Écrit et réalisé Bruno PODALYDÈS – France 2024 1h36mn – avec Sandrine Kiberlain, Daniel Auteuil, Denis Podalydès, Bruno Podalydès, Florence Muller, Isabelle Candelier, Jean-Noël Brouté, Dimitri Doré…

Du 26/06/24 au 16/07/24

LA PETITE VADROUILLEAvec cette Petite vadrouille, Bruno Podalydès nous embarque dans une échappée-belle bucolique dont il est le capitaine d’un bout à l’autre. Capitaine de sa petite troupe d’actrices et acteurs mais surtout capitaine de la Pénichette, au bord de laquelle se déroule pratiquement tout le film. L’embarcation va être le théâtre des opérations, les coulisses de la mise en place d’une arnaque qui doit permettre à une bande de potes pas mal branquignols de se refaire financièrement…

Quand le patron de Justine (la cheffe de la bande, une Sandrine Kiberlain magistrale) lui demande de lui organiser un petit week-end romantique et insolite avec la femme qu’il souhaite conquérir, notre héroïne se dit qu’un gros coup est possible. Car ledit patron, Franck (Daniel Auteuil, nouveau venu dans la petite troupe de Podalydès et qui semble s’amuser comme un gamin), est prêt à dépenser la modique somme de quatorze mille euros pour arriver à ses fins. Lorsque Justine en parle à son mari Albin (Denis, l’aîné des Podalydès), tous deux voient là l’occasion inespérée de se faire de l’argent facile, en escroquant gentiment le patron énamouré
On décide donc d’organiser le week-end insolite sur une petite péniche que Jocelyn (Bruno, l’autre Podalydès, superbe capitaine-cinéaste) doit rapatrier via canaux et écluses suite à une tentative de vol de pédalo disons-le médiocre, bien qu’astucieusement tentée, dans un parc aquatique.
Le scénario, destiné à faire cracher l’amoureux dépensier, est minutieusement élaboré. Chaque membre de la joyeuse bande a son rôle bien défini : la planificatrice du week-end, l’organisateur des activités récréatives, le capitaine de la Pénichette, trio auquel viendront s’ajouter le mousse zélé, la serveuse haut-de-gamme hypnotiseuse à ses heures perdues, un éclusier à multiples visages, plus une comparse tantôt gitane tantôt critique d’art vendeuse de tableaux… C’est parti, que le spectacle commence ! On vous laisse embarquer sur la Pénichette, poser le pied dans le burlesque de cette petite vadrouille.

Tout doucement, un petit coup de barre à bâbord ou à tribord va vous mener sur des canaux inattendus, il suffit de vous laisser dériver, sans vouloir appuyer sur le champignon, surtout pas !
Comme toujours chez Podalydès on est dans la comédie douce-amère, c’est finement écrit, on sourit, on rit, ça questionne aussi. On est dans une certaine nostalgie, une légèreté profonde teintée de mélancolie, une naïveté assumée qui est la marque de la poésie Podalydès. Il semble qu’avec ce nouveau film (dont il a eu l’idée il y a plus de vingt ans !), il a trouvé un véritable plaisir à ne pas se soucier d’une quelconque vraisemblance, à voguer pied au plancher sans jamais dépasser les 5 nœuds ! « C’était drôle d’y aller à fond, en appuyant sur les accents, tous ces trucs très enfantins, pousser le bouchon quoi ! J’avais envie que le film soit gai. » Pari réussi, on sort de la projection heureux, rassasiés d’une satisfaction toute simple dont on a plus vraiment l’habitude. On redécouvre le plaisir de l’inattendu, des petites bifurcations, des chemins de traverse. Les films de Podalydès, c’est le bonheur à chaque fois renouvelé du « slow and quiet » opposé au « fast and furious » que le cinéma déverse de plus en plus souvent sur les écrans. Un éloge de la lenteur qui nous comble !

PS : un petit « switch » se produit au bout de la première demi-heure du film, préservez en la surprise pour celles et ceux qui ne l’ont pas encore vu. Bruno Podalydès y tient beaucoup !

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