon-fromage
Il y a deux choses qui, en tant que vegan, pourraient vous manquer dans la vie : le fromage et le bacon. Mais à l’heure actuelle, le monde a tellement évolué que ce n’est plus vraiment un problème. Alors que les gourous de la santé sur Instagram essayent en vain de me convaincre qu’un morceau de tofu entre deux feuilles de papier de riz avec une bonne marinade a un goût tout aussi bon que le « vrai » bacon , je préfère opter pour la fausse merde chimique, les alternatives moins ouf. Et pour tous les haters : non, la nourriture vegan n’est pas forcément saine. Je suis fatiguée de vos commentaires, merci. Et pour le fromage, bon, il y a beaucoup de choix en fait. Certain·es optent pour le nooch – la levure noble, une sorte de poudre qui a le goût du fromage – tandis que d’autres succombent à un substitut qui ressemble plus à du beurre qu’à du fromage (il existe toute une gamme de fromages vegan, mais ce sera pour un autre jour).
Heureusement, le macaroni est un plat facile à préparer. Faites cuire vos pâtes et préparez un roux pour votre sauce au fromage. Pour que le roux soit vegan, il suffit de remplacer le beurre par du beurre végétal ou de l’huile, et le lait par du lait de soja non sucré. Vous pouvez également faire presque bouillir votre lait, mélanger 2 cuillères à soupe de farine avec de l’huile dans une autre casserole et ajouter cette préparation à votre lait. Ajoutez ensuite du fromage râpé vegan à votre roux, ainsi que du sel, du poivre, de la noix de muscade, une cuillerée de moutarde, de l’ail en poudre et une pincée de paprika fumé.
Faites frire votre bacon vegan – en lanières ou en tranches, peu importe – et ajoutez-le à la sauce. Placez le tout dans un plat qui va au four et saupoudrez de fromage. Pour une croûte croustillante, vous pouvez ajouter de la chapelure. Perso, jai été un peu plus loin et j’ai aussi ajouté des jalapeños à la sauce. Enfournez jusqu’à ce que la croûte soit bien dorée.
Bilan : Ce macaroni donne une telle claque que ça devrait presque être illégal. Et pouvoir s’enfoncer dans le canapé avec une émission choisie au hasard pendant que le four fait son travail, c’est le top. L’inconvénient ? Encore une fois, c’est trop. Mais bon, c’est à ça que servent les potes, non ? Ces pâtes juteuses pèsent pas mal sur mon estomac, ou peut-être est-ce dû à tout ce que j’ai déjà mangé aujourd’hui ? Je donne un 9 sur 10. Mais en même temps, je commence vraiment à avoir envie de légumes.
#5 – Le dessert : des cinnamon rolls
À ce moment-là, le soleil descend déjà sous l’horizon et ma sous-cheffe est prête à partager sa propre recette avec moi. On prépare donc des cinnamon rolls. Qui n’aime pas les desserts ? Hélas, nombre d’entre eux contiennent des produits d’origine animale et ne conviennent donc pas à un régime vegan. Mais les gourmets d’Internet ont trouvé une solution à ce problème. Il existe une infinité de façons de remplacer les œufs, le lait et le beurre (ces deux derniers étant plus simples à substituer). Je m’étais déjà aventurée dans la préparation de cinnamon rolls, mais j’ai échoué à chaque tentative. Alors peut-être que ma tête dans le cul est la condition idéale pour une première petite victoire ?
Après avoir traîné dans le canapé pendant des heures et nettoyé ma cuisine entre chaque séance de cuisson, je suis à bout. Est-ce le manque de sommeil ou le fait d’avoir autant regardé l’écran qui m’a redonné un mal de crâne ? Je m’en remets à l’univers. La nouvelle cheffe passe tendrement ses mains dans la pâte des roulés à la cannelle, à la suédoise. Dans un bol, elle mélange beaucoup de farine, un peu de sucre, un peu de levure et un peu plus de beurre – sans mentir, à ce stade, je suis trop crevée pour savoir combien elle a pesé quoi – avec de la cardamome et commence à pétrir. Cette pâte doit reposer pendant une heure. Pendant ce temps, elle hache du beurre dans un autre bol, ainsi que de la cassonade et de la cannelle. Quand la pâte est prête à cuire, elle étale le sucre roux sur la pâte et l’enroule très joliment. Ensuite, elle coupe les rouleaux en tranches fines et la pâte peut reposer pendant encore 15 minutes, puis elle va au four pendant 15 autres minutes.
Parce qu’à ce stade, j’ai très envie de sucré, on décide de recouvrir les petits pains à la cannelle d’un glaçage à base de sucre glace et d’eau. Et, Seigneur, comme c’est merveilleux.
Bilan : En toute honnêteté, j’ai presque rien fait pour cette recette. Pourtant, ça m’a semblé être une quantité de travail monstre. Maintenant que j’en ai pour une semaine de roulés à la cannelle sur ma table de cuisine, je comprends pourquoi. L’aurais-je fait seule ? J’en doute. Mais le goût en vaut la peine. Ces rolls ont très vite disparu dans les tréfonds de nos estomacs, ce qui leur vaut un beau 8 sur 10.
Conclusion
En repensant à mon expérience, j’avoue être très surprise de mes capacités, alors que j’ai eu moins de 4 heures de sommeil. Peut-être avais-je besoin de me concentrer sur autre chose que mon téléphone perdu – j’ai mentionné que toutes mes cartes s’y trouvaient ? Ce marathon culinaire et alimentaire a réussi cette mission. J’espère de mon côté avoir réussi à prouver que même les plus – et parfois moins – grosses gueules de bois peuvent être complètement vegan. Je ne veux donc plus entendre d’excuses selon lesquelles il est difficile de manger vegan. Allez vous plaindre ailleurs.
Cela dit, je pense que ce que vous pouvez ou ne pouvez pas faire dépend entièrement de votre état physique. Moi, je suis plus encline à me contenter d’un petit-déjeuner à base d’œufs de tofu ou de croques, et je préfère laisser la pâtisserie pour les jours où tous mes sens sont en éveil. En plus, ce ne sont pas des choses très saines à manger, et je crois qu’il serait plus judicieux de manger quelque chose de plus vert après une surdose de gras, juste pour donner un peu de repos à l’estomac.
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