Roberta vit près de Cuneo, à 80 kilomètres au sud-ouest de Turin, sur l’alpage de Valanghe Marmora, au cœur de la vallée de Maira. Elle se réveille tous les jours entre 5 et 6 heures du matin. « En fonction de mon humeur ou des besoins de mon corps, je prends un petit-déjeuner sucré ou salé, dit-elle. Les confitures, les gâteaux, le beurre : tous nos produits sont faits maison. »
Avant de manger, Roberta prend quelques secondes pour réciter silencieusement le bénédicité. Puis, elle se dirige vers les écuries pour prendre des nouvelles de « ses filles », comme elle aime appeler ses vaches. Elle les trait manuellement deux fois par jour, toujours en plein air. Ses tâches quotidiennes comprennent également le nettoyage et les soins aux veaux, mais tout dépend des saisons.
Les mois d’été, par exemple, sont consacrés à la fabrication de fromage et d’autres produits laitiers. Roberta les vend à une clientèle fidèle qui comprend des restaurants et d’autres fermes, ainsi qu’à quelques touristes. Son magasin est situé près des pâturages d’été, à environ 2 000 mètres d’altitude, là où les vaches paissent et où elle fabrique son fromage.
La famille produit du beurre, des yaourts, du fromage bleu, du robiola et d’autres fromages, mais son produit phare est le Nostrale d’Alpe, un fromage fabriqué avec du lait cru et entier de vaches piémontaises. D’une manière générale, le fromage peut être fabriqué avec du lait cru ou du lait pasteurisé, c’est-à-dire du lait chauffé pour tuer les bactéries avant le processus de fabrication du fromage. Le fromage au lait cru, ou non pasteurisé, est généralement plus savoureux car il préserve tous les arômes des herbes alpines que les vaches broutent.
« J’aime bien faire des expériences pendant l’été, dit Roberta. Mais je n’essaie jamais de faire plus de cinq ou six types de fromages. Je veux préserver notre qualité et notre savoir-faire. » Il y a quelques années, elle a créé un compte Instagram pour partager des photos de son quotidien idyllique avec ses animaux, dans l’espoir de convaincre les nouvelles générations de perpétuer ces traditions. Elle se dit sceptique quant aux résultats : « Les gens sont fatigués de leur travail et de leur vie stressante, alors ils se tournent vers la nature, presque comme si c’était un remède. Mais ensuite, il faut voir s’ils arrivent à suivre le rythme de cette vie. »
Roberta n’y va pas par quatre chemins : l’élevage de bétail, c’est un travail difficile. « Cela demande de l’engagement tous les jours de l’année, dit-elle. Il faut avoir le bon esprit et le bon tempérament pour y arriver. »
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