Les calamars n’ont pas été mis en orbite pour satisfaire une fringale d’astronaute mais bien pour répondre à un besoin scientifique. Une fois sortis du cargo Dragon, ils participeront à une étude approfondie des effets d’un séjour prolongé en apesanteur sur leur organisme. Proche de la seiche, l’euprymna scolopes choisie pour cette expérience possède un système immunitaire similaire au nôtre et les conclusions que les chercheurs espèrent en tirer pourraient façonner le futur des vols spatiaux.
« Les animaux – notamment les humains – ont des systèmes digestif et immunitaire qui reposent sur l’activité des microbes », explique Jamie Foster, chercheuse au sein d’UMAMI, à NPR. « Et nous ne savons pas encore si les voyages dans l’espace détériorent ses interactions jusque-là bénéfiques. » Dans la vie de tous les jours, les jeunes céphalopodes interagissent avec une bactérie, vibrio fischeri, qui leur permet d’émettre une lumière, de faire disparaître leur ombre caractéristique et de choper plus facilement leurs proies. Sur l’ISS, ce mutualisme sera donc observé sous toutes les coutures.
Ce n’est même pas la première fois que des calamars sont envoyés dans l’espace à des fins scientifiques. En 2011 déjà, Jamie Foster avait tenté de répondre à la question : « Est-ce que les bonnes bactéries deviennent mauvaises en orbite ? ». À l’époque, des changements de comportements avaient par exemple été notés chez la salmonelle ou l’escherichia coli, devenues plus agressives après un séjour spatial.
Quant aux tardigrades, compagnons de voyage des calamars, ils sont potentiellement indestructibles et peuvent survivre dans des conditions qui seraient fatales pour beaucoup d’autres êtres vivants – température extrême, pression ou radiation. Ce qui en fait techniquement le cobaye idéal pour la NASA. « Une des choses que nous cherchons à faire c’est comprendre comment les tardigrades s’en sortent et se reproduisent dans ce genre d’environnement », confiait Thomas Boothby au Smithsonian Magazine. Et le directeur de l’étude menée sur l’ISS, spécialiste en biologie moléculaire de l’université du Wyoming, de s’interroger : « Les voyages spatiaux sont particulièrement éprouvants pour les organismes. Peut-on apprendre de leur façon de s’adapter pour protéger les astronautes ? »
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