Et pour clore cette ère Daniel Craig, les scénaristes Neal Purvis et
Robert Wade, rejoints par Phoebe Waller-Bridge, ont imaginé une fin surprenante. Le HuffPost a recueilli l’avis de Guillaume Evin, “bondologue” et auteur de nombreux ouvrages consacrés à la saga James Bond, mais aussi les réactions de nombreux fans sur les réseaux sociaux.
Si vous n’avez pas encore vu le film et préférez garder la surprise de l’intrigue et du dénouement, on vous conseille d’arrêter votre lecture là et de parcourir plutôt notre article garanti sans spoiler: Le James Bond de “Mourir peut attendre” ressemble-t-il encore au héros d’Ian Fleming? Car ce qui suit ci-dessous contient des révélations sur l’issue de Mourir peut attendre.
ATTENTION SPOILERS
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Alors, c’est parti pour le divulgâchis.
“Jamais on n’avait fait ça à James Bond!”
Dans le long-métrage de 2h45, Daniel Craig alias James Bond est tiré de sa douce retraite en Jamaïque pour affronter ses meilleurs ennemis: Blofeld (Christoph Waltz), le chef de l’organisation criminelle Spectre et surtout Safin (Rami Malek) détenant de redoutables armes technologiques…
Si le James Bond retraité est plus en pantalon-baskets qu’en smoking, les incontournables du genre semblent bien là: courses-poursuites spectaculaires à moto ou en Aston Martin, fusillades nourries, gadgets et paysages grandioses, de la Norvège à la Jamaïque et dans le sud de l’Italie. Mais ce Mourir peut attendre montre aussi un espion plus humain et faillible que jamais, profondément amoureux de Madeleine Swann (Léa Seydoux) depuis Spectre.
Tellement faillible que James Bond finit par mourir… Voilà, c’est dit. Pour la première fois de toute l’histoire du personnage créé en 1953 sous la plume de Ian Fleming et qui a donné lieu à 25 films sans compter les “non officiels”, l’équipe derrière Mourir peut attendre a osé tuer son héros. Après une longue dernière partie du film qui se déroule dans l’ancien bunker transformé en base secrète du méchant Safin, James Bond fait des adieux larmoyants à Madeleine Swann et leur fille avant de se sacrifier sous les missiles de son propre pays.
“Jamais on n’avait fait ça!”, réagit pour Le HuffPost Guillaume Evin, spécialiste français de James Bond. “Il y a eu en tout 6 interprètes dans le costume de James Bond et donc 5 transitions d’acteurs et ça s’est toujours bien déroulé”. Même dans ses livres, Ian Fleming n’était jamais allé aussi loin. Si le père littéraire de 007 avait été à un moment “lassé de l’emprise qu’avait son héros de fiction sur sa vie”, il l’avait laissé pour mort à la fin de Bons baisers de Russie… “avant de le ressusciter au roman suivant, en lui administrant un antidote, sous la pression de son éditeur”.
“Ils ont voulu frapper fort, mais ils ont frappé trop fort”, souffle l’auteur de Bond, la légende en 25 films. Pour lui, faire mourir James Bond “c’est sacrilège”. “Cette mort de 007, avec une notion sacrificielle, ce n’est vraiment pas possible! Bond est téméraire, mais pas suicidaire. Ils se sont trop éloignés du personnage, c’est dommage.”
À la sortie de la projection du film à laquelle il assistait – et qui n’était pas la même que la nôtre – Guillaume Evin estime que “80 à 90% des gens étaient déçus, scotchés, voire carrément en colère”. Ce mercredi 6 octobre au matin, les premières réactions de certains fans sur Twitter semblent aller dans le même sens.
“Minable! Heureux que Sean Connery soit mort avant d’assister à une telle mascarade! Comment peut-on se permettre autant de liberté avec ce monument de la culture cinématographique et littéraire?”, écrit un internaute. “J’en sors et c’est un total non sur la fin pour rester polie”, rétorque une jeune femme. Pour d’autres, la fin est simplement “ratée” voire “le pire poignard aux Bond fan depuis l’arrivée d’un James Bond blond” – en référence aux critiques qui avaient suivi le choix de Daniel Craig dans ce rôle.
C’était vraiment bien jusqu’à ce qu’on voit la fin. C’est le pire poignard aux Bond fan depuis l’arrivée d’un James Bond blond. LE PIRE #MourirPeutAttendre
— BJ (@DePuyGreffier) October 6, 2021
Dernier James Bond en avant-première.
Difficile de savoir si la fin est plus ratée que le jeu de Léa Seydoux – ou si c’est l’inverse.
Pas de regret de voir partir Craig, excellent acteur par ailleurs, dans ce rôle où il n’a jamais su être crédible— Tchifto (@XavierLapdecab) October 5, 2021
J’en sors et c’est un total non sur la fin pour rester polie
— isabelle_werle (@isabelle_werle) October 5, 2021
Un “sortie grandiose” pour Daniel Craig
Si les “bondophiles historiques” mettront du temps à digérer cette ultime scène, d’autres seront sans doute agréablement surpris par cette fin osée qui a le mérite de nous cueillir de façon complètement inattendue. Et de marquer durablement la sortie de l’ère Craig. “Ils ont donné une sortie grandiose et émouvante à Daniel Craig”, analyse Guillaume Evin, ”ça finit le cycle en beauté pour lui, mais c’est presque un péché d’orgueil. Il n’était vraiment pas utile de le tuer.”
Au final, l’avis du “bondologue” est sans appel: “Je pense que c’est un bon thriller, mais un mauvais Bond. En voulant casser les codes, ils ont un peu cassé le jouet.” Reste maintenant à prendre son mal en patience pour savoir comment et avec qui la saga se poursuivra, car un petit message à la toute fin du générique l’assure: “James Bond reviendra”.
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