Si le premier épisode démarre par l’accession au pouvoir de la glaçante Margaret Thatcher, jouée ici par Gillian Anderson, il marque aussi (et surtout) l’arrivée d’un personnage des plus attendus: Diana Spencer, la future princesse de Galles.
Coquette, amusante, insouciante. Des prémices de sa rencontre avec le prince Charles au mariage, en passant par ses troubles boulimiques, les difficultés dans son couple, sa médiatisation et les contraintes de la vie à la cour: les quelques épisodes qui lui sont consacrés laissent à voir une personnalité complexe, en pleine évolution jusqu’en 1990, date à laquelle prend fin la saison.
Une évolution qui s’observe dans les mots et les émotions transmises par l’actrice qui l’incarne, Emma Corrin. Mais aussi, dans les vêtements arborés par la comédienne de 24 ans. “Je pense que l’apparence de Diana dans cette saison illustre son parcours”, confirme Amy Roberts, la responsable des costumes à CNN.
“Déguisée” en princesse
Qualifiée d’icône de la mode par la presse internationale depuis plusieurs décennies, il n’en a pas été toujours ainsi. La jeune fille qu’on découvre dans les premiers épisodes ne s’intéresse pas particulièrement à son style. Elle porte de longues jupes à volants. Ses chaussures sont plates et usées. Ses pulls, détendus.
Pour Le HuffPost, la spécialiste se souvient: “Durant tout une époque, on a eu l’impression de la voir ‘déguisée’ en princesse. Elle portait tout un tas de chapeaux complètement fous. Comme beaucoup des membres de la famille royale, elle faisait le total look monochrome.” Un détail que “The Crown” n’a pas manqué de rappeler.
Là, “nous voyons encore une jeune femme habillée de robes en soie à gros cols et de robes de soirée chatoyantes”, souligne Amy Roberts, toujours sur CNN. Du rose, du bleu, du turquoise. Des couleurs “optimistes qui dissimulent son profond malheur”, explique cette dernière. Ce, tout en restant dans les clous, dans les codes établis par la couronne.
Le noir devient un élément de son vestiaire, ailleurs qu’à des obsèques. Une démarche audacieuse, selon Sophie Fontanel, qui rappelle que dans les milieux chics, c’est une couleur méprisée car, synonyme de facilité, elle “montre qu’on n’y connaît rien” en matière de style. “Quand on ne s’habille pas selon la codification de son milieu, il faut beaucoup de courage, concède-t-elle. On vous regarde comme si vous dégagiez une odeur pestilentielle.”
Aux manettes de son apparence
De passage à New York en 1989, Diana rend visite, seule, à des patients atteints du VIH. Parmi eux, des enfants, dont un jeune garçon de 7 ans qu’elle prend dans ses bras. Si de toute évidence la scène n’aurait pas eu le même effet à l’heure actuelle compte tenu des connaissances dont nous disposons sur le virus désormais, le geste, à l’époque, fait beaucoup de bruit.
En cause, aussi, l’absence… de gants. À la fin des années 1980, Diana se joue du protocole royal “pour être plus proche des gens”, renseigne à l’AFP Eleri Lynn, commissaire d’une exposition dédiée aux tenus de la princesse, au palais de Kensington en 2017.
Elle maitrise son apparence. “Elle est passée de quelqu’un qui ne s’y connaît pas, à quelqu’un qui va entièrement démoder l’aspect physique des femmes de la couronne”, soutient Sophie Fontanel. D’abord manipulée et rejetée par les autres membres de la famille, Diana perçoit désormais tout ce que ses vêtements peuvent illustrer.
Une icône, une “héroïne”
La mode s’en souvient. Plus de deux décennies après sa disparition, l’influence de la princesse n’a jamais été aussi présente que ses dernières années. En 2016, une ligne en hommage à la princesse a été commercialisée sur ASOS. Demna Gvasalia a fait de certains de ses vêtements, comme une doudoune rouge surdimensionnée de la jeune femme, un manteau phare d’une collection Balenciaga. Rihanna, aperçue avec un tee-shirt recouvert du visage de Lady Di, a dit d’elle, en 2013, qu’elle était “une gangsta dans ses fringues”.
La casquette de base-ball, le jogging en ballerines ou mocassins, le sweat-shirt décoloré façon tie and die. Comme nous l’explique Sophie Fontanel, les looks de Diana Spencer au tournant des années 1990 sont à la mode d’aujourd’hui. Preuve à l’appui, le défilé printemps-été 2021 de Céline.
Elle n’est pas qu’une simple précurseuse, elle en est une égérie défunte. Les créateurs “cherchent des icônes, concède la journaliste. Nous n’en avons pas tant que ça à cette époque.” D’une, elle en fait partie. De deux, “c’est une héroïne”, poursuit-elle.
Elle quitte son mari, héritier au trône d’Angleterre qui la trompe avant même l’officialisation de leur mariage. Elle souffre. Elle est adorée du public et connaît un destin tragique, poursuivie par les paparazzis. Et si, finalement, c’était à elle que revenait la couronne? L’émancipation de Diana étant enclenchée dans “The Crown”, l’icône de mode qu’elle a été devrait être confirmée… dans la prochaine saison.
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